(Rennes infhonet.fr a écrit : Florence Defrance, une ingénieure dans les rangs de LO
Portrait de municipales. Tandis que certains font de leur engagement politique le prolongement de leur vie professionnelle, d'autres, comme Florence Defrance, ont décidé de prendre à contrepied les idées reçues sur leur profession. Ingénieure de carrière, elle trône aujourd'hui en 4ème position sur la liste Lutte Ouvrière, menée par Raymond Madec. Un cas original ? Pas si sûr...
Dans l'imaginaire collectif, il est parfois compliqué d'envisager, dans une même personne, le visage de l'ingénieur et celui du syndicaliste défendant les droits ouvriers. Florence Defrance, mère de famille de 42 ans et quatrième sur la liste LO aux prochaines municipales, en est pourtant la parfaite incarnation. « Je suis ingénieure à France Telecom Equant à Cesson, en même temps que je suis militante CGT et représentante du personnel. » Une implication sociale forte pour cette femme qui dit rêver depuis toujours d'une société communiste, à l'image de celles décrites par Marx ou Engels.
À la base de son engagement, des lectures, des discussions. « A l'heure où certains militaient, à juste titre, pour des causes humanitaires, moi, je me renseignais sur comment fonctionnait une société capitaliste. Comme beaucoup je me suis sentie révoltée par les injustices au quotidien. »
« Je ne me sens rien de commun avec mon patron »
Alors, lorsqu'elle intègre France Telecom Equant en 1990, elle rejoint directement ses petits camarades de la CGT au sein du syndicat. Elle le concède, il est plus fréquent de rencontrer un ingénieur dans d'autres combats. « Encore que... Même si nous sommes juste un peu plus qualifiés, avec un meilleur salaire, nous sommes soumis aux mêmes attaques des patrons, qui s'entendent pour diviser le monde du travail en catégories. Mais je ne me trouve pas différente de mes camarades de PSA, alors que je ne me sens rien de commun avec mon patron. »
Sa dernière fierté syndicale ? C'est en ce moment même, à l'heure où un plan de suppression d'emplois frappe Equant, et notamment les prestataires de services, extérieurs à l'entreprise. « Depuis début décembre, avec la CGT et les salariés mobilisés, nous organisons des débrayages et des grèves régulières pour demander que ces salariés prestataires soient embauchés. » Pour l'instant, rien de bien probant du côté des patrons. Mais la victoire, pour Florence, se trouve ailleurs. « C'est bien la première fois que des prestataires et des gens en interne se mobilisent ensemble. On se rend compte à quel point le combat peut réunir, à l'heure où on parle tant d'individualisme. »
« On n'est pas là à attendre le grand soir tous les jours »
Parallèlement à ses engagements au sein de son entreprise, Florence rejoint, il y a une quinzaine d'années, Lutte Ouvrière. « Il me fallait un parti capable de défendre les idées communistes, de les mettre à l'ordre du jour. » LO était pour elle l'incarnation concrète de ses aspirations et la voilà aujourd'hui en 4ème position de la liste menée par Raymond Madec. Une manière de mener le combat sur tous les fronts ? « Oui. L'engagement est important. On ne peut pas se contenter de ce que l'on a, même si, comme moi, on a de quoi vivre au jour le jour. »
Toutefois, notre ingénieure garde les pieds sur terre : « Contrairement à ce qu'on dit de nous, on n'est pas là à attendre le grand soir tous les jours. Le changement de société, je ne sais pas quand je le verrai, mais en tous cas, la classe ouvrière a toutes les cartes en main pour prendre les commandes de la société. » Alors, les ouvriers aux manettes, c'est vraiment pour bientôt ? Début de réponse dimanche.
Sabrina KHENFER