Je vais répondre avant tout à Remarque, qui est le plus clair dans la position avec laquelle je suis en désaccord.
Je glisse donc sur la remarque de Yannalan, qui (pour une fois) me semble totalement dénuée de la moindre pertinence. La question n'est pas de savoir si LO organise un service de prostitution à sa fête (n'importe quoi !), le parallèle serait de savoir si LO va légiférer sur la manière dont les gens peuvent avoir des relations sexuelles dans sa fête, en allant vérifier si telle ou telle n'a pas aguiché tel autre pour lui proposer des services sexuels en échange (explicite ou tacite) d'autre chose (du genre "open access au stand charlotte"), ou si l'accord n'a pas eu lieu sur la base d'une proposition en sens inverse.
L'accusation de "relativisme" est doublement sans fondement :
- on n'est pas dans le domaine de la détermination du vrai en fonction des lois de la nature, on est dans le domaine dans la détermination du "bien" (ou du "moins mal") dans le domaine de la morale. Entre un précepte éthique et la loi de la gravité, vous ne voyez pas la différence de nature [je dis "vous" parce que j'ai l'air d'être seul contre tous, ce qui ne me plaît pas vraiment]? Il y en a un qui est une construction humaine en fonction de valeurs et de projets politiques, et l'autre qui est une simple expression de phénomènes naturels objectifs existant indépendamment de la perception humaine.
- il se trouve que je fonde ma position sur un précepte moral absolu et pas relatif, qui est le droit absolu de deux adultes consentants à faire ce qu'ils veulent de leur corps, y compris à le monnayer si ils en sont d'accord. Quelqu'un peut-il me démonter cet absolu (sans passer par une utilisation de la notion d'aliénation revenant à dire à l'un des deux "tu n'es en fait pas maître de toi-même, je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi") ?
J'aime bien le philosophe Ruwen Ogien et sa conception de la moralité limitée à quelques principes absolus , dont celui que je viens d'énoncer. Il me semble que trangresser ce principe, cet absolu, est précisménet le commencement de la morale de curé qui se donne le droit de porter un jugement sur les pratiques de deux adultes consentants, voire de légiférer à leur sujet.
J'introduis là un deuxième absolu moral qui a un rapport avec la centralité de la notion d'égalité dans ce qui me semble être la morale communiste : ne jamais avoir de relations sexuelle avec une personne vis à vis de laquelle je suis en situation d'autorité. Ex : si j'étais prof de fac, je ne coucherais jamais avec une de mes étudiantes, serait-elle largement majeure et ce rapport ne serait-il pas marchand... pour un sou. Cette situation me semble plus difficile à accepter qu'un rapport sexuel fondé sur un échange marchand, qui peut être plus égalitaire. D'ailleurs, il me semble que les riches achètent les services de call girls de luxe qui sont elles aussi très riches, alors que les pauvres fréquentent des filles du trottoir bien plus désargentés : les client et prostitués sont peut être plus proches entre eux, dans leur milieu propre, que ne le postule la différence fondamentale entre le client - très méchant- et la prostituée - pauvre victime qui est au choix esclave ou un peu gourde, selon les clichés (même si ceux ci, notamment le premier, corrpeond à un apsct de la réalité). [Evidemment, dans le cas du tourisme sexuel, la différence de revenu entre la personne issue d'un pays industrialisé et l'autochtone annule tout ce que je viens de dire]
Donc, puisqu'il faut énoncer des évidences, évidemment que la question de la pédophilie n'a rien à voir avec ça, parce qu'un enfant n'est pas un adulte, parce qu'un adulte est toujours en situation d'autorité sur un enfant (d'une manière ou d'une autre), et qu'il ne s'agit jamais là d'une relation égale, il y en a toujours un qui est "abusé" [avec le problème des effets de seuil - à 17 ans certain(e)s sont plus mûrs et conscients que d'autres à 22 - et des cas limlites ou extrêmes - comme un cas célèbre dans les années 70 d'une prof amoureuse d'un de ses élèves, et qui s'était fini tragiquement si je me souviens bien]. Ceci dit, heureusement qu'il s'est trouvé dans la grand délire gauchiste de l'après 68 des gens pour ne pas dériver sur la question de la pédophilie, c'est à leur honneur.
Puisqu'on en est à être un peu choqués par ce que disent les uns ou les autres, je suis pour ma part choqué par ce passage de l'argumentation de Remarque :
a écrit :
oui, la caissière est soumise à l'exploitation, mais NON, nous ne pensons pas et n'avons jamais pensé que se faire exploiter est dégradant, que travailler pour un patron est dégradant.
Parce que tu trouves que la prostituée est dégradée par son activité, peut -être ?
Ce n'est pas comme ça que tu vas me convaincre qu'il n'y a rien de catho dans ta morale.
Et pourquoi c'est selon toi "dégradant" de se prostituer ?
Sinon, je précise que je ne vais pas comme certains jusqu'à penser que la prostitution est un "métier" comme un autre. Il y a quelque chose relevant de l'intime dans la relation sexuelle (si quelqu'un me trouve catho, là, qu'il n'hésite pas à le signaler) qui fait que je ne peux pas imaginer orienter mes élèves de 3e vers un CAP "prostitution" ou "pornographie" (au fait, vous en faites quoi de la pornographie, dans la morale communiste telle que vous la concevez ? Parce que la frontière avec la prostitution est très très mince.... Il faut punir les (a)mateurs de Marc Dorcel ? )? Je n'imagine pas un CAP au cours duquel on apprendrait les meilleures techniques de fellation, de sodomie ou de cunnilingus (à ce sujet, vous en faites quoi, de la prostitution masculine, qui est largement homo mais aussi parfois hétéro ? Vous mettez où la limite entre ce qui relève de la prostitution et ce qui relève du massage/détente, par exemple ? A quel moment c'est mal d'utiliser le corps d'autrui pour son propre bien être dans un échange tarifé ? ).
Mais justement parce que c'est de l'ordre de l'intime, je ne vois pas l'Etat légiférer ni pour interdire d'une manière ou d'une autre la prostitution, ni pour l'encadrer (en termes de "formations" ou de reconnaissance d'un métier. Un statut social, par contre, reconnaissant l'origine des revenus et permettant de cotiser pour une retraite, c'est différent). C'est une activité qui existe, qu'il n'y a pas à abolir comme on abolit les privilèges une nuit du 4 août. Si on pense que cette activité est liée à la misère et à l'exploitation (ce qui me semble être très largement le cas), alors que l'Etat se démmerde pour faire disparaître la misère et abolir l'exploitation, et on verra bien ce qui se passe...
En attandant, soutenir ou accepter la pénalisation des clients, outre que cela me semble moralement douteux, participe à la précarité de la condition prostituée, je n'ai encore vu personne me répondre là dessus.