DSK : garde à vue pour agression sexuelle

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Ian » 16 Mai 2011, 21:52

(Harpie @ lundi 16 mai 2011 à 22:35 a écrit :http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/c...a-cour-dassises

Un début de réponse, je vais essayer de retrouver des enquêtes plus officielles. Mais apparemment ce n'est pas la fréquence des viols qui diffère, mais le nombre de dénonciations et le nombre de condamnations.

L'article rappelle aussi que la plupart des viols ont lieu dans le cercle familial...

Ca tombe bien, ton article dit exactement ce que je dis :
a écrit :Les viols discrets de la bourgeoisie


« On le sait depuis longtemps, à travers toute la littérature sur le viol : il sévit dans tous les milieux sociaux », rappelle Véronique Le Goaziou. Et pourtant, aux Assises, 9 auteurs sur 10 sont issus de milieux défavorisés. Décalage, là encore, entre les portes du tribunal et le monde du dehors.

« On sait qu'on trouve toujours dans les tribunaux un public plutôt issu des milieux populaires. Mais là, nous sommes dans un exemple très précis de distorsion flagrante », juge la sociologue. Qui avance une double explication :

Les cas de viols sont plus aisément détectables dans les milieux populaires, « déjà souvent inscrits dans un système de surveillance, d'accompagnement, de contrôle ». Pas forcément au sens négatif du terme, comme le suivi par les services sociaux. Mais ils existe « une suspicion plus forte à l'égard de ces milieux », estime la sociologue.

A l'inverse, les classes plus aisées cherchent à mobiliser d'autres ressources pour éviter de passer par la case justice. Et « la pression pour maintenir la paix dans la cellule familiale est bien plus forte », analyse Véronique Le Goaziou.

Au final, « on ne voit pas de personnes aisées jugées pour viol aux Assises, sauf rares exceptions : un général à la retraite, un chef des pompiers, un ingénieur... je me souviens de leurs métiers, tellement ils sont rares », commente la sociologue.

A partir de ces travaux, Véronique Le Goaziou a débuté l'écriture d'un livre, qui doit paraître courant 2011.


En résumé, ton article rappelle qu'on évalue que plus de 9 viols sur 10 ne font l'objet d'aucune plainte et que les plaintes sont d'autant plus rares qu'on est dans des milieux bourgeois. De là à tirer des statistiques précises et crédibles sur le taux de viols dans tel ou tel milieu social, ça me paraît bien difficile vu le peu de viols officiellement "enregistrés" (en proportion).
Tout ce qu'on sait c'est qu'il y en a dans toutes les classes sociales et avant tout l'intérieur même de la cellule familiale. Pour le reste, je suis pas sûr qu'on puisse en dire grand chose.
Ian
 
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Message par Zelda » 16 Mai 2011, 22:03

Dans le Figaro, ce petit questions-réponses sur le système judiciaire américain.

a écrit :Les différents scénarios qui attendent DSK

Caution, déplacements limités, procès, arrangement à l'amiable… Le figaro.fr revient avec un spécialiste du droit américain sur les options qui se présentent au patron du FMI dans la bataille judiciaire qui s'annonce.

Combien de temps Dominique Strauss-Kahn peut-il encore rester en garde à vue?

Contrairement à la France, il n'y a pas de délai limite pour une comparution. Inculpé de tentative de viol, Dominique Strauss-Kahn devait comparaître dimanche soir devant un juge. Mais l'audience a été reportée à lundi pour permettre aux autorités de rechercher de nouvelles preuves (notamment des tests ADN). Aux Etats-Unis, la comparution préliminaire a lieu quand le dossier de l'accusation dispose de suffisamment de preuves, expliqueJean-Eric Branaa, spécialiste du droit américain enseignant à Paris-Assas. La justice américaine repose sur un système accusatoire. Le procureur rassemble les preuves pour démontrer l'éventuelle culpabilité de l'accusé. À la défense de prouver l'innocence de son client.

A quoi sert cette audience préliminaire ?

Première apparition de l'accusé devant un tribunal, cette audience peut être rapide, entre 5 et 10 minutes. L'acte d'accusation va être lu. L'accusé va déclarer s'il plaide coupable ou non coupable. Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont déjà indiqué que le patron du FMI plaidera non coupable. Ce qui veut dire qu'il demande un procès. De son côté, le procureur exposera les preuves dont il dispose. A la lumière des arguments de la défense et de l'accusation, le juge décidera ou non de la remise en liberté de l'accusé et sous quelles conditions de caution, de restriction de déplacements…

Si DSK plaide non coupable, le juge convoquera donc un «grand jury» de 16 à 23 citoyens. Ce «grand jury», qui peut se réunir dans les prochains jours, écoutera la position du procureur et celle de la défense. S'il estime disposer de suffisamment de preuves, il votera pour une inculpation formelle ( «indictment»). Le vote ne requiert pas l'unanimité mais seulement une majorité des jurés. S'ils se prononcent pour une inculpation, le cas de DSK passera à la Cour suprême de l'Etat de New York devant laquelle se tiendra son procès. Le terme de «cour suprême» est très trompeur pour l'Etat de New York car, contrairement aux autres Etats, il s'agit en fait ici de la cour de première instance.

Dominique Strauss-Kahn peut-il être libéré sous condition ?

L'Etat de New York a une des législations en matière de mœurs les plus sévères des Etats-Unis. Un suspect de tentative de viol serait plutôt maintenu en détention, estime Jean-Eric Branaa. Mais Dominique Strauss-Kahn présente de nombreuses garanties qui permettraient une libération. «Il est directeur général du FMI, il a été ministre. On peut estimer que si on le remet en liberté, il y a peu de chance qu'il commette, s'il est coupable, le même acte ».

Quel pourrait être le montant de la caution ?

Pour Jean-Eric Branaa, elle devrait être élevée. Le garant de caution juridique (bondsman en anglais) en charge des intérêts de DSK, Ira Judelson, estime que la somme pourrait varier entre 250.000 et 5 millions de dollars. Reste à savoir comment l'ancien maire de Sarcelles avancera un tel montant. La caution est normalement couverte par des biens, notamment immobiliers. Lorsque les prévenus s'adjoignent les services d'un bondsman, ils ne payent qu'un pourcentage de la somme demandée, souvent 10%, le reste est garanti par le bondsman.

Les mouvements de DSK peuvent-ils être restreints ?

Ira Judelson a indiqué à la presse que le passeport de DSK a été confisqué. Jean-Eric Branaa estime qu'il devrait le rester et n'exclut pas que le socialiste soit assigné à résidence à New York ou dans l'Etat de New York. Les Etats américains n'ont pas la même législation. Pour éviter toute complication juridique, la justice pourrait préférer empêcher Dominique Strauss-Kahn de se rendre dans d'autres Etats.

Dominique Strauss-Kahn peut-il négocier avec son accusatrice ?

Le fait de plaider non coupable ne lui permet pas de négocier un accord dans son procès pénal. Un accord entre accusation et défense sur une peine allégée serait possible seulement s'il décidait de plaider coupable. En théorie, Dominique Strauss-Kahn pourrait négocier avec la femme de chambre pour éviter un procès au civil où il risquerait d'être condamné à de lourds dommages et intérêts. «Mais je vois mal la plaignante entrer dans une telle discussion alors qu'elle pourrait retirer beaucoup d'argent d'une procédure au civil. J'imagine qu'elle a déjà été contactée par de nombreux avocats, âpatés par le gain, qui lui suggèrent de lancer un tel procès », juge Jean-Eric Branaa.


Un commentaire, au boulot, pas mal de gens de gauche penchent pour la thèse du complot.
Zelda
 
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Message par luc marchauciel » 16 Mai 2011, 22:11

On peut compléter le post de Zelda avec la présentation des procédures judiciaires étatsuniennes par |Ni Dieu Ni] Maitre Eolas sur son blog [avec en prime le clip de la chanson azerbaidjanaise à l'Eurovision] :

a écrit :
De quelques aspects juridiques de l'affaire DSK

Par Eolas le Lundi 16 mai

Nous sommes tous sous le choc après ce week end. Un coup de tonnerre dans un ciel bleu n’aurait pu nous plonger plus dans la sidération. Comme vous, je ne comprends pas. C’est d’ailleurs incompréhensible. Cette victoire de l’Azerbaïdjan à l’Eurovision ne trouvera jamais d’explication rationnelle.

Traitons donc un sujet plus léger, avec l’affaire DSK.

Il ne s’agit pas ici de démontrer la culpabilité ou l’innocence du directeur général du FMI : des confrères plus compétents que moi — et bien mieux payés — s’en chargent. Pas plus que de tenter de démontrer un hypothétique complot, dans un sens ou dans l’autre, mais de décrire et expliquer la procédure pénale dont il fait l’objet pour comprendre ce qui se passe et ce qui va se passer. Je précise que je n’ai pas la prétention d’être avocat au barreau de New York et prie de plus éminents spécialistes que moi de pardonner mes erreurs éventuelles et approximations probables, et je rectifierai le billet au besoin. La traduction de termes juridiques étant source de confusion, j’utiliserai le vocabulaire anglais dans la langue de Shakespeare : en effet, un mandat d’arrêt est une chose en droit français, un arrest warrant en est une autre. En outre, cela vous facilitera la lecture de la presse américaine.

Rappelons brièvement les faits : DSK est suspecté (à ce stade, il n’est pas encore accusé, vous allez voir) d’avoir surgi, nu, face à une femme de chambre qui était entrée, croyant la chambre vide, pour la remettre en ordre. Après avoir fermé la porte à clef, il lui aurait imposé une fellation, aurait tenté de lui ôter ses vêtements pour la connaître plus avant, mais celle-ci a réussi à s’échapper. La police, arrivée sur place, aurait constaté qu’il avait quitté les lieux, oubliant un de ses (sept) téléphones mobiles, et a retrouvé sa trace dans la liste des passagers d’un vol Air France pour Paris.

Il a été interpellé à bord par la Port Authority of New York and New Jersey, la police aux frontières locale, et remis à la police de New York, plus précisément à la Special Victims Unit, l’Unité Spéciale des Victimes, que les spectateurs de TF1 connaissent bien, mais on me signale que ceux-ci sont rares en ces lieux.

Aux États-Unis, comme en Angleterre, la police a un vaste pouvoir d’enquête, et d’initiative sur les enquêtes. Contrairement à la France où le parquet dirige l’enquête et donne des instructions à la police qui sont en réalité des ordres, le district attorney découvre le dossier quand la police le lui amène avec le suspect. Pour certains dossiers graves, il peut avoir un rôle de conseil de la police, lui indiquant les preuves dont il a besoin pour pouvoir engager les poursuites. Les deux autorités sont plus séparées qu’en France.

L’arrestation peut avoir lieu sans mandat (arrest warrant) dans deux cas : le crime a lieu en la présence de l’officier de police, ou si l’officiers à des indices suffisants pour arrêter la personne (sufficient grounds). De manière générale, une arrestation au domicile suppose qu’un juge délivre un arrest warrant.

La première phase est celle du booking et a lieu au poste de police. Prise d’empreintes, photo pour l’identité judiciaire, levée des antécédents judiciaires (criminal record, qui à New York s’appelle NYSID report ou “rap sheet”. Le suspect peut être interrogé, mais il a le droit de garder le silence (qui ne sera jamais retenu à charge contre lui, contrairement à la France, qui n’est pas encore sortie du moyen-âge judiciaire, on y travaille). Il peut être assisté d’un avocat qui a le droit d’intervenir pendant les interrogatoires (le parquet de Paris frissonne de terreur face à cette perspective). L’officier de police en charge du dossier (généralement le premier arrivé sur place) rédige un rapport, le criminal complaint, qui est la base des poursuites.

Les faits les moins graves donnent lieu rapidement à remise en liberté avec convocation directe devant le juge (Desk Appearence Ticket, DAT). Ici, nous sommes en présence d’une felony, en haut de l’échelle de gravité, donc pas de DAT, mais présentation à un juge. Cet état d’arrestation doit être le plus bref possible. La loi prévoit un délai de 48 heures en cas d’arrestation un week end, mais cette règle ne s’applique pas à New York City, où des audiences se tiennent 365 jours par an (366 les années bissextiles, de 09h00 à 01h00). Dans cette affaire, DSK a accepté que cette audience, qui pouvait avoir lieu dimanche (New York city’s justice doesn’t sleep), soit reportée à lundi pour permettre des tests ADN.





Suite sur

http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/05/16...e-l-affaire-DSK
luc marchauciel
 
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Message par Harpie » 16 Mai 2011, 22:13

(Ian @ lundi 16 mai 2011 à 22:52 a écrit :
(Harpie @ lundi 16 mai 2011 à 22:35 a écrit :http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/c...a-cour-dassises

Un début de réponse, je vais essayer de retrouver des enquêtes plus officielles. Mais apparemment ce n'est pas la fréquence des viols qui diffère, mais le nombre de dénonciations et le nombre de condamnations.

L'article rappelle aussi que la plupart des viols ont lieu dans le cercle familial...

Ca tombe bien, ton article dit exactement ce que je dis :
a écrit :Les viols discrets de la bourgeoisie


« On le sait depuis longtemps, à travers toute la littérature sur le viol : il sévit dans tous les milieux sociaux », rappelle Véronique Le Goaziou. Et pourtant, aux Assises, 9 auteurs sur 10 sont issus de milieux défavorisés. Décalage, là encore, entre les portes du tribunal et le monde du dehors.

« On sait qu'on trouve toujours dans les tribunaux un public plutôt issu des milieux populaires. Mais là, nous sommes dans un exemple très précis de distorsion flagrante », juge la sociologue. Qui avance une double explication :

Les cas de viols sont plus aisément détectables dans les milieux populaires, « déjà souvent inscrits dans un système de surveillance, d'accompagnement, de contrôle ». Pas forcément au sens négatif du terme, comme le suivi par les services sociaux. Mais ils existe « une suspicion plus forte à l'égard de ces milieux », estime la sociologue.

A l'inverse, les classes plus aisées cherchent à mobiliser d'autres ressources pour éviter de passer par la case justice. Et « la pression pour maintenir la paix dans la cellule familiale est bien plus forte », analyse Véronique Le Goaziou.

Au final, « on ne voit pas de personnes aisées jugées pour viol aux Assises, sauf rares exceptions : un général à la retraite, un chef des pompiers, un ingénieur... je me souviens de leurs métiers, tellement ils sont rares », commente la sociologue.

A partir de ces travaux, Véronique Le Goaziou a débuté l'écriture d'un livre, qui doit paraître courant 2011.


En résumé, ton article rappelle qu'on évalue que plus de 9 viols sur 10 ne font l'objet d'aucune plainte et que les plaintes sont d'autant plus rares qu'on est dans des milieux bourgeois. De là à tirer des statistiques précises et crédibles sur le taux de viols dans tel ou tel milieu social, ça me paraît bien difficile vu le peu de viols officiellement "enregistrés" (en proportion).
Tout ce qu'on sait c'est qu'il y en a dans toutes les classes sociales et avant tout l'intérieur même de la cellule familiale. Pour le reste, je suis pas sûr qu'on puisse en dire grand chose.
http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm/c...dini.html#_ftn1

Bon, je n'ai pas encore tout lu... ça donne quelques infos sur les viols, mais je crois qu'il ne contient rien sur les différences de classes sociales... enfin ça semblait intéressant quand même.

Bon je vais essayer de trouver des truc plus précis... mais c'est clair que l'autre article permet seulement de dire que ça touche tous les milieux, sans proportions.
Harpie
 
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Message par Matrok » 16 Mai 2011, 23:19

(Gaby @ lundi 16 mai 2011 à 21:50 a écrit : [l'édito de LO] est situationniste
:33: Si tu dis ça juste à cause du mot "spectacle", c'est peut-être un peu court... Ceci dit je connais mal le situationnisme. Il est minuit et quart alors je ne vais pas me mettre maintenant à lire "la société du spectacle", mais je pense que ça mériterait un autre fil...
Matrok
 
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Message par Gaby » 16 Mai 2011, 23:38

(Matrok @ mardi 17 mai 2011 à 00:19 a écrit :
(Gaby @ lundi 16 mai 2011 à 21:50 a écrit : [l'édito de LO] est situationniste

:33: Si tu dis ça juste à cause du mot "spectacle", c'est peut-être un peu court... Ceci dit je connais mal le situationnisme. Il est minuit et quart alors je ne vais pas me mettre maintenant à lire "la société du spectacle", mais je pense que ça mériterait un autre fil...

Franchement, je sais déjà à l'avance que je vais me faire bâcher malgré le règlement du forum qui veut qu'on ne doit pas se mettre à 10 contre 1, et c'est avec crainte que je réponds...

Mais oui, l'axe essentiel de l'édito' de LO c'est dire que le "cirque médiatique" détourne les travailleurs des vrais problèmes. Il ne dit pas qu'il faut subvertir le spectacle lui-même, mais il insiste sur son importance dans le dévoiement des prolétaires du chemin de la lutte (et cette partie du diagnostic, c'est du Guy Debord pur jus, sans partager la même solution). En gros, l'édito commente les commentaires (et en passant il fait une remarque dommageable sur "l'homme des cavernes", comme si l'homme était instinctivement sexiste). Il ne dit rien de ce qui pollue la conversation : les milliers de remarques machistes que se lisent et s'entendent ces jours-ci. L'édito' de la fraction fait pire encore, il traite l'affaire avec désinvolture vulgaire.

Ce n'est pas juste la présence d'un mot, "spectacle", c'est toute une analyse historico-politique qui renvoie à Reagan (!) et Schwarzenegger (!!), et un communiqué qui dit que la solution c'est la grève. Non seulement c'est inaudible, mais en plus c'est à côté de l'enjeu féministe. Un paragraphe était nécessaire au moins sur les souffrances des femmes, la difficulté à porter plainte, aussi à trouver secours, et qui dénonce les imbécilités qu'on entend ces jours-ci sur "le mâle français", etc. C'aurait été plus à propos que de causer people-isation.
Gaby
 
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Message par meichler » 17 Mai 2011, 04:02

(Harpie @ lundi 16 mai 2011 à 20:41 a écrit : contrairement à ce que pense meichler le viol est présent partout , autant chez les prolos que chez les bourgeois

Tu me prêtes des idées d'une naïveté affligeante. Je n'ai jamais dit ce genre de sottises. J'essaie simplement de faire comprendre que :

d'une part, le viol procède d'abord du sentiment de la domination sur autrui, de la toute-puissance sur l'autre,

et d'autre part que ce sentiment se trouve en quelque sorte produit à l'état "naturel" dans les rangs d'une classe dominante, possédante, et dont la situation sociale résulte d'un système fondé sur la réduction de tout, choses et êtres humains, à des marchandises, donc à des objets inertes, simples moyens de satisfaction échangeables.

Mais le sentiment de toute-puissance peut résulter de bien d'autres rapports que seulement la domination de la classe bourgeoise : toute-puissance imaginaire du très jeune enfant encore non socialisé, toute-puissance du "pater familias", du mandarin, du chef de village, de l'«uniforme», de la hiérarchie, et autres figures de transfert du père. C'est toujours un rapport imaginaire du sujet qui l'éprouve à l'égard de "l'autre", objet de son désir (ou de sa "pulsion" si l'on veut).

Par ailleurs, la toute-puissance, même si elle est toujours de l'ordre de l'imaginaire, peut résulter de l'usage d'une arme, ou d'une supériorité purement physique, de la violence physique pure.

Les viols ne sont certainement pas moins nombreux (quoi que l'on n'ait aucune statistiques, à ma connaissance, sur le sujet) du fait d'individus issus du prolétariat ou du sous-prolétariat que de la classe bourgeoise ou de la petite-bourgeoisie. La misère ne prédispose certainement pas à des comportements sains et épanouissants, bien au contraire. Mais il me semble simplement que sur ce forum, on doit s'attacher à mettre en relation les tenants et aboutissants sociaux, sinon politiques, de ces crimes, même si l'on ne peut en oublier les déterminations inconscientes, dont la mise en lumière relève plus de la psychologie et de la psychanalyse.

Pour le coup, je trouve que le rappel du contenu de la loi pénale française est tout à fait utile, comme l'a fait "Pétrolette" :

a écrit :Article 222.23 du Code pénal (loi du 22 juillet 1992)
« Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol. »


Cet article est parfaitement clair. Cela débouche bien évidemment sur un débat possible et nécessaire, sur le "consentement", mais ces questions-là doivent être tranchées "in vivo", par le tribunal. Une loi n'est pas un automatisme qu'il suffit d'actionner, elle suppose l'intervention humaine par le débat au prétoire, entre les "parties", et sous l'autorité d'une instance reconnue comme à même de trancher.

Le viol est un crime, c'est aussi un comportement pathologique (Ce que beaucoup expriment, au cas particulier, en disant : «Si c'est vrai, DSK est un malade». En effet). Le "droit de cuissage" relève du même crime. La contrainte et la violence peuvent prendre bien des formes (sans oublier celle qui peut être liée à l'argent, tout simplement).

Le déni est une deuxième forme de violence redoublée à l'encontre de la victime, et qui renforce encore la pathologie de l'auteur.
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

(Baruch SPINOZA)
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Message par Louise » 17 Mai 2011, 07:14

Alors, Strauss-Kahn était un des acteurs du spectacle qu'on nous joue, une de ses vedettes même. Aux États-Unis, la politique-spectacle a été consacrée depuis plus longtemps qu'en France, marquée par l'élection à la présidence de Reagan, cet acteur de films de série B, ou par la transformation de "Terminator" Schwartzenegger en gouverneur de la Californie.

Au pays de Hollywood, la justice et la police elles-mêmes connaissent la mise en scène.

Strauss-Kahn, sortant hagard et menotté d'un commissariat de Harlem, est une image qui, diffusée devant des centaines de millions de téléspectateurs, marque sa chute plus que tous les discours.


Je suis d'accord avec toi Gaby, je suis étonnée de l'analyse de LO et j'aurais pensé qu'ils en auraient profité pour rappeler les violences faites aux femmes. Je ne saisis pas trop la comparaison avec reagan.
En général, je viens toujours trouver du réconfort dans les analyses de LO, mais là, cette fois-ci, je reste sur ma faim... :unsure:

idem pour la fraction :Des mouvements encore limités, mais qui devront bien finir par converger pour imposer une toute autre actualité politique et sociale que leur mauvais feuilleton en marge de la course à la présidence.

Je comprends le fond, bien évidement que ça ne doit pas nous faire oublier le reste, cependant, si ce n'est pas des partis comme LO, l'étincelle qui rappellent le machisme ambiant, qu'un viol ce n'est pas un élément du spectacle (beaucoup considère encore ça comme quelque chose de si grave que ça....) qui le fera ??? :unsure:

Je comprends le fond, bien évidement que ça ne doit pas nous faire oublier le reste, cependant, si ce n'est pas des partis comme LO, l'étincelle qui rappellent le machisme ambiant, qu'un viol ce n'est pas un élément du spectacle (beaucoup considère encore ça comme quelque chose de pas si grave que ça....) qui le fera ??? :unsure: Avec un tel campagne qui crie tout de suite au complot, j'imagine que ça laissera forcément des traces futurs sur les analyses de viol.
Louise
 
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Message par artza » 17 Mai 2011, 08:16

(Louise @ mardi 17 mai 2011 à 08:14 a écrit : je suis étonnée de l'analyse de LO et j'aurais pensé qu'ils en auraient profité pour rappeler les violences faites aux femmes.

Peut-être LO "va-t-elle" le faire dans un article du prochain numéro de l'hebdo.

La il s'agit de l'édito qui rappelle un certain nombre de choses que le fait divers de New-York, j'écris sans mépris, mais c'est ça qu'on appelle un fait divers qui au bout du compte permet aux professionnels de la politique de ne pas rappeller l'interchangeabilité des politiciens et du fond de leur programme offerts aux suffrages populaires.

N'est-ce pas ce qu'ils font tous au bout du compte.

Bien sur une phrase aurait put être glissé contre le viol et les souffrances de celles qui l'ont subi et parfois ceux aussi, par exemple en prison, fallait-il aussi parler de ceux là ou risqué l'accusation de l'avoir par féminisme occulté.

Encore une fois il est bien possible que LO écrive quelque chose à ce sujet dans son prochain numéro.

Par ailleurs il s'agit de l'édito des bulletins d'entreprises de LO dont la position sur l'oppression des femmes dans ses divers manifestations est quand même connue et de longue date.

En plus cet édito est d' Arlette Laguiller dont les prises de positions sur ces manifestations sexistes son connues et de longue date (procès de Bobigny rappelé avec émotion par Gisèle Halimi), j'ajouterais même que sa seule présence y suffit qu'on se rappelle ou qu'on imagine pour les plus jeunes sa première candidature.

Un mot sur Clémentine Autain, j'ai applaudi son propos entre autre hier soir chez Mattéi et on ne peut pour des raisons qu'elle a rappeler douter de sa sincérité et tous les adversaires de l'oppression des femmes sont à ses côtés.

Il n'empêche qu'elle est aussi une femme politique et que cette prise de position peut être utile à son corps défendant à la carrière que visiblement elle envisage.
Ca ne serait pas la première fois qu'être à juste titre l'expression personnalisée d'une oppression serve aussi à bien d'autres choses qu'au combat contre cette oppression voir au bout du compte contribue paradoxalement à la pérenniser.
artza
 
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Message par luc marchauciel » 17 Mai 2011, 08:42

Panique pas Gaby, moi non plus je l'ai pas trouvé terrible l'édito de LO, même s'il n'a rien de scandaleux.
Je préférais la première brève, qui se contentait d'ironiser à juste titre sur les commentaires à propos du "séisme politique", comme si le fait que DSK n'était plus candidat allait changer quoi que ce soit à la vie de millions de gens.
Effectivement, dans l'édito, c'est l'intro qui n'est pas terrible.
Le truc sur la machination n'est pas terrible, et le fait de définir le viol comme un comportement de crétin et d'homme des cavernes non plus.
Mais je n'ai aucun doute sur le fait que LO fera aussi un article à cette occasion sur les violences faites aux femmes.

Sinon, je collecte un espèce de bêtiser des commentaires sur l'affaire, et c'est pas piqué des vers.
A l'heure actuelle, ma préférence va (sur France 24) une approche psychanalytique expliquant qu'il s'agit là d'un acte manqué d'un homme voulant inconsciemment échapper à la pression de la présidentielle. C'est presque hors concours et définitivement plus original que toutes les constructions sexistes sur "la fille a peut être été trop aguicheuse et il y a eu malentendu" ou, version Gérard de Villiers (Artza a dû voir aussi) : DSK avait peut-être une liaison avec cette employée et c'est pour ça qu'il était à New York [ben oui, qu'est ce qu'un mec dans son genre ferait à New York ?], et là, leur dernière rencontre se serait mal passée, parce que par exemple elle lui aurait demandé d el'argent [sous entendu : ne l'ayant pas eu, elle a inventé cette histoire pour se venger]
Souvent, ce genre de trucs est accompagné d'un : "je sais pas, j'imagine.". Mais si tu sais, pourquoi tu ne contentes pas de juste femer ta gueule au lieu d'aller causer dans le poste ?

Enfin, je dois dire que j'ai beau ironiser et tout, j'ai quand même passé ma soirée à filtrer mon vin de pissenlits en écoutant en boucle les trucs sur l'affaire....
luc marchauciel
 
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