(Gaby @ vendredi 31 octobre 2008 à 12:52 a écrit : Perso', quand je lis un roman, je n'attends pas nécessairement du bouquin qu'il m'enseigne quelque chose sur l'avenir radieux de l'humanité.
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Le mec de l'hopital est un connard, il s'avère qu'il faisait partie de la vaste masse sans privilège, mais de là à raconter qu'il s'agit d'un brûlot vantant les malins face aux crasseux, c'est de la désinformation monomaniaque.
Persépolis est tout de même un film dont les ambitions politiques sont évidentes. Ce n'est pas seulement un film intimiste sur le vécu d'une jeune iranienne. Il y a de nombreuses références aux communistes, ce qui est bien, mais il ne s'agit que de communistes de milieu bourgeois ou petit bourgeois, ce qui est moins bien. On est donc en droit de juger ce film politiquement.
Je ne dis pas que le film vante les "malins" - les gens cultivés, je suppose ? - face aux "crasseux" - les pauvres. Mais, je regrette, présentée en dehors de tout contexte social, l'anecdote du laveur de carreaux fleure le mépris de classe. Peut-être ce mépris de classe n'est-il que celui de la mère, et non celui de la cinéaste ?
En effet, la "révolution islamique" a représenté d'une certaine façon une revanche des pauvres contre les bourgeois et leurs moeurs "dépravés". Les ayatollah ont su détourner la haine de classe de ces pauvres. Tout comme par exemple, les fachos manipulent des lumpen en utilisant leur haine contre les bourgeois et petits bourgeois. (Au Chili et en Argentine, les tortionnaires étaient bien souvent issus du lumpen qui se défoulaient sur les militant(e)s étudiant(e)s petits bourgeois notamment.) Ce phénomène est un élément important pour comprendre la situation en Iran, et réaliser notamment que les Ayatollah ont une base sociale dans ces couches défavorisées.
Donc, si la cinéaste ne partage pas ce mépris, elle aurait tout dû être plus prudente, car une bonne partie des spectateurs vont approuver ce mépris et le partager.
Le grand absent du film, c'est tout de meme le peuple iranien auquel ne s'est pas intéressée la cinéaste.
Quant à dire que rien n'a été possible ces dernières années en Iran, je te signale tout de meme qu'il y a eu des grèves...
Cela-dit, Persépolis est un excellent film et j'ai pris beaucoup de plaisir à le voir.