La situation au Tibet

Dans le monde...

Message par canardos » 24 Mars 2008, 18:54

evidemment, si une partie de la population tibetaine s'est jointe aux émeutes, malgré la répression qu'ils attendaient en réaction, c'est qu'il y avait un fort mécontentement social et nationaliste.

mais manifestement c'est bien des monasteres et des cléricaux tibétains qu'est venue la consigne de soulevement, toutes les manifestations importantes ont eu lieu à proximité des grands monasteres et étaient encadrés et dirigés par des moines, qui constituaient quelques fois comme à Aba la moitié des manifestants...et toute la population tibetaine n'a pas suivi loin de la...

quand aux slogans, c'était du genre "chassons les hans, tuons les huis" (chinois musulmans...y compris dans des régions ou les tibetains ne représente que la moitié de la population.

un extrait d'un article du Monde d'aujourdhui sur les manifestations à Aba, la capitale d'une province autonome tibétaine rattachée à la rpovince chinoise du Sichuan:


a écrit :

A Miyaluo, dernière bourgade avant le barrage de police, une commerçante chinoise explique qu'une centaine d'habitants ont été envoyés à Maerkang pour garder les bâtiments, et ne sont pas redescendus. "C'est pour la prévention", dit-elle. A Miyaluo, les Tibétains sont peu visibles dans les rues mais personne n'a eu connaissance de tensions dans cette vallée où la population tibétaine est surtout rurale et moins nombreuse que dans le reste de la préfecture. "On vit bien ici. Ça ne sert à rien de vouloir renverser le Parti communiste. Ce qui se passe à Aba, c'est instigué par le dalaï-lama", dit un paysan tibétain dans l'un des villages le long de la route.

"On ne comprend pas ce qui leur passe par la tête, aux Tibétains des hauts plateaux", dit à Dalamba, un autre village, une femme tibétaine. "Nous ne sommes pas comme eux, poursuit-elle. Ici, on parle le jiarong. Et puis, pour nous, c'est le panchen-lama (numéro deux dans la hiérarchie du bouddhisme lamaïque après le dalaï-lama) qui compte." Et de confirmer qu'elle parle bien de celui désigné en 1995 par Pékin pour succéder au dixième panchen-lama, à qui le pouvoir communiste fit visiter en grande pompe, pour la première fois, les régions tibétaines du Sichuan en 2005. Le jeune homme de 18 ans est un imposteur aux yeux de Dharamsala (capitale des Tibétains en exil), le dalaï-lama ayant reconnu, comme réincarnation du précédent panchen, un enfant qui a depuis disparu.

Un lama d'une trentaine d'années, qui enseigne aux enfants le tibétain dans un village de la vallée, a une autre analyse : "Sur dix kilomètres, dans les villages, ce sont des Tibétains qui connaissent mal le haut. Ils ont beaucoup perdu de la culture tibétaine, ça ne sert à rien de parler tibétain ici pour trouver un travail, alors qu'à Aba c'est encore important. Ils n'ont pas conscience de ce que ça représente et ne penseraient pas du tout à déclarer l'indépendance." "A Aba, on entend parler de choses politiques. Beaucoup partent aussi à Dharamsala, donc il y a des liens. Récemment, on entendait dire que le Tibet allait être comme Hongkong : un pays, deux systèmes", ajoute-t-il.

Tserin (nous tairons son vrai nom) a, depuis l'âge de 14 ans, vécu dans plusieurs lamaseries de la région. Il a passé du temps dans celle de Ganzi, et deux ans à Aba, au monastère de Gerdang. Après les événements de Lhassa le 14 mars, la police locale est venue le voir. "Ils ont vérifié mes papiers et mon numéro de téléphone. Après, j'ai voulu appeler les lamas d'Aba, mais quand ils répondaient, ils disaient simplement que tout allait bien. Ils ne peuvent pas parler." Il pense que les émeutes d'Aba ont été soudaines et n'étaient pas prévues de longue date. "Les jeunes moines ont pu être influencés par des idées de l'extérieur, mais c'est le territoire du Parti communiste, les moines de haut rang doivent rendre compte à la sécurité publique", dit-il.

La gestation des émeutes d'Aba et des localités de la préfecture reste difficile à analyser. Selon certaines sources relayées par les associations tibétaines en exil, c'est le renforcement de la présence policière sur place après les émeutes de Lhassa qui aurait contribué à mettre le feu aux poudres. Comme ailleurs dans les régions tibétaines, la liste des doléances est longue : des mines d'uranium auraient à plusieurs reprises pollué les nappes phréatiques. Des cas de stérilisation forcée ont été dénoncés - pratique dont les Chinois hans des campagnes sont eux aussi victimes, mais qui est encore plus mal ressentie par les minorités, qui ont droit à deux enfants. Dans les lamaseries, quiconque distribue des photos du dalaï-lama ou du panchen-lama disparu s'expose à des représailles.

Un paysan-ouvrier chinois, descendant dimanche du bus en provenance d'Aba, était dans la ville le 16 mars, lorsque les protestations ont eu lieu. Le 17, il a pu voir les bâtiments brûlés, dont le commissariat. La veille, il n'est pas sorti, craignant pour sa sécurité. Un autre ouvrier lui a raconté que les manifestants s'étaient attaqués au commissariat vers 11 heures du matin et l'avaient incendié avec des cocktails Molotov : "Plus de la moitié des manifestants étaient des moines. Des Chinois d'Aba disent que les manifestants criaient un slogan, "chassons les Hans et tuons les Huis (musulmans)". Mais j'ai toujours entendu qu'ils s'en prenaient aux bâtiments, pas aux gens", dit-il. Les policiers auraient tiré dans l'après midi. "Le 17, l'armée était là, il y avait beaucoup de contrôles et il était déconseillé aux gens de sortir", continue-t-il.


canardos
 
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Message par yannalan » 24 Mars 2008, 19:05

L e seul témoignage est celui du chinois.
Ceci dit, dans les révoltes coloniales, il y a bien des débordements, j'en ai vécu une de près, je sais de quoi je parle, c'est pas toujours joli,joli...
Ils manquent certainement de militants révolutionnaires longuement formés pour les éduquer avant...
Si la Chine planque tout, c'est qu'elle a des choses à cacher.
Dans toutes les révoltes contre le stalinisme,on a incriminé le retour des fascistes et des propriétaires terriens, la rengaine est connue.
yannalan
 
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Message par Wapi » 24 Mars 2008, 19:19

(yannalan @ lundi 24 mars 2008 à 18:05 a écrit :
Dans toutes les révoltes contre le stalinisme,on a incriminé le retour des fascistes et des propriétaires terriens, la rengaine est connue.
Oui c'est vrai, tu as sans doute raison de le rappeler sur ce fil par moment pollué par des considérations effectivement très staliniennes.

En même temps, ça ne veut pas dire que les trotskystes doivent se ranger inconditionnellement derrière ceux pour qui l'épithète "anti-stalinien" tient lieu d'analyse et de programme politique.
Wapi
 
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Message par canardos » 24 Mars 2008, 19:22

sur le slogan, oui...

mais j'ai lu de nombreux temoignages de touristes et plusieurs films avec des lynchages en direct notamment d'un vieux passant en vélo...et les images montraient aussi que les manifestants étaient en grande partie des jeunes moines.

j'ai meme vu un manifestant qui voulait planter une bayonnette dans un passant chinois et qui était ceinturé par un autre...

il est indéniable que les manifs étaient au moins lancées par les moines et qu'elles prenaient des allures de ratonnades...

ps: je m'interroge d'ailleurs comment nos télés qui ont la déontologie à la bouche n'ont meme pas fait l'effort de flouter les images des manifestants et des pilleurs....les autorités chinoises doivent leur dire merci à l'heure qu'il est.

quand à la qustion de Milan

a écrit :Je me pose une question : pourquoi la police chinoise a-t-elle attendu plusieurs heures avant d'intervenir alors que des commerçants et d'autres personnes étaient lynchés ?

Il y a plusieurs témoignage à ce sujet, notamment celui du journaliste de The Economist, qui écrit :

"A handful of riot police with shields and helmets (but no guns visible) patrolled in front of the Jokhang as the riots continued around them, while others stood in lines at the perimeter of the riot-torn area. But for many hours they made no attempt to intervene".

Quelques jours plus tôt, la police avait brisé un rassemblement de 600 moines avec des grenades lacrymogènes. Et ils n'étaient pas capables d'en faire usage quand leurs compatriotes étaient lynchés ?




la réponse est evidente....d'une part il fallait attendre que les touristes et les journalistes soient revenus à leurs hotels et sous bonne garde, pas question qu'ils filment une eventuelle répression, d'autre part l'aspect anti-han et pillage des manifestations servait le pouvoir qui pouvait dans sa propagande dresser l'opinion publique chinoise contre les tibetains....donc laisser ces pillages hors controle pendant quelques heures
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Message par yannalan » 24 Mars 2008, 19:24

(Wapi @ lundi 24 mars 2008 à 18:19 a écrit :
(yannalan @ lundi 24 mars 2008 à 18:05 a écrit :
Dans toutes les révoltes contre le stalinisme,on a incriminé le retour des fascistes et des propriétaires terriens, la rengaine est connue.

Oui c'est vrai, tu as sans doute raison de le rappeler sur ce fil par moment pollué par des considérations effectivement très staliniennes.

En même temps, ça ne veut pas dire que les trotskystes doivent se ranger inconditionnellement derrière ceux pour qui l'épithète "anti-stalinien" tient lieu d'analyse et de programme politique.
De toute façon, vu d'ici on peut pas se ranger derrière grand monde...
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Message par yannalan » 24 Mars 2008, 19:31

(canardos @ lundi 24 mars 2008 à 18:24 a écrit : n'ayant plus acces à mon éditeur, je ne peux plus corriger mes fautes d'orthographe...dont je voulais dire dans le messages précedent"les manifs étaient au moins lancées par les moines" pas par les "mojens"...
Une chose que je me demande après 58 ans d'occupation chinoise, quel peut être le rôle des moines qui n'ont plus les grandes propriétés et les serfs qu'ils avaient avant ?
Je ne suis pas sûr non plus qu'ils aient une unité de cathos derrière le Dalai Lama.
Je me demande qui entraîne qui, savoir est ce que les moines suivent le mouvement comme le Pc appelle à la grève quand les usines sont déjà occupées ?
Je trouve le dalai machin pas très combatif
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Message par canardos » 24 Mars 2008, 19:44

ce qui m'a frappé en 2005 quand j'ai visité le Tibet c'était que toutes les grandes lamasseries historiques étaient rouvertes et remplies de centaines voire pour certaines villes monastere comme Chikadzé de milliers de moine souvent jeunes...

j'ai posé la question du financement on m'a répondu les dons des fideles et pour certains monasteres une prise en charge par l'état chinois...

j'ai eu l'impression que tant que la religion ne virait pas à la contestation politique et que la hierarchie monastique acceptait d'obéir à l'état chinois, les chinois encourageait à nouveau la religion ...apres tout c'est l'opium du peuple!
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Message par Matrok » 24 Mars 2008, 19:56

Bon, tout d'abord un point qui me parait important de rappeler : Que ce soit en Chine ou au Tibet, les "communistes" chinois ont mis fin à la domination des gros propriétaires terriens. Et au Tibet, ils ont brisé la domination de la théocratie féodale. On peut le dire sans pour autant passer pour un thuriféraire de la colonisation du Tibet par la Chine !

(yannalan @ lundi 24 mars 2008 à 18:24 a écrit :
(Wapi @ lundi 24 mars 2008 à 18:19 a écrit :...les trotskystes [ne] doivent [pas] se ranger inconditionnellement derrière ceux pour qui l'épithète "anti-stalinien" tient lieu d'analyse et de programme politique.

De toute façon, vu d'ici on peut pas se ranger derrière grand monde...

Certes, on n'a pas des masses de camarades au Tibet ni en Chine, à moins que je sois mal informé... Par contre les mouvements "pro-Tibet" sont assez influents en occident, en particulier chez les étudiants, et véhiculent beaucoup d'anticommunisme et d'illusions sur le bouddhisme. Du coup il est assez difficile de dénoncer la colonisation chinoise du Tibet et la répression qui va avec, sans paraître aligné sur ces partisans (conscients ou non) des moines. Qu'ils soient racistes et indépendantistes comme apparemment certains meneurs des révoltes au Tibet, ou pacifistes et autonomistes comme la clique dépassée du dalaï-lama, ce sont des théocrates réactionnaires dont on doit dire clairement qu'on ne leur accorde aucune confiance !

D'ailleurs au passage, c'est parce qu'il est totalement silencieux là dessus que je trouve le communiqué de trois lignes de la Fraction vraiment pas terrible... Celui de la LCR parlant des "droits des ouvriers, des paysans, et le droit à l’autodétermination pour les minorités existantes" non seulement au Tibet mais en Chine, est un poil meilleur mais toujours pas un mot sur l'impasse proposée par les leaders religieux : c'est craignos... Pour finir, là dessus :
a écrit :Pour ce qui est des fantasmes de certains par rapport au retour au féodalisme et à l'esclavagisme, ça me paraît assez délirant. L'Histoire avance, les mentalités évoluent....

Ben là, tu vois... Que disait-on de l'Iran au début des années 70 ?
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Message par Barnabé » 24 Mars 2008, 20:58

a écrit :D'ailleurs au passage, c'est parce qu'il est totalement silencieux là dessus que je trouve le communiqué de trois lignes de la Fraction vraiment pas terrible...

Il ne s'agit pas d'un communiqué mais juste d'un écho général dans les bulletins (qui aurait pu être plus nuancé peut-être, mais en quelques lignes et il y a une semaine ...). C'est loin d'être (ou de se vouloir) une analyse complète de la situation. Evidemment, il faut dénoncer à la fois la répression de l'état chinois et l'impasse réactionnaire des nationalistes religieux...
Barnabé
 
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