par Matrok » 10 Mai 2009, 18:34
Tiens, ça me fait penser... c'est anecdotique face à ces millions de personnes déportées ou assassinées, mais dans les disques vinyles de mon grand-père (il avait une grande quantité de vinyles de musique classique, souvent des éditions économiques), mon attention avait été attirée par une version de la "Symphonie du Nouveau Monde" de Dvorak par l'orchestre symphonique de Bamberg (dont j'ignorais tout à ce moment), dirigée par Heinrich Hollreiser. J'ai écouté le disque: Pfiou ! L'une des plus grosses baffes esthétiques de mes souvenirs de mélomane. Comment un orchestre relativement méconnu pouvait sortir une interprétation pareille, avec une telle violence, un tel engagement ? Cette version de cette symphonie pourtant ultra célèbre n'était citée dans aucun ouvrage comme une version de référence, et pourtant aucune des versions "de référence" ne m'ont jamais paru arriver à ce niveau d'engagement total. J'ai donc demandé à des gens plus calés que moi et en fin de compte je pense avoir l'explication : l'orchestre symphonique de Bamberg a été fondé au lendemain de la guerre par des musiciens allemands chassés de Tchécoslovaquie, qui étaient auparavant musiciens dans des orchestres prestigieux de Prague. La musique tchèque, donc Dvorak, est par conséquent leur répertoire de prédilection. Par ailleurs cet orchestre, bien que méconnu et ce en partie parce que ses disques étaient édités dans des éditions économiques et jamais réédités, a été dirigé par de très grands chefs comme Joseph Keilberth ou Eugen Jochum, qui aurait dit qu'il s'agit d'un des meilleurs orchestres en Europe...