Il me semble que tu as lu un peu vite, Sterd. Si ce passage d'un des articles cités ne signifie pas que la Chine ne peut pas sortir de sa situation de pays sous-développé et dominé, qu'est-ce qu'il signifie ?
a écrit :
Plus l'Etat chinois laissera pénétrer le capital étranger, plus il creusera les inégalités et plus la Chine s'enfoncera à nouveau dans le sous-développement.
Je ne retrouve malheureusement plus le texte du CLT 101. Je vais le chercher ou me le procurer à nouveau. Voici un extrait de la LDC cité par Zimer sur un autre fil consacré au thème "Les chinois vont nous bouffer". (Je vous invite à relire la discussion.)
a écrit :
15 octobre 2004 lutte de classe
À l'époque où la crise de 1929 plongeait l'économie capitaliste dans l'abîme, entraînant l'humanité vers les dictatures, le nazisme et la guerre mondiale, Trotsky avait écrit que les « forces productives ont cessé de croître ».
L'économie capitaliste de nos jours montre, d'une autre manière, de façon moins dramatique pour le moment, dans les pays impérialistes, à quel point les forces productives sont bridées par l'organisation économique basée sur la propriété privée et la recherche du profit. Il ne s'agit pas d'une déviation du capitalisme, mais de son développement même. Ce seul constat maintient et actualise sans cesse la nécessité d'« exproprier les expropriateurs » et de réorganiser l'économie en la libérant de la propriété privée des instruments de production. Une compréhension du fonctionnement de l'économie capitaliste qui n'aboutit pas à cette conclusion, c'est-à-dire à la nécessité de la révolution sociale et du communisme, même si elle en perçoit les injustices et l'irrationalité, n'est qu'une compréhension stérile.
La Chine : le retour des capitaux privés
La Chine passe pour être un des pays dont l'essor économique est particulièrement rapide depuis plusieurs années. Cela incite certains à parler de « miracle chinois ». Il y a eu, il est vrai, depuis des décennies, bien d'autres miracles : miracle allemand, miracle japonais, miracle italien, miracle desdits « dragons asiatiques », etc. On sait aujourd'hui ce qu'il en est advenu. De miracle en miracle, l'économie capitaliste s'enlise dans la stagnation.
La Chine sert en tout cas d'exemple pour appuyer l'idée qu'un pays pauvre peut se développer sur une base capitaliste. Les plus optimistes décrivent déjà la Chine comme la grande rivale économique des États-Unis.
Même sur le plan global, c'est une présentation tendancieuse de la réalité. Si le taux d'accroissement du produit intérieur de la Chine est de l'ordre de 9 %, ceci n'a de signification qu'en tenant compte du niveau de départ.
Aujourd'hui encore, après deux décennies de croissance considérée comme frénétique, le PIB par habitant serait « l'équivalent de celui des Japonais en 1960 (ou celui des Français ou des Canadiens en 1923) » (L'État du monde 2005).
Par ailleurs, ce développement a un caractère inégal. Rappelons que, lorsque Trotsky développait l'idée de la « révolution permanente », il ne réduisait pas la notion de sous-développement à la pauvreté générale. Il soulignait, au contraire, les écarts considérables et la contradiction entre des aspects de développement poussé et des aspects d'arriération, entre des îlots de modernité et l'arriération tout autour.
[..]
L'étatisme chinois, qui pendant longtemps a été l'obstacle qui s'opposait à la pénétration des capitaux étrangers, en est devenu le premier vecteur. Les moyens concentrés par l'État ont transformé la Chine en partenaire commercial intéressant pour le monde capitaliste, dès que les conditions politiques ont été réunies. Bien avant que la classe privilégiée chinoise achète sur le marché mondial des automobiles, des ordinateurs ou des biens de consommation, l'État chinois commandait déjà des turbines pour sa production d'électricité ou des équipements pour ses centrales nucléaires. C'est par le biais de l'État que la Chine a fait son retour sur le marché capitaliste mondial.
[...]
Le retour fracassant de la course au profit privé bouleverse déjà la Chine, directement dans les grandes villes concernées par l'essor économique et indirectement dans les campagnes intégrées bon gré mal gré dans l'économie monétaire. Renforcera-t-il numériquement la classe ouvrière chinoise, fût-ce dans la douleur et les souffrances ? L'avenir le dira, car la constitution d'un prolétariat originaire des villages, jeune en âge, mal payé, concentré dans des entreprises modernes, est peut-être compensée par l'exclusion de l'activité productive d'une grande partie de ceux qui travaillaient dans des entreprises d'État qui ferment. Le renforcement numérique de la classe ouvrière, s'il devait se produire, serait en tout cas l'aspect le plus important de la « croissance chinoise » car, dans un pays en bouleversement, le prolétariat chinois peut retrouver son rôle politique, étouffé par le stalinisme, brisé avant par la répression sous Tchang Kai Chek et après sous Mao.
15 octobre 2004 lutte de classe
Si l'on veut dire que la grande masse des citoyens chinois ne bénéficieront jamais
-ou du moins dans un avenir prévisible - du niveau de vie des suisses ou meme des portugais, c'est évident. En revanche, la thèse qui domine dans tous les textes de LO, c'est que le développement de la Chine est superficiel dans la mesure où ce pays joue seulement le role d'atelier de main d'oeuvre des grands Etats impérialistes, et que par conséquent la Chine ne pourra jamais devenir une véritable grande puissance économique mondiale, comparable aux Etats-unis, au Japon , à la France etc. Parce que, fondamentalement, les auteurs des textes de LO pensent que ce n'est plus possible à notre époque.
Mais le fait d'être une grande puissance économique mondiale, et meme un Etat impérialiste, n'est pas du tout contradictoire avec le maintien d'immenses régions sous-développées en Chine. C'est le principe meme du développement inégal et combiné, tel que Trotsky l'avait expliqué.
Quant à la question posée par l'article de la LDC en 2004, l'histoire y a déjà répondu puisque la classe ouvrière chinoise est aujourd'hui la plus importante du monde et représente meme une fraction significative du prolétariat mondial ! Mais ce n'est tout de meme pas le seul aspect de la croissance chinoise : le bouleversement à terme des rapports de forces économiques et militaires est une conséquence très importante aussi de cette croissance - que le rédacteur de la LDC met entre guillements pour souligner son caractère douteux.
On ne peut pas s'en tirer comme Pelon en répondant que "c'est plus compliqué que ça." La Chine se développe ou ne se développe pas, et ce développement va en faire une grande puissance mondiale, économique, militaire et politique, dans un avenir assez proche ? Ou bien elle n'est qu'un atelier de main d'oeuvre peu qualifié condamnée à rester dominée par les anciennes puissance impérialistes. IL faut choisir entre ces deux points de vue. Et je ne crois pas déformer le point de vue des rédacteurs de LO, de la LDC etr des CLT en disant qu'ils ont choisi la seconde thèse. Très clairement même.