Vieilles histoires

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par pelon » 10 Fév 2008, 18:45

Ce n'est pas parce que l'on n'écrit pas que l'on ne lit pas. En fait Palacios ne fait que des critiques mineures à la politique du PCR. Il existe de nombreuses périodes historiques où on peut mener une politique juste sans succès. Il faut que les masses se mettent en mouvement ou soit prêtes à le faire. Mais c'était de toute évidence la situation du Chili au début des années 70. Alors, la taille du PCR était au départ un handicap mais il pouvait peut-être se développer autrement. Il existe des périodes où des organisations révolutionnaires se développent très vite (et pas seulement en Russie en 1905 ou 1917). Qu'en penses-tu ?
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Message par Vérié » 10 Fév 2008, 19:49

Il est en effet difficile de porter un jugement sur la politique du PCR sans en savoir davantage. Tu ne dis rien par exemple sur ses positions de principe par rapport à l'UP. Comment définissait-il l'UP ? Le pouvoir d'Allende ? Quelle politique pratiquait-il par rapport à Allende et aux autres organisations socialistes et "communistes" ?

Tu nous dis que le PCR est sorti quasiment intact de la répression. Cela signifie quoi ? Qu'il utilisait des méthodes de clandestinité particulièrement rigoureuses ? Qu'il était moins visé par la répression que d'autres partis qui vaient choisi la lutte armée ?

Quelques questions :
-Qu'est-devenu ce parti ?
-Quelles positions a-t-il prises au moment du développement des FPMR ?
-Pourquoi a-t-il disparu ?

Force est en effet de constater que le seul parti qui a survécu à la répression pendant toute la dictature est le PC, puis son aile armée dissidente les FPMR. Ce qui indique que ce parti avait une structure solide avec des militants particulièreme,t dévoués et expérimentés, en dépit de sa ligne politique catastrophique.

En ce qui concerne, les partis maoistes. Sans vouloir généraliser hâtivement, constatons qu'ils ont pratiquement tous disparus avec le bouleversement de la situation en Chine. (Je laisse de coté les maoistes du tiers-monde, genre naxalistes, qui représentent tout autre chose politiquement et socialement que les PCML urbains des pays développés ou semi développés.)

Le socle théorique, très faible, de ces PCML ne leur permettait pas d'aborder ces bouleversements. Beaucoup de ces PCML, comme le PCMLF en France, se sont contentés d'adopter une politique "troisième période", c'est à dire la politique stalinienne "classe contre classe" qu'ils confondaient avec une politique révolutionnaire. Dans ces conditions, on voit mal comment ils auraient pu mener une politique juste - même si, bien évidemment, le PCR ne porte pas la responsabilité de la défaite du mouvementn ouvrier au Chili.

Au travers des extraits que tu cites, on a l'impression que cet ex-dirigeant ne critique que quelques aspects tactiques de la politique de son parti et ne remet pas du tout en cause ses bases théoriques staliniennes. On ne peut pas aller très loin ainsi. Tu dis par ailleurs qu'il est devenu anar. C'est bien le même ou ai-je mal compris ? S'il est devenu anar, je ne pense pas non plus qu'il ait la possibilité d'avoir une vision très claire de la situation. Il a changé un prisme pour un autre, mais pas plus performant pour comprendre ces événements.
__
PS Ne pense pas que ces critiques signifient que je méprise si peu que ce soit l'engagement et les sacrifices des camarades du PCR !
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Message par Jacquemart » 10 Fév 2008, 22:38

a écrit :C'est plus long que d'habitude, mais ...

...mais c'est très intéressant. ;)
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Message par Vérié » 11 Fév 2008, 08:35

(El convidado de piedra @ dimanche 10 février 2008 à 22:31 a écrit :
2000 militants bien armés et avec un plan minime auraient donné le temps aux masses pour se joindre à la lutte et avraient permis à des soldats et sous officers de passer du bon coté.


On ne refait pas l'histoire, mais ça me parait vraiment douteux. Car, pour que les masses se joignent à la lutte et que les soldats retournent leurs armes, il aurait fallu qu'ils y soient préparés politiquement et organisationnellement. Or toute la politique d'Allende, du PS et du PC a été de les désarmer...

Sur la disparition des deux courants du PCR, tu confirmes ce que je disais sur l'incapacité des partis à ML à survivre aux bouleversements survenus en Chine.

La dernière fois que j'ai été au Chili, j'ai assisté à une fête de la gauche dans un parc dont j'ai oublié le nom. Il y avait des stands de tous les partis, même les plus minuscules. Dont deux ou trois stands maoistes, parmi lesquels des pro-albanais.
Ils continuaient à tenir un discours qu'on entendait en France... au début des années 70. C'était assez pitoyable. Il n'y avait aucun groupe trotskyste présent.


Sinon, es-tu sur que le PCR était aussi gros que les organisation trotskystes en France aujourd'hui ? Parce que 2000 militants, à l'échelle du Chili, c'est tout de meme très important.
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Message par Puig Antich » 11 Fév 2008, 14:41

a écrit :...mais c'est très intéressant.


:yes:
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Message par pelon » 11 Fév 2008, 20:33

(Vérié @ lundi 11 février 2008 à 07:35 a écrit :
(El convidado de piedra @ dimanche 10 février 2008 à 22:31 a écrit :
2000 militants bien armés et avec un plan minime auraient donné le temps aux masses pour se joindre à la lutte et avraient permis à des soldats et sous officers de passer du bon coté.


On ne refait pas l'histoire, mais ça me parait vraiment douteux. Car, pour que les masses se joignent à la lutte et que les soldats retournent leurs armes, il aurait fallu qu'ils y soient préparés politiquement et organisationnellement. Or toute la politique d'Allende, du PS et du PC a été de les désarmer...


On ne peut pas refaire l'Histoire, plus précisément savoir comment elle aurait tourné avec des points de départ différents. On peut douter que 2000 militants bien armés en septembre 1973 aient pu suffire. Mais la même force, un an avant, armée aussi d'une politique juste aurait pu, dans l'année décisive créer un rapport de force tout à fait différent. Bien entendu, j'ai en tête le parti bolchévik entre février et octobre 1917. Mais pour cela, les masses suivant l'UP, il aurait fallu ne pas apparaître comme les ennemis d'Allende mais comme une alternative nécessaire contre le retour de la réaction. La popularité de l'UP on ne pouvait l'atteindre an braillant des slogans. Il n'y a pas de raccourcis pour la prise de conscience. Par contre on pouvait peut-être intéresser ceux qui craignaient un coup de la réaction et obtenir une oreille attentive d'une partie des milieux populaires. Pour le reste il y avait une course de vitesse et ce n'était pas gagné. Mais rien n'est pire qu'une défaite sans bataille. (Tout cela est vu de loin et peut-être complètement à côté de la plaque, Caupo nous donnera son avis).
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