Violences sociales : la paille et la poutre

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Zimer » 14 Avr 2009, 17:15


a écrit :Violences sociales : la paille et la poutre

Alors que dans un certain nombre d’entreprises, les salariés menacés de licenciements ont retenu quelques heures leur patron, ou des cadres supérieurs de leur société, les réactions des politiciens de droite et de gauche et de la plupart des commentateurs des médias, se sont réparties en deux catégories.

Il y a les hypocrites, qui trouvent ces réactions « compréhensibles », mais en ajoutant qu’elles étaient illégales, qu’il ne faudrait pas y recourir et plutôt trouver autre chose comme une grève de la faim par exemple. Et il y a ceux qui se disent partisans de la « fermeté » (mais prudemment, car ils craignent une explosion sociale) comme Sarkozy déclarant : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’aller séquestrer les gens ? On est dans un Etat de droit, je ne laisserai pas faire les choses comme ça », ou comme le président de la CGPME (la confédération des prétendues petites et moyennes entreprises, qui ne sont bien souvent que des filiales des grandes) qui demande aux chefs d’entreprises de ne pas « commencer les négociations avec le pistolet sur la tempe ».

Mais les travailleurs de Caterpillar à Grenoble et à Echirolles qui sont entrés en lutte contre le projet d’un groupe, dont ils ont contribué à faire la richesse, de supprimer plusieurs centaines d’emplois, ceux de 3M à Pithiviers menacés par un plan de licenciements concernant 110 travailleurs, ceux de Sony à Pontonx-sur-Adour, menacés de la fermeture de l’usine , qui ont retenu une nuit le PDG de Sony-France, n’avaient-ils pas eux, vraiment, « le pistolet sur la tempe », bien plus que les dirigeants de leurs entreprises.

Tous ceux qui parlent de violence à propos de ces cadres ou de ces patrons retenus quelques heures contre leur gré font mine de ne pas voir que la vraie violence est celle exercée contre les travailleurs par l’ensemble du patronat, par le gouvernement à son service, pour leur faire supporter les frais d’une crise dont ils ne sont en rien responsables.

Du fait de la soif de profit de la classe capitaliste, dont les spéculations ont été à l’origine de cette crise, l’ensemble du monde du travail a vu son niveau de vie se réduire, des centaines de milliers de travailleurs sont venus grossir les rangs déjà bien trop fournis des chômeurs, tandis que les autres étaient astreints à des normes de « productivité » de plus en plus épuisantes. Ce sont ceux-là les vraies victimes de la violence sociale. Mais pour ceux qui nous gouvernent, comme pour les prétendus spécialistes de l’économie au service des possédants, ce n’est que le fonctionnement normal de l’économie.

Oui, c’est le fonctionnement « normal » de l’économie capitaliste.

Mais c’est justement de ce système dément, où la recherche du profit individuel passe avant toute autre considération, qu’il faudra sortir, pour construire une société, une économie, qui se donnera pour but premier la satisfaction des besoins et l’épanouissement de tous. En un mot, une société socialiste, non pas au sens où l’entendent les actuels grands partis de gauche, pour qui la société idéale est la société capitaliste avec des ministres de leur parti au gouvernement, mais au sens que donnaient à ce mot les militants qui furent à l’origine des partis socialistes et communistes.

Bien sûr, retenir quelques patrons ou quelques cadres ne changera pas la société, ne mettra pas non plus fin à la crise. Mais les salariés qui sont les plus menacés par la politique patronale ont raison de s’y opposer avec les moyens dont ils disposent. Leurs actions ne sont pas seulement « compréhensibles », elles sont légitimes. Absolument légitimes. Et elles méritent la solidarité de l’ensemble du monde du travail.

Arlette Laguiller
Zimer
 
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Message par Zimer » 14 Avr 2009, 17:18

:wavey: :wavey: :wavey:

Bon édito , mais :emb: :emb: :emb: :emb: :emb: C'est quoi le rapport avec " les pailles et les poutres " ???
Zimer
 
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Message par Vérié » 14 Avr 2009, 17:35

TRès bon édito. =D>
Vérié
 
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Message par Vérié » 15 Avr 2009, 08:00


L'édito de cette semaine de L'Etincelle (ex-Fraction) traite en gros le même thème.

a écrit :
De la contagion dans l’air
Une fois n’est pas coutume, il y a comme un petit air d’anxiété du côté patronal. Pas vraiment d’inquiétude pour leurs profits, stock-options, paradis fiscaux et autres parachutes dorés. Mais à force d’aligner les plans de licenciements, certains d’entre eux ont fait connaissance de plus près avec les futurs licenciés.
Cela a commencé il y a une quinzaine de jours avec le PDG du groupe Pinault-Printemps-Redoute. Un gros poisson, assis sur fortune de 7,6 milliards. Les salariés de la FNAC et de Conforama, en bataille contre 1 200 licenciements, l’ont coincé dans sa voiture une heure durant et il a dû supporter le slogan « Pinault sale escroc, la crise elle a bon dos », jusqu’à ce qu’une intervention policière vienne le tirer de cette mauvaise passe. Puis ont suivi des “séquestrations”, plus exactement des retenues de quelques heures sur site, de directeurs d’usines ou de cadres sup’ que les travailleurs avaient sous la main. Chez Scapa (dans l’Ain), une poignée de cadres ont dû passer la nuit à l’usine. Il y a eu aussi Sony (Landes), 3M (Loiret), Caterpillar (Isère)… Sans compter les œufs reçus par le patron de Continental. Ou Faurecia, dans l’Essonne, où trois cadres ont été retenus cinq heures pour une discussion un peu serrée. Bref, ces messieurs ont dû faire quelques heures sups non payées ou renoncer à passer la nuit en famille, ni plus ni moins que le quotidien de bon nombre de salariés ! Certains ont même un peu cédé sur le nombre de licenciements annoncés et de meilleures indemnités de départ.
En fait, les patrons « séquestrés » s’en sont tirés avec tout au plus une petite frousse, juste de quoi payer gentiment, une fois dans leur vie, leur dévouement à appliquer les pires décisions des actionnaires. Ils ont été soumis à une petite contrainte, sans aucune mesure avec la violence quotidienne de l’exploitation et la violence cynique des plans de licenciements.
Sans commune mesure non plus avec la violence de l’enrichissement d’une infime minorité au détriment de la majorité. Car la rage des riches à s’enrichir, en temps de crise, n’a pas disparu : ils voudraient avoir le plus de milliards possibles à jeter dans l’arène si jamais une reprise économique s’annonce. En 2009, sur les 40 entreprises françaises les plus importantes (donc cotées au CAC40), seules trois d’entre elles ne comptent pas verser de dividendes à leurs actionnaires.
Mais à force, trop c’est trop. Voilà que les salariés demandent des comptes à ces gens-là. Et ce qui leur fiche la trouille, à tous ces patrons et leurs commanditaires, ce n’est pas tant les quelques heures de retenue à la boîte, ni même les lancers d’œufs, mais la contagion de la colère, surtout dans un contexte où la population approuve la réaction des salariés. Il a suffi de voir, ce week-end, la popularité des gars de Continental défilant en vélo devant le peloton de Paris-Roubaix lors de la traversée de Compiègne.
Quant à Sarkozy, il n’a pu résister à une nouvelle boulette en prétendant qu’il ne « laisserait pas faire » face à la vague de séquestrations. Sa déclaration n’a fait que renforcer la détermination des salariés de Caterpillar qui avaient retenu quatre cadres. Ils ont d’ailleurs décidé de ne pas se rendre à l’invitation que leur a faite le président.S’il ne s’agissait que de la liberté des cadres sup’ à aller et venir, le grand patronat et le gouvernement ne seraient pas tant inquiets. Mais c’est la contagion qui les angoisse.
Les grévistes en colère d’une usine qui licencie pourraient fédérer autour d’eux d’autres salariés eux-mêmes en danger. Et si tout le monde s’y mettait, nous serions en mesure d’imposer la solution : l’interdiction des licenciements avec maintien intégral des salaires, sans parler de toutes nos autres revendications.Oui, le moindre conflit qui pourrait s’étendre et se transformer en grève générale les panique ! À juste titre. Car le rapport des forces serait alors en notre faveur, et le monde du travail pourrait enfin imposer ses règles et non plus subir l’arbitraire, la dictature et l’injustice du capital !


Vérié
 
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Message par Wapi » 15 Avr 2009, 09:55



La remarque de Zimer prouve qu'il a échappé au caté, tant mieux pour lui ! :D

Je pense qu'aujourd'hui il faut avoir, à défaut d'une éducation vaguement religieuse, au moins un certain âge pour comprendre les références évangéliques ... et avoir intériorisé quelques paroles de Jésus, toujours implicitement magnifié quand on reprend ses propos pour dénoncer des saloperies.

Ca fait au moins quelques années que les révolutionnaires ont cessé de traiter les sociaux-démocrates de "pharisiens". Et c'est bien normal, inutile de colporter, même à notre corps défendant, ces références religieuses.

C'est vrai que cet édito est excellent et qu'il remet bien les pendules à l'heure pour ce qui est de la réalité des "violences" sociales et de"l'état de droit".
Wapi
 
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Message par Vérié » 15 Avr 2009, 10:21

(Wapi @ mercredi 15 avril 2009 à 09:55 a écrit : Je pense qu'aujourd'hui il faut avoir, à défaut d'une éducation vaguement religieuse, au moins un certain âge pour comprendre les références évangéliques ...

Il me semblait que certaines formules avaient franchi les générations, du genre de celle-ci, de "franchir le Rubicon", "s'en laver les mains" ou encore "les dès sont jetés"...
Mais je surestime peut-être la culture populaire. C'est sans doute mon côté gauchiste. ;)
Vérié
 
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Message par bennie » 15 Avr 2009, 11:34

à moi aussi il fallait un explication de titre!
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Message par Bertrand » 15 Avr 2009, 12:02

:cry3:
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