LO et le développement de la Chine

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Jacquemart » 03 Avr 2008, 14:06

a écrit :J'ai remarqué, par exemple, que Jacquemard s'est permis de critiquer le CLT consacré à l'histoire de l'oppression de la femme. Mais, comme ça ne vient pas d'un "vieil opposant systématique", les arguments sont recevables ?

Ben oui.
Je ne suis ni opposant, ni systématique. En plus, je ne suis même pas vieux.
Mais surtout, je ne chinoise pas. :hinhin:
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Message par Ottokar » 03 Avr 2008, 14:51

(Jacquemart @ jeudi 3 avril 2008 à 14:06 a écrit : En plus, je ne suis même pas vieux.

Cause toujours, vieux beau, on est toujours le "vieux" de quelqu'un... et trop vieux pour quelques unes ! ;)
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Message par Vérié » 03 Avr 2008, 15:26

a écrit : Jedi
Apparemment on abandonne la comparaison avec l'URSS


Je n'abandonne rien. J'ai fais l'effort d'apporter quelques éléments chiffrés sur un facteur important qui conditionne le développement futur d'un pays : la recherche, le nombre d'étudiants de 3ème cycle etc.

En ce qui concerne la comparaison URSS-Chine, elle est évidemment difficile. Notamment en raison de la façon dont sont calculées les statistiques, ce qu'elles représentent réellement, la volonté des Etats de gonfler leurs résultats etc

Voici tout de meme quelques éléments :

1) L'URSS (1)

Croissance du PIB - moyenne par quinquennat :
1966-70 : 7,1 %
1986-90 : 3,9 %
Je zappe les chiffres intermédiaires qui vont en déclinant;

Mais Mandel, citant divers auteurs dignes de foi selon lui, affirme que ces chiffres sont surestimés et donne les suivants (corrigés) :
Production industrielle :
taux de croissance 1975-79 : 2,24 % - 1980-84 : 1,7 %
Pendant la meme période, la productivité dans l'industrie aurait meme diminué.



Eléments concernant les conditions de vie de la population de l'URSS

Le taux de croisssance de la consommation :
1966-79 : 5,1 %
1981 : 1,8 %


Surface habitable par personne en ville :
1965 : 10,2 m2
1984 : 13,9 m2.

1) Source : Mandel, "Où va l'URSS de Gorbatchev ?"

LA CHINE

Depuis 25 ans environ, taux de croisssance annuel moyen de l'ordre de 10 %
(Chiffres OCDE)

Revenu par habitant (inférieur à celui de l'Inde en 1970) multiplié par 5 depuis cette époque. (Bien sur cela masque les inégalités que nous connaissons.)
__
Note. Je vous donne là les chiffres que j'ai trouvés assez rapidement. A mon avis, les chiffres de croisssance 1945-60 sont moins intéressants sur l'URSS car ils concernent la période de reconstruction. Idem pour les chiffres des années trente, l'économie soviétique s'étant complètement effondrée lors de la guerre civile.
Je n'ai pas trouvé les chiffres du développement de la Chine sous Mao, qui sont sans doute eux aussi très élevés, mais très vraisemblablement gonflés comme ceux de l'URSS, selon l'usage stalinien. Bien que toujours sujets à caution, les chiffres récents paraissent plus fiables.

Au delà de ces chiffres, l'effondrement de l'URSS en 1991 a tout de meme montré clairement l'état réel de l'économie soviétique : quelques poles de développement industriel et militaire très concentrés (dont certains ont tenu le coup jusqu'à aujourd'hui) dans un océan de sous-développement ou de semi-sous-développement.

Et l'avantage essentiel de la Chine sur l'URSS stalinienne, c'est, je le répète, l'apport massif de technologie et de capitaux étrangers.


a écrit :
Tiens je classe ces chiffres par rapport au pourcentage :(Le pourcentage du PIB attribué à la recherche et développement - note de V)


Quel intérêt vois-tu dans la façon de classer ces chiffres, Jedi ? :33:
Ce qu'il faut comprendre, c'est que 1,44 du PIB à l'échelle des dimensions d'un pays comme la Chine, c'est énorme. Il suffit de comparer ce que ça donne en budget en en nombre de chercheurs par rapport à la France... ou à la Russie pour s'en convaincre. De plus, comme les chercheurs chinois sont moins payés, l'Etat peut en salarier davantage pour le meme budget...

a écrit :
Je sais pas si 400 000 jeunes chinois font leurs études à l'étranger depuis des années ... même si on donne une fourchette de 300 000 à 400 000 ... les 140 000 qui sont rentrés ne sont pas une majorité, mais une minorité.


Où as-tu été cherché cela, Jedi ? Il n'y a pas de fuite massive des cerveaux de Chine ! Tu as peut-etre lu trop vite : les 140 000 dont parle l'article sont ceux qui sont rentrés pour créer une entreprise ! Pas ceux qui sont rentrés tout court...
D'ailleurs, les gens n'émigrent pas pour le plaisir, meme quand on leur offre de meilleurs salaires à l'étranger. En Chine, justement, ces jeunes spécialistes ont pour perspective de se tailler une place au soleil... en exploitant durement leurs compatriotes. Ce qui ne serait pas forcèment aussi facile aux Etats-unis pour un jeune Chinois !

__

PS A l'attention de Jeug.
Je n'interviens pas, contrairement à ce que tu sembles penser, par esprit de contradiction ou par désir de nuire à LO ! J'interviens essentiellement sur des sujets
sur lesquels j'ai des choses différentes à dire. Sur les sujets sur lesquels je suis OK avec LO - et il y en a beaucoup ! - je ne vois pas la nécessité d'intervenir pour répéter ce d'autres ont dit, parfois très bien. Ca m'arrive donc plus rarement.
D'où ton impression. Mais n'est-ce pas tout de meme plus intéressant et plus enrichissant de discuter avec des gens en désaccord sur certains points que de répéter tous la même chose ?
Vérié
 
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Message par jeug » 03 Avr 2008, 15:46

Vérié, je ne fais aucun proces d'intention.
Je te livre mes impressions, j'ai dit, en parlant de tes interventions "elles donnent bien souvent l'impression ..."
A toi de méditer d'où ça vient.
jeug
 
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Message par jedi69 » 03 Avr 2008, 19:19

Wesh les amis !!!

Bien ou bien ?


"Les nouveaux" chiffres sur la Chine et l'URSS ?

Faut comparer ce qui est comparable, je le répète ...

Maintenant tu veux compare l'URSS des années 60 jusqu'au années 80 avec la chine de ces 20 dernières années, années 80, années 90 ?

C'est un drôle de procédé.

Les objectifs de la bureaucratie d'URSS sont d'intégrer le système capitalistes donc d'empêcher les développement du prolétariat dans les campagnes et les villes.

Les objectifs de la bourgeoisie Chinoise, c'est sont indépendance économique vis à vis de l'impérialisme mondiale, pas trop prendre de risque avec le prolétariat.

T'as 2 tendances différentes, bien distinctes.

La bureaucratie en URSS continue ses objectifs pendant la crise mondiale, elle y ai plutôt aidé à faire pourrir le prolétariat.

La bourgeoisie Chinoise a du mal à obtenir son indépendance parce que les investissements dans la production mondiale en générale sont peu à peu réduis au profit des finances mondiales, de la spéculation. Du coup elle développe "massivement' ce qui rapporte moins à l'impérialisme mondiale, elle sous traite "massivement" plus qu'elle innove, qu'elle est en pointe technologiquement et scientifiquement.

a écrit :
Quel intérêt vois-tu dans la façon de classer ces chiffres, Jedi ?
Ce qu'il faut comprendre, c'est que 1,44 du PIB à l'échelle des dimensions d'un pays comme la Chine, c'est énorme. Il suffit de comparer ce que ça donne en budget en en nombre de chercheurs par rapport à la France... ou à la Russie pour s'en convaincre. De plus, comme les chercheurs chinois sont moins payés, l'Etat peut en salarier davantage pour le meme budget...


Bah, j'y ai répondu.

Sinon, Franchement c'est quand même bizarre comme comparaison. C'est énorme par rapport à la France ... mais à l'Europe ? Rien qu'en additionnant les budgets de la France et de la Russie on en est déjà à la moitié. La recherche industrielle, technologique et scientifique est internationale en Europe depuis un moment, d'ailleurs les cerveaux aussi ils migrent, ils vont aux USA. C'est pas simplement la place au soleil, c'est les moyens, ils sont plus high tech, et les investissements plus grand. La taille des budgets n'est pas la même.



Pour les jeunes générations de chinois d'un 20aine à 30aine d'années après leurs études à l'étranger, je pense que pas mal sont tentés de rester à l'étranger ... 140 milles reviennent pour créer des entreprises, les quelles ? Quelle est l'évolution de ces nouvelles entreprises ? Quelles technologies, quelles sciences ? quelles qualifications ont les travailleuses, travailleurs ? Faudra inévitablement élever le niveau culturel des travailleuses, travailleurs. Et donc, ça c'est un risque pour la bourgeoisie. D'autres étudiants en fin d'études intègrent donc les entreprises déjà existantes, alors, ils doivent être la majorité. Dans la fourchette de 400 milles à 300 milles, il en reste plus que 100 milles voir aucun à l'étranger.

Admettons que je me sois tromper j'ai aucun chiffre.

En fin pour connaitre quelques étudiants, faut vraiment être patriote ou philanthrope pour revenir aux bled alors qu'on a travailler avec la meilleure technologie, la meilleur science, et il n'y pas tant d'investissements que ça au bled. Il y a pas que la place au soleil qui les attirent c'est aussi le boulot, les moyens, les conditions. Si les impérialistes investissaient dans des équipements de haute technologie en Chine, là, oui. L'industrie et le haute technologie n'intéresse pas tant que ça les capitalistes si ça ne rapporte pas à court terme ... les Monsanto, les constructeurs de centrale nucléaire, les Microsoft, les Boeing, les EADS se gardent bien de mettre leurs meilleurs billes là bas.

La Chine peut représenter une exception de croissance pendant une certaine période au milieux de la crise du capitalisme mondiale. Ça sera à court terme ou à moyen terme. Mais sur une longue période faudrait planifier l'économie et ça c'est plus le rôle des prolétaires.


A+
jedi69
 
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Message par Vérié » 04 Avr 2008, 09:36

CONSTATER QUE LA CHINE SE DEVELOPPE, CE N'EST NI FAIRE L'APOLOGIE DU CAPITALISME NI RENONCER A CHANGER LA SOCIETE !

a écrit : Granit
Il y a quand même des implications politiques dans les conclusions que l'on tire.

Si le capitalisme est capable de développer la Chine à l'occidentale alors il developpera également le reste du monde et l'Afrique.

Et il faut alors abandonner l'espoir que l'idéal communiste se répande parmi les peuples du monde. Pourquoi feraient ils une révolution alors que le système leur apporte ce dont ils rêvent ?

Voyons, Granit ! Le capitalisme n'apporte certainement pas aux travailleurs chinois "ce dont ils rêvent" ! Quant à développer l'Afrique... Si le capitalisme devait durer un ou deux siècles de plus, peut-être qu'il développerait l'Afrique. Mais, d'ici là beaucoup de choses peuvent arriver : crises, guerres etc De plus, il est impossible de développer toute la planète sur le mode des Etats-unis et de l'Europe occidentale.

Dire que la Chine se développe et devient une grande puissance ne revient pas à dire que le capitalisme à maîtrisé ses contradictions. Le développement de nouvelles puissances industrielles apporte de nouvelles contradictions etc

De toute manière, je te répète qu'il faut partir de la réalité et non de pré-supposé idéologique du genre (je résume ce que tu dis) :"Si le capitalisme développe la Chine, tout est foutu, il ne nous reste plus qu'à devenir capitalistes nous mêmes etc". Non, nous constatons que la Chine se développe et nous nous posons la question : qu'est-ce que ça change dans le système capitaliste ? Quelle est la nouvelle situation pour la classe ouvrière en France, où nous agissons, et dans le monde etc ?

D'ailleurs, Ottokar a rappelé que, même s'il s'avérait que la classe ouvrière n'est pas capable de prendre le pouvoir et de transformer la société (ce que rien ne prouve aujourd'hui), il faudrait s'organiser tout de meme pour défendre ses intérets, expliquait Trotsky. Ce n'était bien sur qu'une hypothèse d'école. Mais, en attendant des luttes de plus grande ampleur, c'est bien ce que nous faisons aujourd'hui : nous faisons ce que nous pouvons pour que les travailleurs se défendent au niveau où ils sont prets à le faire, tout en nous préparant pour les situations à venir. Ca fait un certain temps que ça dure, c'est vrai, mais à l'échelle de l'histoire, un demi-siècle ce n'est pas énorme, meme si ça peut représenter une vie de militantisme...

a écrit :
(...)
Surtout, pour en revenir à la Chine, lorsque l'on compare les données chiffrées, montrant que ce pays devient une nation rivalisant avec l'occident, pourquoi ne parle t'on pas des droits de l'Homme et de la Démocratie ? (...)
Faiblesse qui a mes yeux ruine l'argumentaire bourgeois.


Rivaliser avec l'occident ? Sur certains plans seulement, par exemple sur le plan militaire (comme ce fut le cas de l'URSS) en raison de ses moyens et de ses dimensions, rivaliser dans certaines régions comme en Afrique, c'est déjà le cas.
Mais rivaliser sur le plan du niveau de vie de la masse de la population, c'est tout de même très peu probable dans un avenir prévisible.

Quant à parler de la démocratie et des droits de l'homme... mais nous en parlons sans arrêt ! Et nous parlons aussi et surtout de l'exploitation des trtavailleurs chinois qui évoque le 19ème siècle ! Je me demande pourquoi tu évoques "l'argumentaire bourgeois" : nous ne nous plaçons pas du tout sur le même terrain !

LES CHIFFRES, LEURS LIMITES ET LEUR SIGNIFICATION

a écrit : Jedi
Faut comparer ce qui est comparable, je le répète ...

Maintenant tu veux compare l'URSS des années 60 jusqu'au années 80 avec la chine de ces 20 dernières années, années 80, années 90 ?


On compare avec les éléments dont on dispose. Si on compare la Chine des vingt dernières années avec la Russie des vingt dernières années (que LO considère toujours comme un Etat ouvrier dégénéré, donc censé être "supérieur" à un Etat bourgeois au moins par certains aspects), le résultat serait encore bien plus favorable à la Chine ! Mais cette comparaison ne conviendrait à personne, car pendant cette période il y a eu l'effondrement de l'URSS.

J'avais donc essayé de trouver des chiffres nous donnant un aperçu du rythme de développement de ces deux pays dans la période d'après guerre. Ils valent ce qu'ils valent, bien entendu.

Si on compare les périodes de développement les plus "staliniennes", à savoir la période 1930-40 pour l'URSS et la période 1950-60 pour la Chine, pendant lesquelles ces deux pays furent coupés du marché mondial, ils semble qu'on trouve des taux de développement du même ordre.
- 13 % à 15 % d'augmentation en moyenne pour l'URSS, selon un vieux stalinien
comme le Belge Ludo Marten.
- 16 % pendant le premier plan quinquennal chinois - 1952-57, et 11 % en moyenne de 1952 à 1974, compte tenu du recul pendant la révolution culturelle
(- 12 % en 1966-67).

Ce que ces deux périodes de développement ont en commun, c'est :
-Collectivisation forcée et violente.
-Obligation de millions de paysans à travailler dans l'industrie.
-Répression féroce.
-Priorité absolue à l'industrie lourde et militaire, donc concetrantion des capitaux dans ces secteurs.
-Isolement du marché mondial.

Mais, bien sûr les deux pays ne sont pas partis du même niveau, les conditions ne sont pas les mêmes etc. La comparaison a donc évidemment ses limites.

Ce qu'on peut affirmer, c'est que l'URSS comme la Chine ont connu un développement quantitatif important de leurs productions d'acier, de charbon etc
Mais, on s'aperçoit qu'après ce développement extensif lié à la prolétarisation de masse humaine considérables soumises à une discipline terrible et à la concentration de toute l'économie et de tous les pouvoirs aux mains de bureaucraties, l'économie soviétique va stagner (ce qu'indiquent clairement les chiffres placés dans mon post précédent). Elle se trouve dans l'impossibilité de passer à une étape de développement intensif et qualitatif, à la fois en raison de
sa structure et de sa coupure du marché mondial.

La Chine, elle, va passer à partir des années 80 à un autre type de développement et rentrer dans l'économie mondiale, ce qui va lui permettre d'échapper à la stagnation qu'a connue l'URSS. (Au prix du développement des inégalités que nous connaissons.)

Il faut noter que Trotsky expliquait très bien les limites des possibilités de développement de l'URSS et le role du marché mondial :

a écrit :
Les crises aigues de l'économie soviétique rappellent que les forces productives crées par le capitalisme ne sont pas adaptée à un cadre national et qu'elles ne peuvent être coordonnées et développées de manière socialiste et harmonisée qu'à l'échelle internationale En d'autres termes, les crises de l'économie soviétiques ne sont pas des des maladies de croisssance, une sorte de maladie infantile, mais quelque chose d'incommensurablement plus significatif - précisèment ce controle sévère du marché mondial, celui-là même auquel selon les paroles de Lénine, nous sommes liés, nous ne pouvons pas échapper".

Ecrits - 1940 - Tome 1 page 150.


Donc, s'il n'est pas question de nier le développement de l'URSS pendant les premiers plans quinquennaux (comme celui de la Chine), ces développements ne pouvaient pas être plus rapide que ceux des économies capitaistes liées au marché mondial, meme s'ils en ont donné l'illusion pendant la crise de 1929.
A l'échelle historique, le Japon et La Corée - et aujourd'hui la Chine - se sont beaucoup plus développés que l'URSS. Ca n'implique aucune supériorité du capitalisme sur le socialisme, car il n'y avait pas de socialisme en URSS ni en Chine. C'est seulement la supériorité d'économies liés au marché mondial.

Mais cette ouverture au marché mondial implique aussi bien évidemment des faiblesses. En cas de crise grave, il est clair que la Chine serait beaucoup affectée que ne l'a été l'URSS en 1929...
Vérié
 
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Message par Vérié » 04 Avr 2008, 15:38

Un peu en marge du débat sur le niveau de développement de la Chine et ses perspectives, deux articles (Le Monde - La Tribune) consacrés à la hausse des salaires en Chine.

L'article de la Tribune montre l'importance du role de la Chine dans l'économie mondiale. En fournissant des articles de consommation à bas prix, elle a permis aux patrons des pays riches de maintenir de bas niveaux de salaires et de juguler l'inflation. Mais, selon l'auteur, les hausses de salaires et la forte demande de la Chine en matières premières pourrait maintenant accélérer l'inflation mondiale.

Comme quoi, la lutte de classe, en Chine comme ailleurs, joue un role de premier plan dans l'économie ! En se se développant, le capitalisme chinois a peut-etre développé aussi la classe qui le balayera.

On note toutefois que le chiffre fourni par Le Monde (18,72 %) n'est pas le meme que celui fourni par La TRibune (30 % pour 2007 et 18 % de moyenne au cours des cinq dernières années). Mais il faut tenir compte du taux de l'inflation en Chine.

On ne peut pas non plus exclure que, à la veille des JO, le gouvernement chinois se livre à des opérations de communication sur les hausses de salaires... :33:


a écrit : Le Monde

HAUSSE DES SALAIRES EN CHINE


La hausse des salaires des employés classés comme urbains dans les statistiques chinoises aurait atteint, en moyenne, 18,72 % de 2006 à 2007, soit la plus forte augmentation en six ans, a annoncé, mardi 2 avril, le Bureau national des statistiques (BNS).

Le salaire moyen annuel a ainsi atteint 24 932 yuans (2 275 euros) en 2007, avec d'importantes disparités, puisqu'il est de 39 867 yuans à Pékin et de plus de 40 000 yuans à Canton, Shenzen et Shanghaï. La croissance continue des profits des entreprises chinoises et la hausse du salaire minimal, afin de prendre en compte l'inflation, ont contribué à cette hausse.



Tout indique que ces tendances se sont encore accélérées lors des derniers mois en raison, d'une part, du renforcement des tensions inflationnistes et, d'autre part, de la réforme de la législation du travail en faveur des salariés.

La ville de Shanghaï a ainsi dû procéder, fin mars, à une nouvelle hausse du salaire mensuel minimal, la deuxième en cinq mois. Celui-ci a grimpé de 14 %, passant de 840 yuans à 960 yuans par mois.


NOUVELLES RÈGLES SOCIALES


Les retraites et les allocations-chômage ont été de nouveau revalorisées. Il faut dire que l'inflation a atteint 8,7 % en février en taux annualisé et que les prix de certaines denrées (viande, huile...) sont supérieurs de 50 % à leur niveau atteint il y a un an.

Malgré l'absence de syndicats indépendants et l'extrême difficulté rencontrée par les ouvriers pour faire valoir leurs droits, l'introduction de nouvelles règles sociales a sans doute contribué à l'inflation des salaires. La loi sur le contrat de travail, dont l'application est encore aléatoire, a ainsi obligé les entreprises à prévoir des compensations plus élevées qu'auparavant. A Shanghaï, fin mars, le département du travail a introduit une nouvelle règle selon laquelle les employés des sociétés d'Etat gagnant moins de 10 % du salaire de leur patron avaient le droit d'exiger une hausse. La règle doit s'appliquer à 75 % des entreprises d'Etat.

La hausse des prix a un moment été éclipsée par la bonne tenue de la Bourse, qui a provoqué, en 2006 et 2007, un effet de richesse. Or l'indice composite de Shanghaï a chuté de 45 % depuis octobre 2007 (et de 34 % au premier trimestre 2008), un retour de bâton douloureux pour la classe moyenne émergente des villes, qui s'était jetée à corps perdu dans la spéculation.

L'insouciance des petits investisseurs se fonde en grande partie sur l'idée que rien n'arrivera avant les Jeux olympiques. Le Centre d'information de l'Etat publiait, il y a peu, un rapport recommandant que les pouvoirs publics interviennent pour mettre fin à la morosité des marchés.



a écrit : La Tribune
Inflation : la fin du nouvel ordre économique chinois
Nous assistons à la fin du nouvel ordre économique que certains présentent comme immuable. Les pays occidentaux et la France doivent rapidement intégrer dans leur politique économique cette nouvelle donne, une pause de la déflation venant des pays émergents, prévient Mathilde Lemoine, économiste, enseignante à Sciences po Paris et membre de la Commission économique de la nation.
La Chine et les pays asiatiques ont profité d'un taux de change sous-évalué pour créer une demande extérieure propre à utiliser leur force de travail nationale et ainsi pallier les insuffisances de leur demande intérieure. Cette politique volontariste a permis d'atteindre une croissance économique forte sans avoir la contrainte de procéder à des réformes structurelles internes comme le développement du secteur financier ou encore celui du domaine social.

Mieux insérée dans le commerce mondial, l'Asie a alors exporté de la déflation du fait même de la baisse des prix des produits manufacturés liée à l'accroissement de leur production et de la fixité du taux de change au dollar. En oubliant le caractère cyclique de toute évolution économique, les Américains et les Européens se sont habitués à ce qu'ils ont cru être un nouvel ordre économique. Tout juste ont-ils plaidé auprès des autorités chinoises pour une réévaluation du yuan.

Cette situation a engendré dans les pays occidentaux une très faible augmentation des salaires nominaux, voire une stabilité dans certains pays, la perte des parts de marché et la fermeture de certains sites de production nationaux améliorant la position de force des entrepreneurs vis-à-vis des salariés. Mais la faible inflation résultante de l'insertion des pays émergents dans le commerce mondial permettait le maintien du pouvoir d'achat et aidait ainsi les salariés à supporter ce qui était présenté comme le nouvel équilibre économique.

La hausse du prix des matières premières et la forte croissance de la masse monétaire viennent bouleverser cet équilibre. Après cinq années de croissance supérieure à 7% et 10% respectivement, l'Inde et la Chine ont vu leur consommation de matières premières croître fortement, pour atteindre un quart de la consommation mondiale.

La corrélation entre la production industrielle chinoise et le prix du pétrole est désormais de 2, contre 0,8 fin 2000. A ce facteur d'inflation s'est ajouté celui, pour partie temporaire car lié à des facteurs climatiques ou sanitaires, de la remontée des prix alimentaires. L'effet conjugué de ces sources d'inflation dans un contexte de croissance vigoureuse de la masse monétaire fait craindre des tensions durables sur les prix, les salaires et les coûts de production.

Ces mouvements de hausses des salaires sont d'ailleurs d'ores et déjà observables en Chine, où le salaire moyen a augmenté de près de 30% en 2007, alors qu'il n'avait crû en moyenne que de 17% durant les cinq dernières années. Ils pourraient être amplifiés par les revendications de salariés, dont la masse qualifiée est pleinement utilisée, comme par exemple celle qui a abouti à la mise en place le 1er janvier dernier d'un nouveau contrat de travail, qui entraîne notamment le paiement des heures supplémentaires et l'application d'un début de couverture sociale.

A l'occasion d'un colloque organisé par la Banque de France le 7 mars dernier, M. Yi Gang, vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, a déclaré que ces tensions observées sur le marché du travail des qualifiés pourraient durer jusqu'en 2010. Cette hausse des prix et des coûts de production va contraindre les autorités des pays émergents à centrer leur politique économique sur la résorption des tensions inflationnistes. M. Wen Jiabao, Premier ministre de la Chine, a déjà annoncé qu'il laisserait le yuan s'apprécier plus rapidement, tout en remontant les taux d'intérêt et en relevant le taux des réserves obligatoires. Ainsi, même si l'inflation reflue, les prix à l'exportation s'apprécieront.

Nous assistons donc à la fin du nouvel ordre économique que certains présentent comme immuable. Les pays occidentaux et la France doivent rapidement intégrer dans leur politique économique cette nouvelle donne: une pause de la déflation venant des pays émergents.

Une telle évolution, même temporaire, nécessite de réinvestir d'urgence les secteurs pour lesquels les pays développés sont en train de regagner des avantages compétitifs et de soutenir la productivité par l'investissement. Parce que cette nouvelle situation pousse durablement les prix à la consommation à la hausse, il faut accélérer la mise en oeuvre de politiques industrielles horizontales, c'est-à-dire le soutien à l'innovation, à la formation des salariés, au développement des infrastructures et aux PME.

La poursuite de la construction du marché unique des services pourra être un complément utile. Une prise de conscience trop tardive se soldera par une nouvelle dégradation du pouvoir d'achat des salariés français et européens, même si les prix de certaines matières premières refluent.

Mathilde Lemoine, économiste, enseignante à Sciences po Paris et membre de la Commission économique de la nation
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Message par jedi69 » 04 Avr 2008, 22:22

Wesh les amis !!!

Bien ou bien ?




Comparer pour comparer, je sais pas trop à quoi ça mène là.

L'URSS des années 30 - 40 à la Chine des années 50 60. Un pays"socialiste avec un pays capitaliste.

2 époques différentes sur la planète.

La première où le capitalisme mondiale est en crise et trouve une issus dans la militarisation, la préparation de la guerre.

La deuxième, une nouvelle période d'expansion du capitalisme.


De plus tu cites Trotsky ... et comme t'interprètes les textes de Lutte Ouvrière, là tu fais pareil :

a écrit :

Les crises aigues de l'économie soviétique rappellent que les forces productives crées par le capitalisme ne sont pas adaptée à un cadre national et qu'elles ne peuvent être coordonnées et développées de manière socialiste et harmonisée qu'à l'échelle internationale En d'autres termes, les crises de l'économie soviétiques ne sont pas des des maladies de croissance, une sorte de maladie infantile, mais quelque chose d'incommensurablement plus significatif - précisément ce contrôle sévère du marché mondial, celui-là même auquel selon les paroles de Lénine, nous sommes liés, nous ne pouvons pas échapper".

Ecrits - 1940 - Tome 1 page 150.




Comme je disais, l'URSS comme la Chine à aucun moment se développent en autarcie, t'as beau parler d'isolement, de coupure avec le marché mondiale ... "nous sommes liés, nous ne pouvons pas échapper"

L'internationale au main des bureaucrates est là pour le prouver. Non seulement l'URSS intervient politiquement dans les luttes des travailleurs, dans les révolutions permanentes pour les envoyer dans le mur, mais en plus elle produit de l'armement, elle le vend, et ce n'est pas la seule chose qu'elle produit et qu'elle vend, et elle ne s'arrête pas là, elle achète, elle importe. Alors elle le fait pas en masse, ouvertement, les capitalistes et la bureaucratie ont une réputation à tenir, donc c'est plus discret, mais elle le fait, elle se sert aussi de son implantation dans la classe ouvrière mondiale, elle fait de la "contrebande", de l'espionnage, C'est inévitable.

Mais je pense qu'entre bureaucratie et bourgeoisie, il y a une certaine complicité, la guerre mondiale va la consacrer.

Pour le nouvelle état capitaliste chinois, il en ai de même dans un contexte ou le capitalisme mondiale est à un stade supérieur, dans un contexte de "guerre froide", puis début de "guerres des étoiles". La chine pendant une période trouve un allié dans l'URSS. Alors que l'URSS stalinienne des années 30-40 fait et défait les alliances pour consolider la bureaucratie ... il y pas d'état socialiste pour lui apprendre à courir, à sauter.

Grossièrement s'il y a à faire une comparaison entre l'URSS et la Chine ... du départ de leur révolution à leur "summum" ... bah on pourrait peut être dire que ce que l'URSS accomplis en 20 ou 30 ans ... la Chine met le double voir plus pour l'accomplir sachant en plus qu'ils ne partent pas du tout du même stade de l'Impérialisme mondiale.

Mais bon, c'est grossier ... jusqu'ici aucun état capitaliste a eu une évolution, une révolution comparable, à part peut être les États Unis ... mais bon, c'est plus un pays en tant que tel ... c'est des ÉTATS unis ;)

Vaut mieux tirer le plus de choses au claire maintenant que pendant la révolution.


Voilà, voilà ...


A+
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