moi j'ai pas vu le film, mais je veux rendre un peu justice à l'auteur du CLT, parce que la citation peut paraître un peu seche, donc voici tout le paragraphe, avec une mise en gras personnelle...
a écrit :Alors, pour mettre quoi à la place ? L’artisanat local. Outre les avantages écologiques que les décroissants voient dans ce retour à la petite production, ce serait aussi, pour eux, l’occasion de revenir à une forme de travail « choisi » et non « subi ». Ils dénoncent, à juste titre, le fait que le travail soit aujourd’hui vécu comme une aliénation. Mais comme d’habitude, au lieu d’opposer à l’exploitation et à l’aliénation la lutte collective, les décroissants y répondent par des solutions individuelles : « Tant qu’il repose sur l’exploitation et la domination, écrit Paul Ariès, le travail est à fuir ! » Fuir le travail ? Cela ne peut signifier, dans la société actuelle, que deux solutions : ou bien se retirer de la société et vivre en communauté où l’on travaillera « librement » ; ou bien… vivre du travail des autres. Et certains décroissants assument très tranquillement cette solution. Il n’y a qu’à voir pour s’en convaincre le succès qu’a rencontré dans ce milieu le film récent de Pierre Carles, Attention danger travail. Ce documentaire montre des personnages qui ont abandonné le circuit du travail et qui expérimentent la « frugalité volontaire »… en vivant du RMI. Le seul problème étant que le RMI, comme toutes les prestations sociales, est financé par l’argent public, c’est-à-dire le fruit du travail de millions d’autres travailleurs. Les militants présentés dans ce film ne vivent pas en dehors de la société : ils se nourrissent, vont au cinéma, empruntent les transports collectifs. C’est-à-dire là encore se servent du travail des autres, en estimant apparemment qu’il n’y a rien de choquant à ne pas apporter, eux, leur quote-part au travail social. Cette situation qui est vécue si douloureusement par des millions de chômeurs qui eux, ne demanderaient pas mieux que de travailler pour pouvoir vivre dignement, est, pour ces décroissants, un choix, qu’ils assument et dont ils se vantent. Allant, comme un personnage du film, jusqu’à remercier leur patron de les avoir mis à la porte, ce qui leur a permis de découvrir ce qu’ils appellent « la vraie vie ».
Une fois de plus, nous sommes à cent lieues des décroissants sur ce terrain. Nous ne glorifions pas le parasitisme social – même si nous ne mettons pas sur le même terrain les exploiteurs et les « chômeurs volontaires » que les décroissants portent aux nues. Nous nous adressons à ceux qui travaillent, ceci incluant bien sûr les chômeurs à qui les patrons interdisent de travailler ; à ceux qui sont utiles à la société, à ceux qui se servent de leurs bras ou de leur tête pour produire quelque chose. Le communisme, c’est une doctrine qui se donne pour but l’émancipation du prolétariat, c’est-à-dire de la classe sociale qui travaille – et cela ne consiste pas à prôner la débrouille individuelle sur le dos des autres. Au risque peut-être de choquer certains, nous rappellerons qu’une des devises de la révolution russe était « Qui ne travaille pas ne mange pas » – et nous assumons pleinement cet héritage. Nous sommes partisans d’une société où tout le monde travaille, en fonction de ses capacités, où tout le monde participe aux tâches sociales. Dans une société débarrassée du capitalisme, le travail sera partagé entre tous, et l’humanité œuvrera à utiliser la technique, les machines, les robots, pour diminuer peu à peu le travail pénible, les tâches les plus ingrates – en espérant même qu’un jour ce travail-là disparaîtra entièrement et que l’humanité pourra tout entière se consacrer aux sciences, à l’art, aux loisirs et à la culture. Alors l’humanité aura gagné « le droit à la paresse », comme l’appelait le communiste Paul Lafargue. Mais revendiquer aujourd’hui, dans le cadre du capitalisme, ce « droit à la paresse » comme le font les décroissants, c’est entériner l’idée qu’il est normal qu’il y en ait qui balayent les rues pendant que d’autres se cultivent. Eh bien, camarades, ce ne sont pas nos idées.