Les concombres bios masqués

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Sterd » 29 Mai 2011, 18:00

Les concombres infectés par la bactérie E.coli entérohémorragique qui ont fait plusieurs morts en Allemagne, viendraient d'exploitations bios espagnoles. A vouloir faire pousser des trucs avec du fumier naturel ...

Imaginez l'attitude des faucheurs volontaires si ça avait été des concombres OGM
Sterd
 
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Message par luc marchauciel » 29 Mai 2011, 18:44

Ce ne serait pas la première fois cf ce cas en Californie en 2006 :

a écrit :
L’épinard bio qui tue

Une filière bio, implantée en Californie, la Natural Selections Food L.L.C, fait face à de graves plaintes devant les tribunaux au sujet d’une contamination d’épinards bio par la bactérie Escherichia Coli de sérotype 0157:H7, type très pathogène pour l’intestin. La consommation de ces épinards bio a causé un décès, 23 cas d’insuffisance rénale et 150 hospitalisations.

C’est le procédé même des cultures bio qui est ici responsable des infections. En effet les agriculteurs bio se targuent de n’utiliser, comme substitut des fertilisants de synthèse – honnis de ces chevaliers de la nature –, que des composts d’origine animale. On sait pourtant qu’ils peuvent contenir des bactéries dangereuses pour l’homme, comme la fameuse Escherichia coli. Les filières bio fabriquent leur compost « maison », et la difficulté est alors d’en éliminer les bactéries pathogènes avant de le répandre. Pour détruire la plus grande partie des micro-organismes dangereux, le compostage doit durer 6 mois ! Aucune réglementation ne leur imposant ce délai, les agriculteurs bio peuvent utiliser leur fumier fertilisant dès qu’il est fabriqué. Ils sont même poussés à l’utiliser rapidement puisqu’il est ainsi plus riche en azote et plus efficace.

C’est ainsi qu’une culture bio est 6 fois plus susceptible de contamination par Escherichia coli qu’une culture traditionnelle.

Source : A & E, octobre 2006, article de Gil Rivière-Wekstein

luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 29 Mai 2011, 18:52

Voici l'article de 2006 :

a écrit :
Riz OGM et épinards bio

26 octobre 2006
 

Ces dernières semaines, Greenpeace a semé l’agitation autour de l’affaire du « riz OGM », un riz long en provenance des Etats-Unis testé positif au type OGM LL 601. En Europe, cette affaire a failli tourner au scandale sanitaire, et plusieurs grands distributeurs se sont même mis à boycotter toutes les importations de riz outre-Atlantique, affichant une prudence motivée certainement plus par un souci d’image que de santé publique. Il a fallu l’intervention officielle de l’agence européenne de sécurité sanitaire (Aesa) pour calmer les esprits et remettre les pendules à l’heure. Même « contaminés » par du riz LL601, les lots de riz importés ne représentent aucun risque pour la santé, a en effet précisé l’Aesa.

En revanche, Greenpeace est resté étrangement silencieux au sujet de l’ « affaire des épinards bio », pourtant largement médiatisée dans la presse américaine depuis septembre dernier. Officiellement à l’origine d’un décès, de vingt-trois cas d’insuffisance rénale (c’est-à-dire entraînant des séquelles à vie) et de plus de 150 hospitalisations, cette affaire touche déjà vingt et un Etats américains. Bien qu’ayant retiré du marché toute une gamme de produits à base d’épinards bio dès le 17 septembre 2006, la Natural Selections Foods LLC, une société spécialisée dans la distribution d’aliments bio basée à San Juan Bautista (Californie), doit déjà faire face à de très sérieuses plaintes devant les tribunaux fédéraux américains. Elle est accusée d’être à l’origine d’une contamination microbienne par Escherichia Coli de sérotype O157:H7, une bactérie très pathogène de l’intestin. Et ce n’est pas surprenant qu’une filière bio se retrouve au centre du cyclone. En effet, pour pallier l’absence de fertilisants de synthèse dont elle se prive volontairement, l’agriculture bio utilise des composts d’origine animale particulièrement riches en azote, mais susceptibles de véhiculer des germes bactériens pathogènes pour l’homme. Or, s’il est aisé de fabriquer soi-même son compost, il est beaucoup plus compliqué d’obtenir un produit de qualité, dépourvu de toxines. Comme l’a souligné le Dr Robert Tauxe dans le Journal of American Medical Association il y a déjà plus de dix ans, « nos connaissances concernant le temps et la température nécessaires pour rendre le compost d’origine animale sans danger d’infection microbienne sont totalement insuffisantes ». On sait cependant qu’un compostage de plus de six mois est efficace pour neutraliser l’essentiel des micro-organismes pathogènes. A ce jour, il n’existe aucune réglementation en matière d’épandage de fumier, et un agriculteur bio peut très bien répandre du compost fraîchement fabriqué sur une culture, quelques jours seulement avant sa récolte. En outre, il aura d’autant plus tendance à raccourcir le temps de compostage qu’un compost frais est plus riche en azote. Raison qui explique que le risque de contamination par Escherichia Coli est six fois supérieur en agriculture bio qu’en agriculture traditionnelle, comme l’a démontré une étude de l’Université du Minnesota publiée dans le Journal of Food Protection en 2004.

Il est vrai que cette affaire tombe très mal en France, où il n’est pas politiquement correct de mettre en cause ce qui est naturel. Certaines associations de défense de l’agriculture bio récusent d’ailleurs toute réglementation dès lors qu’il s’agit de pratiques dites ancestrales. C’est ce dont témoigne le récent remue-ménage survenu à propos de la vente devenue illégale du purin d’ortie. Dominique Jannot, le président de l’association des Amis du Purin d’Ortie, a vu dans la nouvelle réglementation un « coup des lobbies de l’industrie chimique », et a même appelé Jacques Chirac au secours de l’ortie.

Si le ridicule ne tue pas, il n’en va malheureusement pas toujours de même du naturel...





Gil Rivière-Wekstein




http://www.agriculture-environnement.fr/sp...ds%20californie

Attendons de connaître l'origine exacte de la bactérie, mais comme le fait Sterd, on peut déja souligner l'évidente dyssimétrie dans la vigilance du côté des adeptes du principe de précaution.
luc marchauciel
 
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Message par canardos » 08 Juin 2011, 22:28

un lien vers une explication par une chercheuse de l'INRA

http://www.inra.fr/la_science_et_vous/appr...rieuse_epidemie
canardos
 
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Message par com_71 » 09 Juin 2011, 21:13

dans lo :

a écrit : Bactéries tueuses : La science contrecarrée par l'organisation sociale

L'épidémie causée par la bactérie Escherichia Coli mobilise à Hambourg une armée de chercheurs, qui effectuent chaque jour près de 200 prélèvements pour déterminer l'origine de cette dangereuse infection qui a déjà provoqué 23 décès, dont 22 en Allemagne.

Cette bactérie qu'on trouve partout - il y en a dans les intestins des hommes comme dans ceux des bovins - connaît comme d'autres des mutations. La souche rare responsable de l'épidémie libère des toxines qui provoquent des hémorragies dans les intestins et dans les reins. La maladie toucherait près de 1 600 personnes en Europe, principalement en Allemagne. Les antibiotiques connus se révèlent inefficaces et même nocifs, puisqu'en mourant la bactérie libère encore des toxines mortelles.

Les scientifiques ont su, en l'espace de quinze jours, limiter les effets de la maladie et parviennent, quand elle est prise à temps, à enrayer sa progression. Mais pour vaincre cette épidémie, il serait nécessaire d'aller plus avant, et dans des délais les plus brefs possibles.

On ne peut que se réjouir de voir ainsi les meilleurs scientifiques mobilisés. Cela ne relève pas du miracle, mais des possibilités pour la science d'affronter, avec des chances raisonnables de succès, des situations imprévues.

Mais on ne peut s'empêcher de comparer les capacités de mobilisation scientifique et technique d'un pays comme l'Allemagne, qui en quinze jours peut faire face à une bactérie mutante, au dénuement des pays pauvres, dépourvus de tout face à des maladies, elles, bien connues et que l'on sait parfaitement vaincre. Ainsi, en Haïti, le choléra avait provoqué la mort de plus de 2 500 personnes fin 2010. Cette maladie, qui se soigne par des antibiotiques connus, touche en moyenne 300 000 personnes dans le monde chaque année et en tue 10 000, alors qu'on sait parfaitement la soigner ! Et c'est vrai de bien d'autres maladies comme la tuberculose, que l'on sait aussi soigner mais qui tue encore environ deux millions de personnes par an !

Les journaux peuvent faire leurs gros titres sur les prouesses des spécialistes mobilisés contre la bactérie E. Coli mais, plus que les bactéries, c'est l'inégalité sociale qui est dévastatrice.

Aline URBAIN
 
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Oel » 09 Juin 2011, 21:59

Je ne sais pas vous mais moi je ne comprends pas les gens qui n'osent plus acheter de concombre à cause de cas exceptionnels, alors que ça peut arriver n'importe quand n'importe où (cf les infos, qui ont annoncé une forte chute de la vente)
(Non en fait, je crois que je ne les comprends car j'adore les concombres et que je ne peux pas m'en priver :dry: )
Oel
 
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Message par Sterd » 25 Juin 2011, 10:49

(tf1 news a écrit :E.coli : l'infection bordelaise inquiète l'Europe

le 25 juin 2011 à 10:44

D'où venaient les bactéries qui ont conduit une dizaine de personnes à l'hôpital cette semaine, essentiellement dans la région de Bordeaux ? La souche d'E.coli en cause semble la même que celle signalée en Allemagne. Mais les graines viendraient du Royaume-Uni. L'UE pourrait lancer une alerte.
Des discussions sont engagées au niveau européen au sujet de l'intoxication à la bactérie E.coli due à des graines germées qui a touché dix personnes en France, pour déterminer s'il y a lieu ou non de lancer une alerte dans l'UE, a indiqué samedi la Commission européenne. "Il n'y a pas d'alerte européenne formelle lancée à ce stade qui équivaudrait à une interdiction de commercialisation" des graines concernées, mais "il y a des échanges d'informations entre la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne", a indiqué le porte-parole de l'exécutif européen pour les questions de santé.

Ces trois pays pourraient en effet être impliqués dans le circuit de la contamination signalée en banlieue bordelaise cette semaine. Les vecteurs probables de la bactérie semblent être des graines germées, saupoudrées sur des soupes lors d'une kermesse. Les examens bactériologiques menés par le Centre national de référence ont montré la présence pour deux patients d'une souche bactérienne O104, la même que dans la bactérie tueuse allemande. Mais les graines allemandes provenaient de l'exploitation Gärtnerhof à Bienenbüttel, dans le nord de l'Allemagne - une exploitation désormais fermée. Celles de la kermesse de Bègles, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), étaient issues de graines de fenugrec, de moutarde et de roquette achetées dans un magasin Jardiland, et dont le fournisseur est un établissement britannique, la société Thompson & Morgan, basée à Ipswich. Le secrétariat d'Etat à la Consommation, Frédéric Lefebvre, qui l'a révélé, insiste cependant que "le lien entre les symptômes et la consommation de ces graines n'est pas définitivement établi à ce jour". En attendant les résultats toutefois, le secrétaire d'Etat a demandé la suspension de la commercialisation des graines à germer de ce fournisseur.

"Il ne faut pas s'étonner"

L'enquête a mis en évidence huit "cas groupés" d'apparition de troubles graves liés à la bactérie, six femmes et deux hommes âgés de 31 à 78 ans, originaires de Bègles ou du quartier bordelais attenant de Nansouty. Sept ont fréquenté la même kermesse le 8 juin au Centre de loisirs de la petite enfance de Bègles, et six au moins y ont absorbé des gaspachos ornés des graines germées. Au total, sept personnes restent hospitalisées, dont cinq atteintes de complications rénales mais dans un état stationnaire, et deux moins gravement malades. Deux autres personnes ont pu rentrer chez elles. Une dixième n'a jamais eu à être hospitalisée. L'Agence régionale de santé a estimé qu'au vu des délais d'incubation, quinze jours, il ne devrait plus y avoir de déclaration de cas d'E.coli liée à cette kermesse.

Le député-maire EELV de Bègles, Noël Mamère, selon qui 120 personnes ont fréquenté la kermesse, a insisté sur le fait que les graines avaient été manipulées et élevées par deux employés du Centre de loisirs, qui n'ont pas été malades, et "qu'à aucun moment les enfants n'ont été en contact avec ces graines". Il a considéré qu'il "ne faut pas s'étonner que l'on soit confronté à ce genre d'intoxications. Il y en aura de plus en plus. C'est lié à des systèmes de production agricole et à des modes industrialisés de transformation agroalimentaire". Il a relevé que "les écologistes alertent depuis longtemps sur les dangers que nous courons". Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s'est dit vendredi prêt "à mettre de l'argent sur la table" pour permettre à des chercheurs de "travailler sur un programme spécifique" qui permettrait d'identifier très vite une bactérie, pour "aider l'organisme à lutter contre elle".


Alors là il est gonflé le Mamère, ce sont justement les méthodes de l'agricultures bio qui sont en cause dans la plupart des cas d'infection avec E. Coli et certainement pas les systèmes de production agricole et à des modes industrialisés de transformation agroalimentaire. Que ce soit avec les épinards américains de 2006, qu'avec les graines germées allemandes de cette année.
Sur le site de la société anglaise Thompson & Morgan je n'ai pas trouvé l'info si leurs graines sont bio ou pas. Mais j'imagine que dans un centre de loisir de Bègles ou Mamère est maire, on ne doit pas trouver beaucoup de pesticides et de fongicides.

Sterd
 
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Message par luc marchauciel » 25 Juin 2011, 12:19

Ce Mamère, il est d'une impudence rare.
luc marchauciel
 
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Message par yannalan » 25 Juin 2011, 12:42

Et vous croyez qu'il n'y a que les bios qui épandent du fumier animal ? A votre avis, les non-bios, ils en font quoi du leur ?
Et les steaks hachés, ils étaient bios aussi, sûrement ?
yannalan
 
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Message par luc marchauciel » 25 Juin 2011, 13:03

(yannalan @ samedi 25 juin 2011 à 13:42 a écrit : Et vous croyez qu'il n'y a que les bios qui épandent du fumier animal ? A votre avis, les non-bios, ils en font quoi du leur ?

Les non-bios ont d'autres source d'azote que le fumier pour nourrir leurs plantes, alors que les bios n'utilisent que ce genre d'engrais. D'où la tentation (dangereuse) d'utiliser un fumier plus frais, parce que plus chargé en azote... mais aussi en bactéries. Il y a bien un risque spécifique sur ce plan qui est lié au mode de production bio. Cela ne veut pas dire que le bio c'est un super danger alors que le reste c'est safe, ça ce n'est pas vrai. Cela veut dire qu'il faut que les adeptes (le mot est choisi) du bio remettent un peu les pieds sur terre et arrêtent avec leur trip "naturel et artisanal = sûr ; chimique et industriel = danger". Ce qui est dangereux, là comme ailleurs, c'est l'absence de connaissances et de compréhension des phénomènes en jeu, ou alors l'absence de règles et de contrôles pour vérifier que les règles sont bien appliquées (de ce point de vue, le bio n'a que des obligations de moyens, et pas des obligations de résultat)
Je dis ça, mais je sais bien d'expérience que, par exemple, cela n'empêchera pas le NPA de développer des revendications à la con sur le thème : "plus de bio dans les cantines" (ânerie qui en tant que prof utilisateur de la cantine me gonfle tout particulièrement)

a écrit :
Et les steaks hachés, ils étaient bios aussi, sûrement ?


Je peux me tromper, mais l'affaire que Mamère commente de la manière qui suscite notre réaction, concerne des graines germées et pas des steaks hachés. je me trompe ?

Ici j'essaie de coller un texte intéressant que Dominique Lecourt a fait paraître dans le Figaro et qui s'intitule "Le bio tue (aussi)" [je précise au Figaro que ce n'est qu'une petite copie d'un de leurs articles, ça leur fait même de la pub, puisque j'essaie de convaincre sur un forum d'extrême-gauche qu'il y a des bons articles dans ce journal pourtant honni. Rien de comparable avec la photo d'une sujet de Bac S, merci de ne pas m'emprisonner]

Figaro_Lecourt_Bio_1_.pdf
luc marchauciel
 
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