CONSTATER QUE LA CHINE SE DEVELOPPE, CE N'EST NI FAIRE L'APOLOGIE DU CAPITALISME NI RENONCER A CHANGER LA SOCIETE !
a écrit : Granit
Il y a quand même des implications politiques dans les conclusions que l'on tire.
Si le capitalisme est capable de développer la Chine à l'occidentale alors il developpera également le reste du monde et l'Afrique.
Et il faut alors abandonner l'espoir que l'idéal communiste se répande parmi les peuples du monde. Pourquoi feraient ils une révolution alors que le système leur apporte ce dont ils rêvent ?
Voyons, Granit ! Le capitalisme n'apporte certainement pas aux travailleurs chinois "ce dont ils rêvent" ! Quant à développer l'Afrique... Si le capitalisme devait durer un ou deux siècles de plus, peut-être qu'il développerait l'Afrique. Mais, d'ici là beaucoup de choses peuvent arriver : crises, guerres etc De plus, il est impossible de développer toute la planète sur le mode des Etats-unis et de l'Europe occidentale.
Dire que la Chine se développe et devient une grande puissance ne revient pas à dire que le capitalisme à maîtrisé ses contradictions. Le développement de nouvelles puissances industrielles apporte de nouvelles contradictions etc
De toute manière, je te répète qu'il faut partir de la réalité et non de pré-supposé idéologique du genre (je résume ce que tu dis) :"Si le capitalisme développe la Chine, tout est foutu, il ne nous reste plus qu'à devenir capitalistes nous mêmes etc". Non, nous constatons que la Chine se développe et nous nous posons la question : qu'est-ce que ça change dans le système capitaliste ? Quelle est la nouvelle situation pour la classe ouvrière en France, où nous agissons, et dans le monde etc ?
D'ailleurs, Ottokar a rappelé que, même s'il s'avérait que la classe ouvrière n'est pas capable de prendre le pouvoir et de transformer la société (ce que rien ne prouve aujourd'hui), il faudrait s'organiser tout de meme pour défendre ses intérets, expliquait Trotsky. Ce n'était bien sur qu'une hypothèse d'école. Mais, en attendant des luttes de plus grande ampleur, c'est bien ce que nous faisons aujourd'hui : nous faisons ce que nous pouvons pour que les travailleurs se défendent au niveau où ils sont prets à le faire, tout en nous préparant pour les situations à venir. Ca fait un certain temps que ça dure, c'est vrai, mais à l'échelle de l'histoire, un demi-siècle ce n'est pas énorme, meme si ça peut représenter une vie de militantisme...
a écrit :
(...)
Surtout, pour en revenir à la Chine, lorsque l'on compare les données chiffrées, montrant que ce pays devient une nation rivalisant avec l'occident, pourquoi ne parle t'on pas des droits de l'Homme et de la Démocratie ? (...)
Faiblesse qui a mes yeux ruine l'argumentaire bourgeois.
Rivaliser avec l'occident ? Sur certains plans seulement, par exemple sur le plan militaire (comme ce fut le cas de l'URSS) en raison de ses moyens et de ses dimensions, rivaliser dans certaines régions comme en Afrique, c'est déjà le cas.
Mais rivaliser sur le plan du niveau de vie de la masse de la population, c'est tout de même très peu probable dans un avenir prévisible.
Quant à parler de la démocratie et des droits de l'homme... mais nous en parlons sans arrêt ! Et nous parlons aussi et surtout de l'exploitation des trtavailleurs chinois qui évoque le 19ème siècle ! Je me demande pourquoi tu évoques "l'argumentaire bourgeois" : nous ne nous plaçons pas du tout sur le même terrain !
LES CHIFFRES, LEURS LIMITES ET LEUR SIGNIFICATION
a écrit : Jedi
Faut comparer ce qui est comparable, je le répète ...
Maintenant tu veux compare l'URSS des années 60 jusqu'au années 80 avec la chine de ces 20 dernières années, années 80, années 90 ?
On compare avec les éléments dont on dispose. Si on compare la Chine des vingt dernières années avec la Russie des vingt dernières années (que LO considère toujours comme un Etat ouvrier dégénéré, donc censé être "supérieur" à un Etat bourgeois au moins par certains aspects), le résultat serait encore bien plus favorable à la Chine ! Mais cette comparaison ne conviendrait à personne, car pendant cette période il y a eu l'effondrement de l'URSS.
J'avais donc essayé de trouver des chiffres nous donnant un aperçu du rythme de développement de ces deux pays dans la période d'après guerre. Ils valent ce qu'ils valent, bien entendu.
Si on compare les périodes de développement les plus "staliniennes", à savoir la période 1930-40 pour l'URSS et la période 1950-60 pour la Chine, pendant lesquelles ces deux pays furent coupés du marché mondial, ils semble qu'on trouve des taux de développement du même ordre.
- 13 % à 15 % d'augmentation en moyenne pour l'URSS, selon un vieux stalinien
comme le Belge Ludo Marten.
- 16 % pendant le premier plan quinquennal chinois - 1952-57, et 11 % en moyenne de 1952 à 1974, compte tenu du recul pendant la révolution culturelle
(- 12 % en 1966-67).
Ce que ces deux périodes de développement ont en commun, c'est :
-Collectivisation forcée et violente.
-Obligation de millions de paysans à travailler dans l'industrie.
-Répression féroce.
-Priorité absolue à l'industrie lourde et militaire, donc concetrantion des capitaux dans ces secteurs.
-Isolement du marché mondial.
Mais, bien sûr les deux pays ne sont pas partis du même niveau, les conditions ne sont pas les mêmes etc. La comparaison a donc évidemment ses limites.
Ce qu'on peut affirmer, c'est que l'URSS comme la Chine ont connu un développement quantitatif important de leurs productions d'acier, de charbon etc
Mais, on s'aperçoit qu'après ce développement extensif lié à la prolétarisation de masse humaine considérables soumises à une discipline terrible et à la concentration de toute l'économie et de tous les pouvoirs aux mains de bureaucraties, l'économie soviétique va stagner (ce qu'indiquent clairement les chiffres placés dans mon post précédent). Elle se trouve dans l'impossibilité de passer à une étape de développement intensif et qualitatif, à la fois en raison de
sa structure et de sa coupure du marché mondial.
La Chine, elle, va passer à partir des années 80 à un autre type de développement et rentrer dans l'économie mondiale, ce qui va lui permettre d'échapper à la stagnation qu'a connue l'URSS. (Au prix du développement des inégalités que nous connaissons.)
Il faut noter que Trotsky expliquait très bien les limites des possibilités de développement de l'URSS et le role du marché mondial :
a écrit :
Les crises aigues de l'économie soviétique rappellent que les forces productives crées par le capitalisme ne sont pas adaptée à un cadre national et qu'elles ne peuvent être coordonnées et développées de manière socialiste et harmonisée qu'à l'échelle internationale En d'autres termes, les crises de l'économie soviétiques ne sont pas des des maladies de croisssance, une sorte de maladie infantile, mais quelque chose d'incommensurablement plus significatif - précisèment ce controle sévère du marché mondial, celui-là même auquel selon les paroles de Lénine, nous sommes liés, nous ne pouvons pas échapper".
Ecrits - 1940 - Tome 1 page 150.
Donc, s'il n'est pas question de nier le développement de l'URSS pendant les premiers plans quinquennaux (comme celui de la Chine), ces développements ne pouvaient pas être plus rapide que ceux des économies capitaistes liées au marché mondial, meme s'ils en ont donné l'illusion pendant la crise de 1929.
A l'échelle historique, le Japon et La Corée - et aujourd'hui la Chine - se sont beaucoup plus développés que l'URSS. Ca n'implique aucune supériorité du capitalisme sur le socialisme, car il n'y avait pas de socialisme en URSS ni en Chine. C'est seulement la supériorité d'économies liés au marché mondial.
Mais cette ouverture au marché mondial implique aussi bien évidemment des faiblesses. En cas de crise grave, il est clair que la Chine serait beaucoup affectée que ne l'a été l'URSS en 1929...