(Ottokar @ lundi 31 mars 2008 à 09:02 a écrit : Au fait, j'ai posé à Vérié une question sur les perspectives. Qu'est-ce qu'on dit ? Car s'il est évidemment stupide de nier une réalité, qu'est-ce que cela nous rapporte de nous extasier sur le développement de la Chine ? De dire que le capitalisme a encore un avenir ? cela n'a jamais été l'attitude des marxistes qui ont toujours souligné les limites de celui-ci, limites absolues lorsque la société recule (années 30), relatives lorsqu'elle avance cahin-caha et dans la douleur. Je n'ai pas l'impression que LO fasse autre chose.
Il me semble avoir déjà répondu plusieurs fois à cette question. Il ne s'agit pas de s'extasier sur le "miracle économique chinois" et encore moins de déduire du développement de la Chine que le capitalisme serait encore progressiste aujourd'hui ! Quant à savoir si le capitalisme a encore un avenir... eh bien cela dépend des prolétaires, et je pense que nous serons tous d'accord là-dessus. Si les prolétaires ne s'organisent pas pour l'abattre, le capitalisme risque de durer encore un certain temps...
Souligner les limites du développement de la Chine, bien sûr. Mais ces limites, telles que les souligne LO ont deux aspects :
1) Les conséquences pour la population laborieuse chinoise - ouvriers et paysans - dont seule une petite minorité bénéficie de quelques miettes. Les conditions de vie de l'immense majorité étant terrible avec une exploitation et une répression féroces. Je pense que nous serons encore tous d'accord. Mais on ne peut pas exclure que, sans abattre le système, les travailleurs chinois réussissent dans l'avenir à améliorer un peu leur sort par la lutte.
2) Les conséquences sur le rôle de la Chine dans le monde. Et c'est là que nous ne sommes pas d'accord dans la mesure où LO minimise le développement de la Chine et considère qu'il s'agit d'un "développement du sous-développement" (titre du CLT 101, dont je ne retrouve plus mon exemplaire, mais je vais me le procurer...). Et que la Chine ne peut pas sortir de sa situation de pays vassal de l'impérialisme, devenir une grande puissance etc, que la bourgeoisie chinoise n'est qu'une bourgeoisie compradore de pays pauvre.
C'est dans ce ce sens que je dis que LO nie le développement de la Chine - ou du moins l'importance et la signification de ce développement. (J'ai déjà cité deux textes.) D'ailleurs toutes les interventions des camarades qui défendent les positions de LO vont dans ce sens.
SUR L'INSTABILITE DE LA CHINE
Il y a cependant un point avec lequel je suis d'accord avec certaines interventions
(celle de Granit, je crois ?). Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les pays les plus stables sont les grands pays impérialistes les plus riches - Etats-unis, Europe, Japon. Cette stabilité est liée avant tout à leur prospérité ou relative prospérité, mais aussi à d'autres facteurs comme la solidité des institutions, l'expérience et l'habileté des classes politiques de ces pays, l'intégration du mouvement ouvrier etc. Et à l'existence d'une importance classe moyenne qui sert de base sociale à la bourgeoisie, comme le souligne aussi Granit (ou Titi.) Mais la prospérité économique conditionne tout de meme les autres facteurs.
Alors, il est vrai qu'on ne trouvait rien de tout cela en Chine jusqu'à présent et que ce pays a connu de nombreux soubresauts. On peut donc considérer que la Chine est plus fragile, plus instable. Souvenons-nous pourtant que Trotsky pensait que l'URSS était particulièrement instable et que la bureaucratie se trouvait dans la situation d'"une bille au sommet d'une pyramide", donc qui allait tomber d'un instant à l'autre. Pourtant plus d'un demi-siècle s'est écoulé entre la formulation de ce pronostic par Trotsky et l'effondrement de l'URSS. (Et encore, pour LO, la bureaucratie est toujours au pouvoir dans le cadre d'un "Etat ouvrier dégénéré"...)
On peut noter aussi que, selon les estimations (dont il est évidemment difficile de savoir si elles sont exactes), environ 10 % de la population chinoise aurait (je ne dit pas bénéficierait) un mode de vie proche de celui des Européens, avec des revenus mensuels compris entre 200 et 500 euros. Mais enfin, si on compare cela au salaire moyen des Cubains, qui serait de 12 euros par mois, cela peut paraître relativement élevé dans un pays semi-sous développé... On peut donc penser qu'une partie de ces 100 millions de Chinois constituent déjà une base sociale pour le régime.
A mon avis, l'avenir de la Chine va dépendre de deux facteurs qui sont liés entre eux évidemment :
-La crise économique américaine et mondiale, ses répercussions sur la Chine.
(Les avis sur le sujet sont contradictoires.)
-L'attitude des classes exploitées, paysans et ouvriers.
Si bon an mal an, le système capitaliste mondial continue à tourner, même avec un taux de développement réduit, ou même stagne seulement, la Chine va devenir une grande puissance de premier plan. Si le système est ébranlé par une crise terrible... tout est possible, y compris la révolution.
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a écrit :
Ou alors , il faut réviser Marx et tous ses apports et tomber dans l idéalisme niais
A Quijote : je ne vois ni pourquoi tu t'énerves et ni à qui tu t'adresses. Personne n'a dit - et certainement pas moi - qu'une guerre impérialiste était impossible. Je dis seulement - et c'est évident - que la puisssance militaire de la Chine rend cette guerre plus difficile et que des guerres locales par peuples interposés étaient plus probables dans un avenir prévisible qu'un conflit nucléaire avec la Chine.
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A Ottokar. Je pense que vouloir prouver la nature impérialiste de l'URSS a l'aide des chiffres des exportations de capitaux et d'armements de l'URSS en Inde était une mauvaise méthode. Mais je te ferai remarquer que LO utilise une méthode du même genre pour essayer de prouver que l'URSS est toujours un Etat ouvrier très dégénéré, à partir du niveau de sinvestissements en URSS, de la part prise par les entreprises d'Etat ou contrôlées par l'Etat etc. De même, LO, dans ses textes sur les démocraties populaires, essayait de montrer qu'il y restait davantage de bourgeois ou de petits bourgeois qu'en URSS. Ce n'était pas l'argument essentiel pour différencier les démocraties populaires et l'URSS, mais il était néanmoins employé.
Mais là, je crois que c'est HS et qu'on s'éloigne tout de même de la Chine.