La révolte gronde en Tunisie

Dans le monde...

Message par MajnûnLayla » 26 Jan 2011, 18:29

Autre info venant de Mediapart, qui montre le pouvoir que l'UGTT a déjà virtuellement entre les mains... et que sa direction se charge de donner à d'autres:

Selon plusieurs sources à Tunis, le gouvernement pourrait annoncer dans les prochaines heures la nomination de nouveaux ministres, pour remplacer les démissionnaires de la semaine dernière, en intégrant de nouvelles personnalités de l'opposition. Plusieurs militants, des droits de l'homme et syndicaux, ont été contactés. Auraient également été envisagées les démissions de certains des ministres les plus honnis de la population tunisienne.

De son côté, la centrale syndicale UGTT a décidé de convoquer à midi une réunion avec toutes les forces d'opposition, les associations de la société civile et des personnalités dissidentes comme le journaliste Taoufik Ben Brik. Cette initiative témoigne du rôle central joué par le syndicat depuis le début des mobilisations: il demande depuis la semaine dernière le départ du gouvernement. Une nouvelle grève a d'ailleurs été lancée lundi, touchant cette fois l'enseignement primaire, et suivie à 90% environ selon l'UGTT, avant un appel similaire dans l'enseignement secondaire jeudi.

«L'objectif mardi est de discuter de comment sortir de ce chaos, pour présenter une réelle alternative, et chercher un gouvernement plus représentatif, en phase avec la révolution», explique Nizar Amami, responsable de la fédération des PTT de la centrale syndicale. En cas d'accord, un gouvernement provisoire, un comité de salut national ou un conseil de la révolution, pourrait être proposé, avec pour mission de gérer les affaires courantes avant l'organisation, d'ici six mois, d'élections, et la mise en place d'une assemblée constituante.


Ce n'est pas encore l'assemblée nationale des comités populaires, plutôt un barrage, mais si ça se vérifie c'est un nouveau développement.
MajnûnLayla
 
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Message par abounouwas » 26 Jan 2011, 19:01

On a tout intérêt à rassembler et recouper un grand nombre de témoignages.
Bon, j'y étais pas mais 100.000 manifestants, c'est ce que dit le commentaire du post,
quand on sait qu'il y a en gros 250-300.000 hab. à Sfax, on se dit que c'est un chiffre énorme, d'autant plus que le panoramique de la caméra montre bien qu'il y a peut-être - à ce moment-là - un zéro de trop, wa ikûn 10 alf...
Voilà qui nous ramène au projet de la première Internationale, dont une des missions était de collecter des informations pour suivre au plus près l'évolution des luttes de classe à l'échelle mondiale.
Sur les événements actuels, je n'ai aucune religion ;-) vu la grande difficulté à se faire une idée de ce qui se passe. Regardons, écoutons. Et que la Révolution de jasmin ne s'arrête pas en si bon chemin !
abounouwas
 
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Message par MajnûnLayla » 26 Jan 2011, 19:26

(abounouwas @ mercredi 26 janvier 2011 à 19:01 a écrit : On a tout intérêt à rassembler et recouper un grand nombre de témoignages.
Bon, j'y étais pas mais 100.000 manifestants, c'est ce que dit le commentaire du post,
quand on sait qu'il y a en gros 250-300.000 hab. à Sfax, on se dit que c'est un chiffre énorme, d'autant plus que le panoramique de la caméra montre bien qu'il y a peut-être - à ce moment-là - un zéro de trop, wa ikûn 10 alf...
Voilà qui nous ramène au projet de la première Internationale, dont une des missions était de collecter des informations pour suivre au plus près l'évolution des luttes de classe à l'échelle mondiale.
Sur les événements actuels, je n'ai aucune religion ;-) vu la grande difficulté à se faire une idée de ce qui se passe. Regardons, écoutons. Et que la Révolution de jasmin ne s'arrête pas en si bon chemin !
Je suis d'accord avec toi: d'abord étudier ce qui se passe. Un processus révolutionnaire, les militants de ma génération n'en ont jamais connu où que ce soit dans le monde. Ce sont les masses tunisiennes qui aujourd'hui nous donnent des leçons, précieuses, pour notre avenir.

L'analyse vient ensuite, de même que l'orientation.

Ce que je pense pour ma part, c'est que l'"Assemblée Constituante" n'est pas un barrage dressé en défense de l'ordre bourgeois - ou alors, il faut non seulement considérer le programme de transition comme caduc (ce que je pense), mais aussi l'expérience politique précieuse qu'il concentre comme sans valeur (ce que je ne pense pas du tout).

L'Assemblée Constituante dans un pays comme la Tunisie qui n'a pas réellement connu de révolution bourgeoise, c'est aussi la manière dont les masses posent la question d'en finir avec la dictature.

Aussi ne faut-il pas dire: "pour une constituante" ou "à bas la constituante rempart dressé par l'ordre bourgeois et les appareils traîtres", mais chercher la réponse à la question: qui peut effectivement appeler une telle assemblée, et comment?

Des forces comme la direction de l'UGTT ou le PCOT mettent en avant cette perspective pour "répondre" aux aspirations des masses, mais dans le même temps ils s'empressent de confier ça, hier au "gouvernement provisoire", demain si c'est nécessaire à un gouvernement-patchwork de toutes les personnalités et groupuscules bourgeois qu'ils auront réussi à coaliser. Autrement dit, tout sauf le prolétariat.

Pour ma part je crois qu'on peut dire: seul le combat des masses pour démanteler le RCD et ses milices, disloquer l'appareil d'Etat, fédérer ses propres structures d'auto-organisation permettrait de créer les conditions favorables à l'élection d'une véritable Assemblée Constituante.

Autrement dit à ce jour, la perspective d'une assemblée nationale des comités populaires (perspective défendue par certains militants tunisiens) me semble celle qu'il faut appuyer.

Il ne s'agit pas là de donner des leçons: autant uriner dans une contrebasse. Mais simplement de dégager les enseignements que la révolution tunisienne nous permet de retirer, pour ces mouvements révolutionnaires que la crise du capitalisme prépare partout ailleurs aussi. Pour notre propre construction.
MajnûnLayla
 
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Message par Matrok » 26 Jan 2011, 19:56

(MajnûnLayla @ mercredi 26 janvier 2011 à 17:09 a écrit : [Facebook] est une source comme une autre, pas plus douteuse que Le Monde ou les communiqués de la CGT au fond.
Ben justement, j'ai tendance à pas trop faire confiance aux communiqués de la CGT quand il s'agit des chiffres d'une manif, et de ne pas prendre au sérieux les gens qui les reprennent sans critique.

Le Monde c'est déjà autre chose. Un reporter sur place, qui explique son travail et ses sources d'infos, qu'il soit publié dans Le Monde, Libération, le Figaro ou le Guardian j'ai plutôt tendance à considérer que c'est du solide. Un expert auto-proclamé basé à Paris ou Londres et qui débite des analyses savantes, même dans un journal dit sérieux, je me méfie beaucoup plus.

En tout cas, faire mine de confondre un chiffre propagandiste avec une source d'info recoupée et vérifiée, c'est idiot. Et n'importe quel journaliste, même le plus mal formé, sait à quel point il faut se méfier de Facebook ou Twitter. C'est des trucs qu'on avait déjà dit au moment des grosses manifs en Iran qui ont suivi la réélection contestée d'Ahmadinedjad. Et déjà à ce moment c'était dur de faire accepter à certains de faire gaffe à la fiabilité de leurs sources d'info...
Matrok
 
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Message par MajnûnLayla » 26 Jan 2011, 20:26

L'"objectivité" du Monde contre le "chiffre propagandiste" de l'UGTT de Sfax? C'est un point de vue... Le mien c'est que la presse bourgeoise française est tout sauf fiable au sujet de la Tunisie, et qu'en général sur les questions internationales c'est un peu de la merde. Même en Italie (dans la Repubblica par exemple) on trouve mieux. Et que le chiffre exact, comme pour n'importe quelle manif, on s'en fout: le fait est que c'est la grève générale à Sfax, après une grève générale dans le primaire, etc. Et que la puissance d'une manifestation c'est sa détermination et son contenu politique.

Il faudrait juste éviter de prendre les choses par le petit bout de la lorgnette (surtout que je n'ai jamais affirmé que FB était ma seule ou même ma principale source) et constater ce que même les journaux bourgeois (qui ne font pas de "propagande") reconnaissent: l'UGTT est une force déterminante aujourd'hui en Tunisie, profondément secouée par la révolution tunisienne..

D'ailleurs sa section locale appelle à la grève générale à Sidi Bouzid demain, d'après des sources bourgeoises "objectives".

PS: sur l'Iran je ne sais pas qui est "on", et je ne sais pas ce que disait "on" sur le sujet. Faudrait juste que tu vérifies la fiabilité de tes sources d'infos quand tu fais allusion à "certains".
MajnûnLayla
 
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Message par colbleu » 26 Jan 2011, 23:25

J’ai lu nombres de tracts et article sur la situation en Tunisie et je trouve qu’il manque a beaucoup d’entre eux de replacer ce qui se passe en Tunisie dans le contexte international. A savoir le développement de la crise mondial avec son lot d’attaque contre l’ensemble de la classe ouvrière et le développement de la lutte à l’échelle internationale dont le mouvement social en Tunisie fait partie. A mon avis mettre ça en avant, permet de ne pas faire du mouvement social en Tunisie un cas spécifique, national, comme le martèle la presse bourgeoise en France, et certainement ailleurs.

MajnûnLayla le mieux c’est de te dire comment je vois la situation. Pour ma part, après le départ de Ben Ali, (certainement poussé en sous main par l’impérialisme US ,qui a pris semble t’il un coup d’avance vis-à-vis de l’impérialisme français, qui avait complètement sous estimé la situation), le gouvernement mis en place avait pour but d’assumer une continuité avec le gouvernement précédent et dans le même temps pour calmer la rue de mettre des ministres issu de l’opposition. Certainement que cette organisation du gouvernement a du recevoir l’aval de l’impérialisme US. Mais voilà, la rue (la classe ouvrière) n’a pas voulu de cela. D’où démission des ministres ect…. Ça a posé problème à la bourgeoisie. Depuis, (et dans ce tu dis) j’ai l’impression que c’est l’ensemble de la bourgeoisie (armée, police, parti de gauche, syndicat, extrême gauche), qui met le paquet (aidé certainement par les USA. Présence indispensable, a mon avis, car après n’avoir connu qu’un Parti unique, la bourgeoisie tunisienne a peu d’expérience du processus démocratique comme l’on t les démocraties en Europe) pour tenter de faire accepter à la classe ouvrière un processus démocratique. D’ailleurs tu cites mediapart qui donne une info qui montre que la bourgeoisie veut sortir du chaos actuel. Je cite :

«L'objectif mardi est de discuter de comment sortir de ce chaos, pour présenter une réelle alternative, et chercher un gouvernement plus représentatif, en phase avec la révolution», explique Nizar Amami, responsable de la fédération des PTT de la centrale syndicale. En cas d'accord, un gouvernement provisoire, un comité de salut national ou un conseil de la révolution, pourrait être proposé, avec pour mission de gérer les affaires courantes avant l'organisation, d'ici six mois, d'élections, et la mise en place d'une assemblée constituante.

Cette déclarations montre que la bourgeoisie aidé certainement par l’impérialisme US et peut être d’autres, veut en finir avec le chaos, De Gaulle en 68 lui parlé de la chienlit. Donc avec le mouvement social. Et pour cela il faut mettre le paquet sur le processus démocratique en parlant de révolution pour que le calme social revienne. . Donc pour moi, en m’appuyant sur les informations que tu donnes, il n’y a pas de révolution et même pas un processus révolutionnaire. Ceci ne veut pas dire qu’il ne ces rien passé. J’ai déjà dit dans une intervention précédente toutes leçons importante qu’amenne ce mouvement social à la classe ouvrière internationale.

Colbleu
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Message par louis panier » 27 Jan 2011, 11:18

quelques éléments apportés par un militant tunisien du P.D.P, réfugié en france :
- Aujourd'hui, le risque le plus grand est le coup d'État militaire
- les membres du R.C.D présents dans le gouvernement transitoire y ont été imposés par l'armée comme gage de stabilité/continuité
- Les Etats-Unis sont derrière l'armée, comme la France était derrière Ben ALi.
- le P.C.O.T conteste le gouvernement actuel mais n'organise rien par ailleurs, ne propose pas de gouvernement alternatif.
- Les "Communes" ou "débuts de soviet" dont on parle ici ou là sont des projections de nos envies, des observations erronées.
- chaque jour le P.D.P se demande si il doit ou non quitter le gouvernement. Pour le moment, il y reste pour ne pas laisser l'armée apparaitre comme seule solution de gouvernement pour la Tunisie.

Ceci est apporté comme contribution au débat.
Je ne fais pas miens l'intégralité de ces propos.
Mais je n'avais pas encore eu l'occasion d'entendre cette voix.
louis panier
 
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Message par Matrok » 27 Jan 2011, 11:21

(colbleu @ mercredi 26 janvier 2011 à 22:25 a écrit :J’ai lu nombres de tracts et article sur la situation en Tunisie et je trouve qu’il manque  a beaucoup d’entre eux de replacer ce qui se passe en Tunisie  dans le contexte international. A savoir le développement de la crise mondial avec son lot d’attaque contre l’ensemble de la classe ouvrière et le développement de la lutte à l’échelle internationale dont le mouvement social en Tunisie fait partie. A mon avis mettre ça en avant, permet de ne pas faire du mouvement social en Tunisie un cas spécifique, national, comme le martèle la presse bourgeoise en France, et  certainement ailleurs.

... Ou comment tirer une conclusion fausse de banalités. Que ce qui se passe en Tunisie en ce moment est lié à la crise mondiale, certes. Mais ça se passe en Tunisie, et pas en France ni aux États-Unis. Donc oui, c'est un "cas spécifique, national", et ce n'est pas parce que la presse bourgeoise le dit que c'est forcément faux. D'ailleurs c'est bizarre, tu commences ton message par ces mots très généraux et faux, et par la suite tu n'en tiens aucun compte, et tu continues d'analyser ce qui se passe en Tunisie de façon spécifique... Comme quoi tu dois bien être conscient que c'est une énormité.

Au passage, et là c'est aussi à MajnûnLayla et polo2001 que je m'adresse, ce mot magique "presse bourgeoise" est bien facile pour évacuer tout recul critique sur les sources. C'est certes vrai que les journalistes ne sont pas libres d'écrire ce qu'ils veulent, et que les rédactions des grands journaux obéissent de façon générale à d'autres intérêts que l'objectivité de l'information. Mais il existe cependant un métier du journalisme, une méthode : la vérification et le recoupement des sources, ou bien le reportage, etc... Facebook, Twitter, et pas mal de nouveaux médias participatifs (indymedia par exemple) y sont totalement étrangers. Du coup quand on trouve une info sur ces sites, il faut faire soi-même le travail de vérification et de recoupement des sources.

a écrit :MajnûnLayla le mieux c’est de te dire comment je vois la situation. Pour ma part, après le départ de Ben Ali, (certainement poussé en sous main par l’impérialisme US ,qui a pris semble t-il un coup d’avance vis-à-vis de l’impérialisme français, qui avait complétement sous estimé la situation), le gouvernement mis en place avait pour but d’assumer une continuité avec le gouvernement précédent et dans le même temps pour calmer la rue de mettre des ministres issu de l’opposition. Certainement que cette organisation du gouvernement a du recevoir l’aval de l’impérialisme US. Mais voilà, la rue (la classe ouvrière) n’a pas voulu de cela. D’où démission des ministres etc…. Ça a posé problème à la bourgeoisie. Depuis, (et dans ce tu dis) j’ai l’impression que c’est l’ensemble de la bourgeoisie (armée, police, parti de gauche, syndicat, extrême gauche), qui met le paquet (aidé certainement par les USA. Présence indispensable, a mon avis, car après n’avoir connu qu’un Parti unique, la bourgeoisie tunisienne a peu d’expérience du processus démocratique comme l’ont les démocraties en Europe) pour tenter de faire accepter à la classe ouvrière un processus démocratique.


Que c'est schématique, illogique et mal assuré... Et bêtement antidémocratique en plus... Je ne vais discuter que deux points :

Commençons par le rôle de l'impérialisme US... Que je ne nie pas, mais pour lequel j'aimerais bien avoir des éléments concrets. Encore une fois, répéter "certainement" à longueur de phrases ne donne pas de consistance à cette info. Quelles preuves as-tu du rôle de l'impérialisme US ? Et quel est précisément son rôle selon tes sources ? Qu'est-ce que tu peux prouver ? J'insiste parce que ce rôle des USA est invoqué vaguement par bon nombre de commentateurs, avec des "preuves" plutôt maigres : les déclarations de l'administration américaine ont été tout de suite plus anti-Ben Ali que celles de Paris. Cela n'éclaire pas du tout comment concrètement les USA ont fait...

Passons à "la rue (la classe ouvrière)" contre "l’ensemble de la bourgeoisie (armée, police, parti de gauche, syndicat, extrême gauche)". Ce n'est pas sérieux, ça fait fi de toute observation des faits pour plaquer un schéma tout fait. Et quel schéma... Je retiens qu'un "lecteur de Révolution Internationale" considère a priori que les syndicats et l'extrême gauche font partie de la bourgeoisie alors que la classe ouvrière c'est la rue. Ben voyons. Dans la rue, dans la semaine qui a précédé le renversement de Ben Ali, il y avait notamment des avocats, des artistes, des chefs d'entreprise... tous les journalistes sur place l'ont observé, et si on sait lire Facebook ou les blogs on le constate aussi ! Je veux bien concéder que la composition sociale des manifestants a sans doute évolué une fois Ben Ali enfui (encore qu'il faudrait le prouver). Mais prétendre qu'aujourd'hui "les partis de gauche, le syndicat, l'extrême gauche" voudraient "faire accepter à la classe ouvrière un processus démocratique"... Mais c'est ce que la rue demande, la démocratie ! Plus précisément, pour le moment ce qu'elle demande c'est que l'on vire les ministres issus de la dictature. Alors peut-être que par "processus démocratique" tu entends la caricature de démocratie qu'est le gouvernement "provisoire" d'union nationale formé par des caciques du RCD et quelques "opposants" pas trop regardants ? Mais même alors c'est faux de dire que syndicats, partis de gauche et d'extrême gauche tentent de le faire accepter à la classe ouvrière. Les ministres qui ont démissionné sont justement ceux issus du syndicat UGTT. Combien de faits faut-il oublier pour pouvoir plaquer un schéma aussi faux ?
Matrok
 
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Message par Matrok » 27 Jan 2011, 11:49

Je poste ici un article du site tunisien Nawaat, signé Fatma Benmosbah, et par ailleurs repris dans Courrier International.

(Fatma Benmosbah @ 25 janvier 2011, Nawaat a écrit :Le face à face Bobos contre Prolos

Le peuple a réussi à faire chuter Ben Ali. Mais la révolte gronde encore.

Depuis une semaine, les manifestations se poursuivent à travers tout le pays. Leurs revendications ?

Le départ de Ghannouchi, et de tout le gouvernement de coalition qu’il vient de former en attendant des élections libres qui devraient se dérouler dans quelques mois.

Alors que certains lui accordent leur confiance et attendent de lui de remettre le pays sur pied, les autres le considèrent comme les autres caciques du régime qui détiennent les ministères régaliens, des restes de l’ancienne dictature. Si on les laissait faire, ils ne tarderaient pas à s’approprier la révolution, en faisant main basse sur tous les rouages de la société tunisienne.

Sur le terrain se joue aujourd’hui un face à face bobos contre prolos : deux révolutions, deux forces en présence.

D’une part, la petite bourgeoisie citadine. Ce sont ces jeunes et ces moins jeunes qui se sont très vite rangés du côté des insurgés. Excédés par la censure, le manque de liberté et la répression, écœurés par la gloutonnerie matérielle des clans Ben Ali -Trabelsi, ils ont toute de suite saisi l’occasion d’exprimer leur soif d’indépendance et leur haine du régime. Ils ne sont pas toujours descendus dans la rue mais à travers leur manipulation de l’outil internet, particulièrement via les réseaux sociaux, ils ont parfaitement joué le rôle de média citoyens, relayant l’information, postant des vidéos en live de la situation sur le terrain. C’est souvent grâce à eux que les grandes chaînes d’informations comme Al Jazeerah, France 24 ou Al Arabya ont parachevé leur couverture des événements de ce début du mois de janvier. En gonflant les rangs de la grande manifestation du 14 janvier, ils ont fourni la contribution nécessaire pour gagner la dernière manche, le coup fatal qu’il restait à apporter à la présidence de Ben Ali. Leur mission achevée, ils ont regagné leurs garnisons pour essayer de reprendre une vie plus ou moins paisible, laissant à la nouvelle équipe le soin de remettre les choses sur les rails.

Même si certains opposants siègent aujourd’hui au gouvernement, on ne leur connaît pas de chef de file mais il est clair que cette tranche de la population sert de base au Premier ministre et à son équipe. Nul ne peut encore donner la mesure de sa solidité.

De l’autre côté, la population de l’intérieur du pays. Laissée pour compte depuis l’ère bourguibienne, c’est de chez elle qu’est partie l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. C’est cette population qui, bien que désarmée, est descendue dans la rue. C’est encore elle, acceptant de recevoir des balles réelles en pleine poitrine et à la tête, qui a fait face à la sanguinaire machine policière. Comme les jeunes citadins, les jeunes et les moins jeunes de l’intérieur étaient également excédés et écœurés, mais pour des raisons différentes. Si démocratie et liberté se retrouvent dans la nomenclature de leurs revendications, ils y ajoutent la précarité et le chômage. Aussi bien instruits et formés que leurs concitoyens citadins, ils se retrouvent obligés d’accepter des sous-emplois pour pouvoir trouver de quoi diner.

Ayant plus connu la répression brutale et souvent mortifère du gouvernement pour s’être parfois soulevée et avoir crié son désespoir, cette population n’accorde aucun crédit à tous ceux qui lui rappellent de près ou de loin les sombres années du régime de Ben Ali. Elle veut, exige et ordonne le départ séance tenante de Ghannouchi et de toute son équipe. Elle n’a pas oublié les promesses non tenues du 7 novembre 1987 et plus récentes encore, celles de Rdayef, le bassin minier de Gafsa.

Détachées du confort matériel que de toute façon elle ne possède pas, elle est prête à aller jusqu’au bout pour défendre ce qu’elle appelle « sa révolution ».

Armée de convictions très ancrées dans l’esprit de toutes ses composantes, soutenue par un syndicat très fort, elle a installée ses quartiers devant le Premier ministère en attendant d’en déloger ses locataires. Combien de temps ces derniers tiendront-ils ?

Deux camps, deux points de vue, deux revendications. Pluralités d’idées ou fissures dans la solidarité ?

La révolution du 14 janvier n’a pas encore dit son dernier mot. Il est certain qu’aujourd’hui la Tunisie va au devant de nouveaux événements dont l’impact sera encore plus profond que le départ de Ben Ali ?

Il semble que comme dit si bien WINSTON CHURCHILL « This is not the end. It is not even the beginning of the end. But it is, perhaps, the end of the beginning”- Ceci n’est pas la fin. Ce n’est même pas le début de la fin. Mais c’est peut-être la fin du début.
Matrok
 
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