Informations Ouvrières N° 141, semaine du 24 au 30 mars 2011
L'EDITORIAL
Et le POI dans cette situation ?
A ceux qui, prétendument de « gauche », ont osé faire appel à l’intervention militaire en Libye, on rappellera la phrase d’Anatole France: « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les marchands de canons. »
Aujourd’hui, les marchands de canons ont laissé la place aux grands trusts pétroliers et à la défense des « accords d’association » organisant le pillage des nations par l’Union européenne et le Fonds monétaire international.
Mais pas plus qu’hier, les bombes larguées des avions français, américains ou anglais n’ont pour objectif de faire triompher la démocratie et la liberté.
Un même consensus amène ces « responsables » à réaliser l’union sacrée autour de l’intervention en Libye et à s’aligner en France sur la politique de l’Union européenne.
Mais précisément, cette politique a fait l’objet d’une abstention-rejet massive dimanche dernier (lire la déclaration du POI).
Et le Parti ouvrier indépendant dans cette situation ?
Quelles perspectives contribue- t-il à ouvrir ?
L’un de nos candidats nous écrit au lendemain du premier tour: « 7% et 8% dans deux communes ouvrières, 5%sur la totalité de ce canton très ouvrier. Lors du mouvement sur les retraites, les travailleurs y étaient en grève massivement et avaient manifesté à la sous-préfecture. A vrai dire, “ma campagne” pour les cantonales s’est surtout enracinée dans le prolongement de cette mobilisation qui, dans notre canton, a vu l’ensemble des unions locales se prononcer pour le retrait de la contre-réforme. Pour l’essentiel, ce sont des militants syndicaux non membres du POI qui, comme citoyens n’engageant pas leur organisation, ont fait campagne. Dans quatre communes de ce canton où les forces organisées du Parti ouvrier indépendant étaient jusqu’à présent limitées, des camarades aux appartenances et aux responsabilités les plus diverses dans le mouvement ouvrier, avec qui nous avions combattu au coude à coude pour l’unité pour le retrait de la contre-réforme Woerth-Fillon, se sont saisis de ma candidature. D’une certaine manière, ils ont utilisé ce cadre des cantonales pour exprimer sur le plan électoral (bien déformé du fait des institutions de la Ve République, elle-même reliée à l’Union européenne) ce qui les avait amenés à être les organisateurs locaux du mouvement des retraites. Pour moi, cela montre en creux la nécessité que ce levier politique que représente un authentique parti ouvrier indépendant soit perçu comme une force à tous les niveaux. Ce qui renvoie à la nécessité générale pour la classe ouvrière d’ouvrir par sa propre action la voie de la rupture avec la Ve République et l’Union européenne, et d’imposer l’Assemblée constituante souveraine. Maintenant, la question qui nous est posée c’est : regrouper et renforcer ce Parti ouvrier indépendant dans le canton. »
Regrouper et renforcer un authentique parti ouvrier indépendant, capable de faire d’une campagne — électorale dans la forme— le prolongement et l’expression politique des processus de la lutte de classe: c’est possible dans tous les cantons, dans tout le pays.
C’est possible, mais aussi nécessaire.
La crise de décomposition de la Ve République et de l’Union européenne s’approfondit de jour en jour; la marche à la guerre s’accélère; la classe ouvrière et le peuple expriment par l’abstention leur rejet de cette politique…mais aussi leur aspiration à s’ouvrir une issue.
Construire un authentique parti ouvrier indépendant, c’est contribuer à répondre à cette aspiration.
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI