Oui, bien sur, le rachat de terres par des Pieds noirs qui les cultivaient de façon plus "industrielle" en employant une main d'oeuvre... d'immigrés maghrébins etc représentait une concurrence désagréablement vécue par les paysans corses. Sans compter l'arrogance de certains de ces riches propriétaires pieds noirs. D'ailleurs, à l'époque des frères Simeoni (reconvertis depuis dans le nationalisme soft), qui avaient tué deux gendarmes, l'affaire avait commencé par l'occupation d'une ferme appartenant à un pied noir. On peut noter à ce sujet que l'Etat avait fait preuve d'une indulgence exceptionnelle vis à vis des meurtriers de gendarmes.
Il suffit de comparer avec le sort des anciens d'Action Directe...
Mais tout ça ne fait pas de la Corse un Etat colonial, et du combat des nationalistes une lutte de libération nationale. D'une part, la majorité des des Corses ne souhaite certainement pas l'indépendance, et même la majorité des nationalistes ne veut pas l'indépendance non plus, seulement plus de pouvoir - et de prébendes - pour eux. Ils sont tous bien conscients à part quelques cinglés qu'une Corse indépendante, ça donnerait... un Etat des Caraibes du genre Saint Domingue sous la dictature de Trujillo. Et que l'économie corse qui vit très largement des subventions de l'Etat français ne serait guère prospère.
La Corse ne présente aucune des caractéristiques d'un Etat colonial. Il n'y a pas d'oppressions des Corses, pas de discrimination à l'encontre des Corses, bien au contraire ! Ce sont des nationalistes corses qui bien souvent contraignent au départ des métropolitains - fonctionnaires, commerçants etc - venus s'installer en Corse. Ou plus exactement, sous le prétexte du nationalisme, ils veulent éliminer des concurrents ou prendre leur place. En revanche, en France, il n'y a aucune discrimination à l'encontre des Corses : on trouve des Corses à de hauts postes dans tous les milieux : armée, politique (Pasqua) etc.
De plus les nationalistes, qui prétendaient au départ combattre le système clanique traditionnel des vieux politiciens genre Rocca Serra, se sont complétement fondus dans des clans mafieux et ont reconstitué à leur manière un autre système de clans, pas meilleur que l'autre. Nombre de leurs dirigeants, dont Talamoni et les Simeoni, sont ou ont été d'extrême-droite.
De près ou de loin, nous n'avons vraiment rien à voir avec ces gens-là.