Tout d'abord: les oligarques se trouvent d'un seul côté, celui de Kiev. Donc il ne peut pas avoir des "bandits" (merci pour le terme qui décrit des gens qui ne font que défendre leur territoire) à la solde des oligarques puisqu'il n'y en a pas.
La bureaucratie et l’oligarchie ukrainiennes n’ont rien d’unies, même si leurs différents clans savent se mettre d’accord pour faire les poches des classes populaires. A la suite des manifestations de l’hiver 2004, que la presse occidentale avait baptisé « Révolution orange », un article de fond était sorti dans la LDC. Celui-ci est encore précieux aujourd’hui pour comprendre bien des aspects du pays, y compris pour ce qui concerne les luttes sourdes entre clans de la bureaucratie, héritière des apparatchiks soviétiques.
En Ukraine, quatre clans principaux s’affrontent, chacun s’appuyant sur un fief régional. Celui de Donetsk, capitale minière du pays, a pour représentant le Premier ministre battu à la présidentielle, Ianoukovitch. Il compte dans ses rangs « l’oligarque » Akhmetov, considéré comme l’homme le plus riche d’Ukraine. À Dniepropetrovsk, un autre puissant clan de la bureaucratie s’adosse de longue date à cette ville-usine, place forte ukrainienne du « complexe militaro-industriel » soviétique. C’est lui qui, dans les années soixante, avait propulsé à la tête de l’URSS un certain Brejnev, lointain précurseur des Koutchma, Lazarenko ou Ioulia Timochenko. L’affairiste Pintchouk, fils adoptif de Koutchma, appartient à ce clan.
Entre ces deux clans, qui contrôlent les trois quarts de la richesse produite en Ukraine et dont les fiefs régionaux fournissent plus de la moitié des ressources budgétaires de l’État, les rivalités ne manquent pas. Toutefois, jusqu’à la présidentielle, le tandem Koutchma-Ianoukovitch incarnait leur alliance d’autant plus forcée que deux autres clans sont sur les rangs.
À la tête de celui de Kiev se trouve Medvedtchouk, le chef de l’administration présidentielle, organisme ne dépendant que de Koutchma et doublant le gouvernement en titre. Il contrôle une partie des flux financiers transitant par la capitale. Mais, pour préserver leur position, certains de ses membres se sont rapprochés de l’opposition en lui fournissant les moyens de défier un Koutchma en fin de règne dans sa propre capitale. Lors de la crise de novembre-décembre, ils ont ainsi aidé les partisans de Iouchtchenko à s’installer sur les « Champs-Élysées » kiéviens et retourné la Chambre des députés contre Ianoukovitch.
Un dernier grand clan domine l’Ukraine de l’Ouest. On y trouve, entre autres, Porochenko, le magnat de la confiserie industrielle. Écarté jusqu’à présent du pouvoir central, donc des meilleures affaires, ce clan n’aspire qu’à prendre sa revanche, et sa part des privatisations à venir. Celles-ci se situant surtout dans les régions industrielles, ce clan ne pouvait que soutenir le challenger de Koutchma et Ianoukovitch, qui représentait le pouvoir central et les clans industriels de l’Est.
Le lien : http://www.lutte-ouvriere.org/documents ... gements-de
En fait, les oligarques qui tirent leur fortune des grands complexes industriels hérités de l’économie soviétique, d’une économie édifiée à l’échelle de l’Union soviétique, ont intérêt à maintenir les liens avec la Russie, son industrie, et ses ressources énergétiques, dont ils dépendent. Ceux des oligarques qui tirent leur fortune du secteur financier et des banques, par exemple, auront plus d’intérêts à des liens avec les puissances occidentales.
Ceci explique l’attitude d’un Akhmetov, par exemple, oligarque qui contrôle une bonne partie de l’économie du Donbass, tant les mines de charbons du bassin, que de grands complexes métallurgiques, tel celui de Marioupol. Lié jusqu’en février au clan Ianoukovitch, il cherche depuis la chute de l’ancien président à sauvegarder ces intérêts, et du coup, il louvoie entre le clan au pouvoir à Kiev, et un soutien plus ou moins ouvert aux séparatistes. Attitude qui justifie pleinement ce passage dans l’article de LO déjà cité par Com71 :
Ainsi Akhmetov, l'homme le plus riche du pays, dont les entreprises sur lesquelles il a fait main basse emploient des centaines de milliers de travailleurs. Favori du régime précédent, il lui avait tourné le dos pour soutenir, comme d'autres oligarques, le pouvoir sorti du Maïdan. Puis, il avait financé les instigateurs d'une République de Donetsk n'ayant de populaire que le nom, avant de tourner casaque à nouveau devant la progression des troupes de Kiev
Il a d’ailleurs, à plusieurs reprises, en Ukraine, au gré des revirements d’Akhmetov, été question de le mettre en procès. Dans ce sens poussait notamment le Procureur général d’Ukraine, un membre du parti Svoboda. On pourrait aussi parler d’une figure moins connue ici, Kernes, maire de Kharkov ayant réchappé de peu à une tentative d’assassinat, et se retrouvant aujourd’hui en fauteuil roulant. Il est régulièrement question ces derniers temps de le mettre procès pour son soutien (réel ou supposé) aux séparatistes.
Sur l’article de Borotba que tu cites, et où celui-ci dénonce les drapeaux impériaux (noir, jaune et blanc) :
Ces drapeaux étaient présents dès les premières manifs dans l’Est et Sud ukrainien, en avril-mai, et il était déjà clair que les nationalistes grand-russiens et nostalgiques du tsarisme avançaient déjà leurs pions. Ce même Borotba fait ensuite référence à la Novorossiya, qui, encore une fois, était une province créée par Catherine II, donc sous le régime tsariste. Il fait ensuite référence aux drapeaux « officiels » des Républiques de Donetsk et de Lougansk, qui encore une fois sont frappés de l’aigle à deux têtes impérial. Emblème qui avait d’ailleurs été repris officiellement par la Fédération de Russie de Poutine, et qui trône superbement à la Douma.
Son papier est pour moi insincère, depuis un moment il semble grenouiller aux côtés des nationalistes grand-russien. Et puis, dénoncer le tricolore noir-jaune-blanc, mais se taire sur les aigles impériaux et ressortir la Novorossiya des poubelles du tsarisme…