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Le FMI entrevoit la plus grave crise aux Etats-Unis depuis les années 1930
[ 03/04/08 ]
Le Fonds monétaire international devrait annoncer, la semaine prochaine à Washington, une nouvelle baisse de ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale. La hausse du produit intérieur brut serait limitée à 3,7 % cette année. Le Fonds va ramener à seulement 0,5 % le taux de croissance du PIB américain cette année, contre 1,5 % en janvier et 1,9 % prévu à l'automne.
Le puissant président de la Réserve fédérale l'a reconnu lui même hier. Auditionné par la Chambre des représentants (lire page 7), Ben Bernanke a estimé, pour la première fois, que l'économie américaine pourrait connaître une récession. Le Fonds monétaire international (FMI) pourrait lui emboîter le pas. La semaine prochaine, quelques jours avant la tenue de sa réunion de printemps à Washington, le FMI publiera de nouvelles prévisions de croissance. Comme il l'avait fait en janvier dernier, son chef économiste devrait de nouveau abaisser son pronostic. Selon les chiffres qui circulent, la croissance mondiale en 2008 serait ramenée de 4,1 % à 3,7 %. Il faut remonter à 2002 pour avoir un taux aussi faible (3,1 %, après 2,5 % en 2001). Au total, depuis les prévisions optimistes réalisées en octobre dernier (4,8 %), la croissance mondiale aura été amputée de plus d'un point.
Les turbulences financières prolongées sont passées par là depuis le déclenchement, à l'été dernier, de la crise des « subprimes ». « Le choc financier généré par la crise du marché des crédits hypothécaires américains en août dernier s'est étendu rapidement, de façon inattendue, pour infliger des dommages aux marchés financiers et aux institutions situées au coeur du système financier international », est-il écrit, selon Bloomberg, dans le rapport sur les perspectives économiques mondiales qui sera divulgué la semaine prochaine. La croissance mondiale perd de la vigueur alors que « les Etats-Unis font face à la plus grave crise qu'ils aient connu depuis la Grande Dépression » des années 1930.
Marasme financier
L'Amérique va, en effet, payer le prix fort de ce marasme financier. Les FMI va ramener à seulement 0,5 % le taux de croissance du PIB américain cette année, contre 1,5 % en janvier et 1,9 % prévu à l'automne. Ce qui augure d'une probable récession outre-Atlantique. Elle serait des plus sévères puisque le Fonds pronostique seulement 0,6 % de croissance, en 2009.
Les autres pays industrialisés seront aussi affectés, tout comme les pays émergents (lire ci-dessous). Pour le Japon, le FMI ramènerait sa prévision à 1,4 % et non plus 1,5 % avancé en janvier. Dans la zone euro, la croissance du PIB serait limitée à 1,3 %, contre 1,6 % encore espéré en janvier et 2,1 % en octobre. Au sein de la zone, la performance de l'Allemagne serait de 1,2 % et non plus 1,5 % espéré à l'automne. « La croissance aux Etats-Unis et en Europe ralentit fortement », estime le Fonds, qui avance que « la Banque centrale européenne peut maintenant se permettre un assouplissement de sa politique monétaire ».
Il n'est pas sûr qu'il soit entendu. Les tensions inflationnistes patentes dans la zone euro et les revalorisations salariales accordées dans certains pays européens, notamment en Allemagne, ne sont pas de nature à favoriser un quelconque relâchement. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, l'a répété à plusieurs reprises récemment.
Au total, le FMI avance qu'il existe 25 % de chance que la croissance mondiale s'inscrive en dessous de 3 %. Le plus grand risque, selon le Fonds, concerne d'éventuelles nouvelles pertes subies sur les marchés financiers par des banques. Si tel devait être le cas, leur capital serait affecté. Et, dans ce cas, la diminution des crédits observée actuellement pourrait se transformer en un véritable assèchement du crédit.
RICHARD HIAULT