Pour ceux qui ne l'ont pas vu, voici le script de l'échange entre Arlette et Hollande :
CITATION (100 MINUTES POUR CONVAINCRE @ 12/06/2003 )
OLIVIER MAZEROLLETrès bien. Alors Arlette LAGUILLER bonsoir, vous êtes à Lutte ouvrière et il paraît que vous ne voulez pas du pouvoir, c’est ce qu’on vient d’entendre dire par François HOLLANDE ?
ARLETTE LAGUILLERJ’ai souvent entendu le Parti socialiste dire qu’Arlette LAGUILLER ne voulait pas mettre les mains dans le cambouis, mais ce qu’appelle monsieur HOLLANDE ou ses amis, “ mettre les mains dans le cambouis ”, c’est en réalité défendre au gouvernement la politique du patronat. Et monsieur HOLLANDE je ne vais pas vous faire le reproche de ne pas avoir lorsque vous étiez au gouvernement réalisé la réforme des retraites que monsieur RAFFARIN veut réaliser aujourd'hui, ce que je vous reproche, c’est de l’avoir préparé et finalement de la défendre aujourd'hui parce qu’alors que des centaines de milliers de travailleurs ont manifesté contre cette réforme, ont manifesté contre le fait que ce soit 40 ans de cotisations, et eux veulent au contraire qu’on en revienne à 37,50 ans pour tout le monde, d’ailleurs vous quand vous étiez au gouvernement vous n’êtes pas revenu sur les réformes BALLADUR qui avaient imposé 40 ans de cotisations au privé. Et en fait vous reprenez finalement les mêmes arguments que ce gouvernement et on voit d’ailleurs que vos amis ROCARD, CHARASSE, DELORS disent, ce qui pour moi est une vraie trahison des idées socialistes, dire qu’ils voteraient finalement cette réforme RAFFARIN, et bien je crois que vous êtes du côté du patronat parce que vous ne tenez pas compte d’une chose très importante, vous nous parlez comme monsieur RAFFARIN uniquement de démographie, de vieillissement de la population, mais vous ne parlez pas de la productivité qui a considérablement augmenté. Vous savez très bien qu’il y a 50 ans un paysan nourrissait dans ce pays environ 5 un petit peu plus de 5 personnes, aujourd'hui il en nourrit 50, et en plus il y a des exportations possibles, donc les gains de productivité sont absolument énormes et on essaie de nous affoler en nous disant qu’en 2040 il n’y aura pas suffisamment d’actif pour pouvoir payer les retraites. Moi je ne le crois pas parce que même le rapport CHARPIN avait dit que d’ici 2040 il y aurait environ 1,7 % d’augmentation de la productivité. Quand on fait les calculs en 2040 les gains de productivité, si ils n’étaient pas réservés au profit justement, au profit du patronat, permettraient tout à fait de payer les retraites. Alors vous vous êtes pour cette réforme en réalité, oui justement l’extrême gauche est contre, l’extrême gauche est du côté des travailleurs qui manifestent et qui manifestaient aujourd’hui encore, non seulement les enseignants, mais de nombreuses professions, contre cette réforme des retraites.
OLIVIER MAZEROLLEFrançois HOLLANDE.
FRANÇOIS HOLLANDEJ’ai un point d’accord avec Arlette LAGUILLER, ça sera peut-être le seul, c’est qu’il y a des gains de productivité depuis que l’économie existe et heureusement, c’est ce qui a permis le progrès social, ce qui permet de travailler moins durant sa vie, toute sa vie, et de produire plus, c’est le progrès technique, c’est effectivement l’utilisation au mieux de l’intelligence, de l’éducation, donc les gains de productivité permettent de financer la protection sociale, la solidarité, les retraites, la réduction du temps de travail, et donc de ce point de vue, c’est vrai qu’il ne faut pas tomber dans le catastrophisme, mais en même temps je ne serais pas au clair avec les Français si je leur disais aujourd’hui “ il n’y a pas de problème de retraite ”, je ne serais pas au clair par rapport à ce qui est, non pas mon analyse, mais ce qui est la réalité. Il faut une réforme des retraites, et après il faut savoir comment, et là il y a des différences, entre la droite qui propose l’allongement de la durée de cotisations pour 40 ans, 41 ans, 42 ans, et la gauche qui dit "il faut négocier et trouver des ressources nouvelles". Mais imaginer là aussi qu’il y aurait une ressource miracle, qu’il suffirait de prendre aux mêmes, bien sûr qu’il faut prendre, je l’ai dit, à la richesse produite, mais en même temps de penser qu’il suffirait d’avoir une taxe sur le capital pour régler définitivement le problème, ce n’est pas vrai, et d’ailleurs c’est bien la discussion que nous avons avec Arlette LAGUILLER.
OLIVIER MAZEROLLEElle vous répond….
ARLETTE LAGUILLERJe lis vos propositions sur les retraites, vous dites, effectivement vous dites dans certaines de vos propositions sur les retraites, il faut des cotisations sur la valeur ajoutée, il faut des cotisations sur le capital, mais quand vous êtes au gouvernement vous ne le faites pas, et j’ai lu il y a deux jours dans un journal que vous disiez que vous aviez deux cultures, une culture de transformations sociales et une culture de responsabilités. Alors effectivement, quand vous êtes au gouvernement vous avez une culture de responsabilité et, pardon, quand vous êtes dans l’opposition vous parlez transformations sociales, ça c’est certain. Mais justement, on vous a jugé au gouvernement et tout à l’heure je vous ai entendu parler des licenciements et vous vous démarqué des licenciements uniquement sur la forme, en osant dire. Mais ce qui compte, c’est le reclassement, mais vous croyez qu’aujourd’hui les ouvriers de MOULINEX, de BATA, de CELLATEX ou bien d’autres, ils ont été reclassés ? Alors oui vous ne voulez pas contraindre le patronat, jamais, vous ne voulez pas obliger à une répartition équitable des richesses, ah ! dans l’opposition vous avez peut-être des trémolos dans la voix pour les travailleurs, mais quand vous êtes au pouvoir, je m’excuse, vous vous mettez peut-être les mains dans le cambouis, mais vous vous laissez les travailleurs dans la merde.
FRANÇOIS HOLLANDEEcoutez, Arlette LAGUILLER si on est aujourd’hui avec un impôt sur la fortune, si on est aujourd’hui avec un certain nombre de prélèvements sur le revenu du capital, si on a aujourd’hui la CSG qui touche les revenus du patrimoine, si il y a une redistribution...
ARLETTE LAGUILLERMais arrêtez, vous avez baissé l’impôt sur les bénéfices des sociétés..
FRANÇOIS HOLLANDESi on avait attendu l’extrême gauche de prendre ces responsabilités, on en serait au même point qu’il y a 20 ans ou 25 ans, heureusement qu’il y a une gauche qui à chaque fois accepte de venir au gouvernement pour faire des réformes, que vous vous évoquez quand vous êtes là à la télévision..
ARLETTE LAGUILLERMais quelles réformes ?
FRANÇOIS HOLLANDEMais que vous ne mettez jamais au neuf puisque vous ne voulez jamais participer à une alliance électorale quelconque et comme pour la révolution vous avez quand même abdiqué, ça veut dire que vous êtes dans une position où vous exprimez des regrets des positions qui peuvent parfois être entendues des travailleurs, mais hélas qui ne les mènent nul part, parce que le monde que vous demandez de construire vous ne le faites pas, vous ne le battissez pas. Vous êtes finalement sans issue. Ce que vous nous dites, c’est que les élections vous n’y croyez pas, sauf que vous vous présentez quand même tous les cinq ou tous les sept ans aux élections et néanmoins vous ne prétendez pas venir au pouvoir et la révolution vous n’y croyez pas non plus. Alors heureusement qu’il y a effectivement une gauche qui accepte de se mettre dans le cambouis et qui n’accepte pas de laisser les salariés dans la situation que vous avez indiquée.
ARLETTE LAGUILLEREcoutez, vous vous trompez, j’ai certainement plus ma place aux côtés du portrait de MARX que vous parce que la révolution ça voudra dire qu’on oblige les puissances financières, les puissances du capital à une répartition équitable des richesses et contrairement à ce que vous croyez, je n’y ai pas renoncé. Et quand je vois tous les manifestants qui ont défilé dans les rues, je pense qu’on est de plus en plus nombreux à en avoir assez effectivement de ce système d’économie de marché, de ce système capitaliste qui broie toujours les plus faibles, qui broie toujours les salariés au profit d’une petite minorité très riche de ces capitalistes, parce qu’on parle toujours des entreprises, tout à l’heure il y avait un monsieur qui avait une petite entreprise d’électricité et qui nous parlait de ses difficultés, mais il ne nous parlait pas de ses profits. Oui les profits existent, mais il n’y a pas de répartition équitable des richesses dans ce pays. Alors oui au contraire je crois de plus en plus à la révolution, je crois qu’on sera d’ailleurs de plus en plus nombreux à y croire parce qu’on ne peut pas compter évidemment sur l’équipe CHIRAC/RAFFARIN, mais on ne peut pas non plus compter sur le Parti socialiste pour changer la société.
FRANÇOIS HOLLANDEOui ce que vous nous proposez donc c’est l’impasse, il n’y a pas d’issue, et la meilleure preuve, là où vous siégez au Parlement européen puisque vous êtes députée européenne, lorsqu’il s’est agi de taxer le capital précisément la taxe TOBIN sur les mouvements de capitaux vous avez voté “ contre ”, parce que vous disiez justement que ça pouvait renforcer même le système financier. Jamais vous ne participez à une réforme, jamais vous ne votez quoi que ce soit, que ce soit dans les conseils régionaux, que ce soit au Parlement européen, jamais vous ne construisez une alternative. Alors effectivement on peut se retrouver, nous soutenons les manifestations, nous aussi nous sommes contre le gouvernement RAFFARIN, nous aussi mais la différence entre vous et nous c’est que le moment venu lorsqu’il faudra remplacer le gouvernement RAFFARIN et je pense que ça devra venir, lorsqu’il faudra remplacer le président CHIRAC je pense que ça devra venir, ce n’est pas vers vous, mais je l’espère vers nous que les Français se tourneront parce que nous nous revendiquons au moins l’exercice du pouvoir.
OLIVIER MAZEROLLEArlette LAGUILLER sur la taxe TOBIN.
ARLETTE LAGUILLEREcoutez, ça on verra monsieur HOLLANDE, effectivement le gouvernement aggravant encore les réformes du scrutin des régionales qui a été fait par la gauche, c’est vrai que la droite l’a encore aggravé, a aggravé le scrutin en ce qui concerne les petites formations pour les élections européennes, mais nous verrons bien les résultats. Mais aujourd'hui ce n’est pas ça qui nous préoccupe, je voudrais simplement répondre sur la taxe TOBIN, non je n’ai pas voté un texte concocté par vos amis ainsi que par les amis de monsieur PASQUA et qui nous obligeait à entériner ce système parfaitement, ce système capitaliste de plus en plus financier. Maintenant je vous ferais remarquer que vous, vous avez eu le pouvoir, je n’ai pas vu que vous ayez déposé un projet de loi concernant la taxe TOBIN au Parlement français.
FRANÇOIS HOLLANDESi nous l’avons déposé et nous l’avons même voté, et nous attendons que l’Europe se mette à l’unisson. Mais la différence entre vous et nous c’est que vous vous ne votez rien, vous, vous ne prenez aucune responsabilité, vous vous êtes dans l’incantation de la protestation, vous vous attendez la grande manifestation. Mais je vais vous dire une chose avec des révolutionnaires comme vous…
ARLETTE LAGUILLERJe ne l’attends pas, elle a lieu en ce moment.
FRANÇOIS HOLLANDE… Les conservateurs peuvent dormir tranquille.
ARLETTE LAGUILLEROui. Moi je crois que les capitalistes ne peuvent pas dormir tranquille avec vous parce…
FRANÇOIS HOLLANDEJe ne pense pas que vous les inquiétez beaucoup.
ARLETTE LAGUILLERJ’ai l’impression que ces jours-ci ça a été l’inverse justement, on les a beaucoup inquiétés, et j’espère que ça continuera.
OLIVIER MAZEROLLEOn a vu en tout cas qu’il y avait deux gauches différentes, merci Arlette LAGUILLER. Nous passons au troisième chapitre, pouvoir, opposition, le même PS avec un point d’interrogation, c’est vrai qu’il y a beaucoup de gens quand même qui se posent la question, alors on est allé voir des électeurs traditionnels du Parti socialiste dans un de ses bastions, dans le nord de la France. Reportage de Daniel VOLFROM.
Reportage sur l'harmonie de Lens où tous les ouvriers interrogés se disent écoeurés par le PS qui mène une politique de droite (1 dit que la gauche c'est l'extrème gauche...)OLIVIER MAZEROLLE Il y a du boulot.
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