a écrit :
mais un autre indien (ou plutot incas je crois) qui avait passé déjà 5 ans en prison était aussi un leader de la révolte et indirectement concurrent de Morales...qui lui est apparu bcp plus consensuel vis vis des exploiteurs blancs...
peut être grace à cela il est mieux passé ds les urnes.
qui était ce gars ? j'ai pas pu entendre son nom..
Il s'agit de Felipe Quispe, ex guérilléro du MRTK (Mouvement révolutionnaire Tupac Katari), et diirigeant de la CSUTCB, confédération syndicale paysanne indigéniste, qui a scissionné en deux parties : une pro-Morales, une toujours dirigée par Quispe.
Quispe est aymara, l'ethnie indienne majoritaire en Bolivie. La seconde ethnie (par son importance numérique) est l'ethnie quechua, majoritaire au Pérou, donc l'ethnie des Incas. (Mais les Incas dominaient la Bolivie, après avoir vaincu les Aymaras, aussi appelés Collas.)
Quispe n'est donc pas "Inca", mais se revendique de la partie bolivienne de l'empire inca : le collasuyu. Il voulait d'ailleurs que la Bolivie adopte ce nom... (L'empire des Aymaras était antérieur à celui des Incas, et plus avancé sur le plan technologique, semble-t-il. Les Boliviens nationalistes en sont donc très fiers... A l'inverse des Péruviens nationalistes. La connerie nationaliste va se nicher jusque dans l'histoire pré-hispanique...)
Quant à Morales, il n'est ni Aymara, ni Quechua, mais métis. (Ce dont on se fout royalement évidemment, mais pas Quispe...) Morales ne parle ni quechua ni aymara, ce que lui reproche Quispe. Ces langues sont encore parlées en Bolivie par une bonne partie de la population. Dans certains villages, les gens parlent à peine ou pas espagnol.
Il y a donc eu surenchère de démagogie indigéniste entre Morales et Quispe. Mais Morales a réussi à avoir l'appui d'autres forces sociales regroupées dans le MAS : coopératives, artisans, PME, syndicats et associations diverses, cocaleros etc. C'est pourquoi Quispe n'a eu que 5 % des voix.
La propagande sur le symbole représenté par Morales vise à substituer la lutte
Indiens contre Blancs à la lutte de classes, alors que la tradition de la Bolivie était depuis longtemps la lutte de classe, avec pour fer de lance les mineurs.
L'indigénisme, qui plait beaucoup aux tiers-alter-mondialistes (1) doit donc être dénoncé pour ce qu'il est : de la pure démagogie. Morales a beau assister à des fêtes en costumes traditionnels et faire des sacrifices de lama (filmés pour la TV) dans son palais, concrétement, il refuse une vraie réforme agraire et s'opppose aux paysans sans terre.
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Notamment à Hervé Do Alto, correspondant de Rouge et du Monde Diplomatique
en Bolivie.