par ianovka » 18 Juin 2003, 08:21
Journal permanent du nouvel observateur :
CITATION Moudjahidine : une opération contestée
Le coup de filet spectaculaire opéré mardi en région parisienne est très contesté. Et ses vraies motivations -donner des gages à Téhéran- pas forcément très avouables.
L'opération policière -1.200 hommes mobilisés- contre les Moudjahidine du peuple iranien en région parisienne s'est terminée mardi, pour sa phase d'arrestations et de perquisitions, peu après 21H00, a-t-on appris de source policière.
Sur les 165 opposants interpellés, 159 étaient toujours gardés à vue mardi soir.
Selon la même source, une vingtaine de personnes au total devaient être regroupées mardi soir dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage), rue Nélaton (XVe) à Paris. Parmi elles, devraient notamment figurer Maryam Radjavi, l'épouse du chef de l'organisation et l'un de ses deux frères, Saleh Radjavi.
Quatre valises remplies de dollars américains ont été découvertes lors de perquisitions, ainsi que, dans deux coffres-forts trouvés au siège de l'organisation à Auvers-sur-Oise (Val-d'Oise), une somme de 1.300.000 dollars en billets de 100 et une autre de 150.000 euros.
En revanche, selon LCI,n aucune trace d'une quelconque préparation d'attentat n'a été découverte. L'opération aurait en fait été montée uniquement pour donner des gages au gouvernement iranien et faire plaisir au gouvernement américain (lire les réactions, ci-contre).
Manifestation
Une cinquantaine d'Iraniens étaient réunis mercredi matin à proximité des locaux du ministère de l'Intérieur à Paris, pour soutenir les militants interpellés la veille.
Ils sont réunis dans le calme, sur un trottoir du boulevard de Grenelle, non loin des locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage), rue Nélaton (XVe), où devaient être regroupés une partie des 165 opposants iraniens interpellés, dont Maryam Radjavi, l'épouse du chef de l'organisation et une des principales figures du mouvement, et l'un de ses deux frères, Saleh Radjavi.
"Tant qu'ils ne troublent pas l'ordre public, aucune disposition" ne devrait être prise pour les évacuer, a indiqué la source policière.
Les manifestants ont intention de rester jusqu'à la libération des militants des Moudjahidine.
Mise en garde
La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), la Ligue des droits de l'homme (LDH) et France libertés (Fondation Danielle Mitterrand) s'étonnent dans un communiqué des conditions d'arrestation mardi des Moudjahidine du peuple iranien.
Les trois associations écrivent qu'elles "s'étonnent des conditions dans lesquelles plus de 150 personnes ont été arrêtées ce matin au motif de leur appartenance à l'organisation les Moudjahidine du peuple" iranien.
"Quelle que soit l'appréciation que l'on porte sur cette organisation, il convient de constater qu'elle est établie en France et en Europe depuis plusieurs années sans que les autorités publiques n'y aient trouvé à redire", écrivent les signataires.
Selon les trois associations, "cette rafle illustre à nouveau les dangers de la procédure dite anti-terroriste". Elles "mettent en garde les autorités françaises contre toute violation du statut de réfugié".
Un homme s'immole à Londres
Un manifestant iranien a tenté mardi de s'immoler par le feu devant l'ambassade de France à Londres, pour protester contre l'interpellation de mardi.
Des policiers sont immédiatement intervenus pour éteindre les flammes. L'homme, âgé de 38 ans, a été brûlé à 40%. Il a été hospitalisé dans un état grave mais ses jours ne sont pas en danger, selon un porte-parole des ambulanciers.
L'incident est survenu vers 16h15 lors d'une manifestation rassemblant une soixantaine de sympathisants des Moudjahidine en Grande-Bretagne devant l'ambassade de France.
En tentant de s'immoler par le feu, "cet Iranien a voulu dire au monde de condamner les actions de la police française et du gouvernement français", a expliqué Laila Jazayeri, porte-parole des manifestants.
"Pas clair"
L'ex-président iranien Abolhassan Bani Sadr, en exil en France depuis juillet 1981, a estimé "qu'il n'y a pas d'explication claire" à la vaste opération de police lancée mardi matin en région parisienne contre les Moudjahidine du peuple, a-t-il déclaré.
"Je constate qu'il n'y a pas une explication claire" à ces interpellations a précisé l'ex-président iranien depuis son domicile de Versailles (Yvelines) "les Français disent que les Moudjahidines, après leur désorganisation en Irak, on fait de la France leur PC mondial, ça c'est vrai".
Selon M. Bani Sadr, "ils ont transféré en France leur état-major de propagande politique. Mais est-ce que cette opération (de mardi matin) est pour autant justifiée. Je dis non parce que cette organisation n'est plus ce qu'elle était, une organisation militaire en Irak. Saddam n'est plus là, les Américains l'ont renversée, c'est fini en tant qu'organisation militaire".
De plus, estime M. Bani Sadr, "étant donné que leur avenir en Iran n'existe pas, car ils sont détestés par le peuple iranien plus que les mollahs, l'explication la plus plausible c'est qu'on essaye d'utiliser une organisation moribonde comme monnaie d'échange à l'égard des mollahs".
Bani Sadr, 70 ans, a été président de la République islamique iranienne de janvier 1980 à juin 1981.
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"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine