Les rapports entre la LCR et LO

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par com_71 » 28 Fév 2008, 20:53

(Zelda @ mercredi 27 février 2008 à 23:07 a écrit : Sur le sujet de ce fil :
Dans la lutte de classe de mars, n°111 :
a écrit :
Documents - un échange de correspondance entre LO et la LCR

[...]

Nouvelle lettre de la LCR à LO :

a écrit :Réponse de la LCR à LO

Montreuil, le 22 février 2008

Cher(e)s camarades,

Sans doute ne manquerez-vous pas de vous étonner d’une réponse aussi rapide de notre part à votre courrier du 14 février mais votre orientation politique sur la question des municipales, la crise politique, les luttes actuelles nous semblent justifier une réelle discussion entre nos deux organisations. Les enjeux sont d’importance. Notre lettre précédente n’avait pas d’autre objectif que de vous rappeler notre disponibilité pour constituer, avec vous, des listes unitaires, ouvertes, pour les municipales. Vous confirmez votre refus déjà confirmé dans les faits, et par vos nouvelles alliances, en invoquant un seul et unique argument : « nous ne voulons ni participer ni paraître associés à la construction du parti que vous envisagez ni cautionner les bases sur lesquelles vous voulez le construire ». Vous consacrez deux pages à des citations pour prouver que nous associons « la construction » de nos listes et notre « campagne avec le projet de construction de ce parti ». Nul besoin de faire tant de citations, nous en convenons. Bien évidemment, la LCR défend son orientation y compris pendant la campagne des municipales. Est-ce à dire que nos partenaires, car plus de la moitié de nos listes sont des listes unitaires, cautionnent, approuvent ou appuient la démarche définie dans les thèses de notre congrès ? Non, bien évidemment. Nous avons toujours expliqué que nous ne faisions pas de la question du nouveau parti une condition pour des listes unitaires. Par contre, nos partenaires ne nous demandent pas de taire nos positions. Nous avons fait accord aux municipales sur la base d’une plate-forme politique dans le respect des divergences. C’est un débat ouvert, public. Si vous aviez fait des listes unitaires avec nous, vous auriez eu la pleine liberté et possibilité, est-il besoin de le dire, de défendre la conception du parti qui est la vôtre. L’unité entre nous, une unité ouverte sur les autres courants politiques locaux et nationaux, se situant en rupture et en totale indépendance avec le parti socialiste et la politique d’union de la gauche, ne vous aurait nullement associés à une orientation que vous ne partagez pas, à condition bien sûr que vous acceptiez le débat démocratique et public. Nous pouvions unir nos forces dans le respect des différences. A notre sens, votre participation à des listes d’union de la gauche dans le cadre d’un front électoral va à l’encontre des nécessités et possibilités du moment. Pour ne pas « cautionner » notre politique vous préférez « cautionner » celle du PS ou du PC ! D’ailleurs, dans les trop rares cas où vous avez fait des listes avec nous, pensez-vous avoir plus servi de point d’appui à notre orientation qu’à la vôtre ? Avec le PC, comme à Vigneux, ou avec des militants du PC, comme à Alfortville, ces listes sont-elles uniquement « un point d’appui pour que naisse, enfin, la force anticapitaliste dont le monde du travail a tant besoin » pour reprendre une des citations que vous faites ? Vous ont-elles empêché de défendre votre propre orientation ? Comment ne pas évoquer le sectarisme à propos de votre attitude quand on lit vos arguments qui définissent nos divergences sur la question du parti. « Vous ne renoncez pas seulement à vous réclamer d’un nom, vous renoncez aussi à toutes les analyses, à toutes les positions que Trotski a pu faire et prendre entre 1924 et 1940 », écrivez vous après nous avoir reproché de renoncer aussi à Marx, Lénine…Votre profession de foi d’orthodoxie a quelque chose de dérisoire quand on sait toutes les interprétations voire les caricatures auxquelles la pensée des révolutionnaires a donné lieu. Non seulement nous ne renonçons à rien mais nous avons même l’ambition de repenser l’ensemble des acquis du mouvement ouvrier et révolutionnaire à la lumière de nos tâches nouvelles, de l’évolution du capitalisme, des luttes de classes. Vous le dites vous mêmes, le trotskisme a donné lieu à bien des interprétations. Peut-être serait-il d’ailleurs utile de relire la critique de Trostky des fronts électoraux avec les réformistes ce qui sûrement nourrirait votre réflexion sur vos alliances avec un parti qui a renoncé à être réformiste, ou plutôt qui est devenu un parti des réformes libérales. Revenant sur vos divergences avec nous à propos du parti, Arlette Laguiller déclarait sur France 2, après s’être félicitée des 60 listes d’union de la gauche auxquelles vous participez : « A mon avis ce sera un parti réformiste radical qui pourra sans doute jouer un rôle. Tant mieux et je regarde ça avec sympathie mais ce n’est pas le type de parti que l’on veut construire". C’est une opinion mais qui n’est guère conforme à ce que notre congrès a décidé. Vu le nombre de citations que vous faites de nos propres textes, vous n’êtes pas sans avoir lu l’adresse adoptée très largement par notre congrès. Mais peut-être vous a-t-elle échappé ? Il y est dit clairement : « Nous sommes nombreuses et nombreux à vouloir cet outil : un parti utile aux mobilisations d’aujourd’hui. Un parti pour préparer un changement radical, révolutionnaire de la société c’est-à-dire la fin du capitalisme, de la propriété privée des principaux moyens de production, du pillage de la planète et de la destruction de la nature ». Bien sûr, ce ne sont que des écrits qui, par eux-mêmes, ne peuvent suffire... Certes, mais, camarades, cette polémique publique qui caricature notre politique n’est pas très... sympathique ? Et comment ne pas évoquer l’opportunisme quand on lit vos arguments pour justifier que vous militiez pour des listes d’union de la gauche. « Vous nous reprochez, écrivez-vous, d’accepter de participer, dès le premier tour des municipales, à des listes composées par le PC, ou le PC et le PS ».La question n’est pas que vous acceptiez mais que vous militiez pour des listes d’union de la gauche en regrettant la division, que vous repreniez à votre compte la politique du PC regrettant les divisions de la gauche institutionnelle et gouvernementale. Cette politique vous conduit, parfois, à voter le budget ce que jusqu’alors vous ne faisiez pas. Et il semble que, dans bien des cas, vous souteniez le candidat du PC aux cantonales. Nous ne pouvons que nous étonner que vous ne compreniez pas la différence entre militer pour des listes d’union de la gauche au premier tour et envisager des « accords techniques » au second tour, ou d’envisager d’appeler à voter, toujours au deuxième tour, pour des listes de gauche contre la droite. Nous ne vous accuserons pas « d’hypocrisie », nous vous laissons cet étrange plaisir qui consiste à déplacer le débat politique sur le terrain de la morale, mais pour le moins d’aveuglement. Ce que nous vous reprochons, et surtout que nous regrettons, c’est que vous ayez fait le choix de soutenir une politique qui n’est pas la vôtre, qui n’est pas celle des travailleurs pour, parallèlement, diviser notre camp. Par delà les raisonnements des uns et des autres, il y a les faits politiques, qui, comme chacun sait, sont têtus. Vous tentez de banaliser votre virage politique, alors que vos nouveaux partenaires eux-mêmes en notent l’importance. Pour notre part, il nous inquiète. Ce que vous présentiez au début comme simplement tactique est devenu un axe politique, militer pour des listes d’union de la gauche. Il nous faudra poursuivre la discussion, confronter nos politiques, nos analyses, faire les bilans à l’issue de cette importante séquence que représentent les élections municipales. Cela pourrait être l’occasion d’une nouvelle rencontre. C’est la proposition, qu’en conclusion, nous vous faisons.

Avec nos salutations révolutionnaires

Le bureau politique de la LCR
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6409
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par com_71 » 28 Fév 2008, 20:59

(lettre de la LCR a écrit :Nous avons fait accord aux municipales sur la base d’une plate-forme politique dans le respect des divergences. C’est un débat ouvert, public. Si vous aviez fait des listes unitaires avec nous, vous auriez eu la pleine liberté et possibilité, est-il besoin de le dire, de défendre la conception du parti qui est la vôtre. L’unité entre nous, une unité ouverte sur les autres courants politiques locaux et nationaux, se situant en rupture et en totale indépendance avec le parti socialiste et la politique d’union de la gauche, ne vous aurait nullement associés à une orientation que vous ne partagez pas, à condition bien sûr que vous acceptiez le débat démocratique et public.


Ou la volonté revendiquée par la LCR de faire de la campagne électorale le terrain d'une polémique entre organisations d'extrême-gauche. Le "gauchisme" c'est ça.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6409
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par pelon » 28 Fév 2008, 21:07

(com_71 @ jeudi 28 février 2008 à 19:59 a écrit :
(lettre de la LCR a écrit :Nous avons fait accord aux municipales sur la base d’une plate-forme politique dans le respect des divergences. C’est un débat ouvert, public. Si vous aviez fait des listes unitaires avec nous, vous auriez eu la pleine liberté et possibilité, est-il besoin de le dire, de défendre la conception du parti qui est la vôtre. L’unité entre nous, une unité ouverte sur les autres courants politiques locaux et nationaux, se situant en rupture et en totale indépendance avec le parti socialiste et la politique d’union de la gauche, ne vous aurait nullement associés à une orientation que vous ne partagez pas, à condition bien sûr que vous acceptiez le débat démocratique et public.


Ou la volonté revendiquée par la LCR de faire de la campagne électorale le terrain d'une polémique entre organisations d'extrême-gauche. Le "gauchisme" c'est ça.
Oui, super campagne où nous polémiquerions sur le parti à construire. :nono2:
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Sterd » 28 Fév 2008, 21:21

Bref, malgré qu'ils utilisent la campagne des municipales pour construire leur parti, on aurait été les bienvenus sur leurs listes pour dire qu'on était pas d'accord avec ce nouveau parti.
Au moins les professions de foi auraient été rigolotes à rédiger. :sygus:

a écrit : Comment ne pas évoquer le sectarisme à propos de votre attitude quand on lit vos arguments qui définissent nos divergences sur la question du parti.


On reste bouche bée. Depuis au moins 30 ans le "sectarisme" de LO était caractérisé par le fait que LO se refusait à faire des listes-groupement-alliances avec des partis qui pour une bonne part du temps participaient ou soutenaient la politique gouvernementale. Et aujourd'hui que la LCR fait de "l'indépendance vis à vis du PS" une ligne de fracture intangible (Eurasia n'a jamais été en guerre avec Eastasia, Eurasia a toujours été en guerre avec Océania). La preuve du sectarisme de LO c'est qu'il fait 40 listes communes avec le PS. :sygus:
Sterd
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Nov 2005, 20:51

Message par Vérié » 29 Fév 2008, 09:15

(totore @ jeudi 28 février 2008 à 22:45 a écrit : [Non c'est une fausse-idée à la mode l'influence des médias,

Si les médias n'ont pas d'influence, que vont donc faire Arlette et Olivier dans les émissions people ? J'ai rarement vu une affirmation aussi manifestement absurde.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par artza » 29 Fév 2008, 10:40

(Vérié @ vendredi 29 février 2008 à 09:15 a écrit :
(totore @ jeudi 28 février 2008 à 22:45 a écrit : [Non c'est une fausse-idée à la mode l'influence des médias,

Si les médias n'ont pas d'influence, que vont donc faire Arlette et Olivier dans les émissions people ? J'ai rarement vu une affirmation aussi manifestement absurde.

Il a juste été dit que ce n'est pas les médias qui au bout du compte faisaient l'opinion et encore moins les élections.

Par contre les médias te font connaître largement à partir du moment ou tu es déjà un peu connu d'ailleurs par exemple par une candidature qui a rencontré un peu d'échos ou une manifestation.

Exemple, Daniel Cohn-Bendit, Alain Krivine, Arlette Laguiller, Georges Marchais, Le Pen, Bové, Besancenot et Clémentine Autain et pour cette dernière comme y avait peu de courant les médias ont vite laissez tomber, au moins pour l'instant.

Peu importe à un certain niveau que les médias disent du bien ou du mal, exemple Le Pen on peut toujours hurler qu'il est raciste c'est pas ça qui va affoler ceux qui votent pour lui, justement parce qu'il l'est ;) .
artza
 
Message(s) : 2527
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Vérié » 29 Fév 2008, 11:11

(artza @ vendredi 29 février 2008 à 10:40 a écrit :
(Vérié @ vendredi 29 février 2008 à 09:15 a écrit :
(totore @ jeudi 28 février 2008 à 22:45 a écrit : [Non c'est une fausse-idée à la mode l'influence des médias,

Si les médias n'ont pas d'influence, que vont donc faire Arlette et Olivier dans les émissions people ? J'ai rarement vu une affirmation aussi manifestement absurde.

Il a juste été dit que ce n'est pas les médias qui au bout du compte faisaient l'opinion et encore moins les élections.


Mais ils y contribuent très largement ! Ou alors, nous ne sommes pas d'accord.
Certes, l'attitude généralement critique des médias envers Le Pen ne l'a pas empêché de gagner des voix pendant toute une période - encore que cette attitude a eu tendance elle aussi à se normaliser, c'est à dire à traiter Le Pen comme un politicien comme un autre. Sa fille Marine est aujourd'hui "banalisée".

Mais ce qui compte avant tout, c'est d'avoir accès aux médias ! C'est cet accès aux médias, ouvert par Mitterrand, qui a très largement contribué à faire connaître le Pen d'un large public. La meilleure preuve, c'est que le FN fait parfois des scores impressionnants dans des bleds où il n'a pas le moindre adhérent... et où il n'y a pas d'immigrés.

Quand les médias sont complaisants, c'est généralement encore mieux. Mais pas forcèment non plus. En particulier pour les candidats qui contestent ou prétendent contester le sytème.

Mais cette influence des médias trouve des limites. Les médias contribuent très largement à faire l'opinion et les élections, mais ça ne va souvent pas plus loin. Ce sont des phénomènes un peu comprables aux "élans de générosité" pour les victimes du Tsunami ou aux "marches blanches" en Belgique. Les voix de Le Pen obtenues en grande partie grace à son audience médiatique ne lui suffisent pas pour recruter des militants pour un parti fasciste (ce qu'il n'a d'ailleurs pas ou plus l'intention de faire) et les voix de Besancenot et d'Arlette ne suffisent pas pour recruter des militants pour un parti révolutionnaire. Même si ça peut aider.

Les médias ne font pas l'histoire, bien entendu, mais dire que les médias ne jouent pas un role dans la formation de "l'opinion" est totalement absurde.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par pelon » 29 Fév 2008, 12:02

D'accord avec Zelda. Hors sujet depuis trop longtemps. Si cela continue dans ce fil, on ferme.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

PrécédentSuivant

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité(s)