Ukraine

Dans le monde...

Re: Ukraine

Message par Vania » 21 Août 2014, 16:21

Doctor No, tu as écrit ceci :

Tout d'abord: les oligarques se trouvent d'un seul côté, celui de Kiev. Donc il ne peut pas avoir des "bandits" (merci pour le terme qui décrit des gens qui ne font que défendre leur territoire) à la solde des oligarques puisqu'il n'y en a pas.


La bureaucratie et l’oligarchie ukrainiennes n’ont rien d’unies, même si leurs différents clans savent se mettre d’accord pour faire les poches des classes populaires. A la suite des manifestations de l’hiver 2004, que la presse occidentale avait baptisé « Révolution orange », un article de fond était sorti dans la LDC. Celui-ci est encore précieux aujourd’hui pour comprendre bien des aspects du pays, y compris pour ce qui concerne les luttes sourdes entre clans de la bureaucratie, héritière des apparatchiks soviétiques.

En Ukraine, quatre clans principaux s’affrontent, chacun s’appuyant sur un fief régional. Celui de Donetsk, capitale minière du pays, a pour représentant le Premier ministre battu à la présidentielle, Ianoukovitch. Il compte dans ses rangs « l’oligarque » Akhmetov, considéré comme l’homme le plus riche d’Ukraine. À Dniepropetrovsk, un autre puissant clan de la bureaucratie s’adosse de longue date à cette ville-usine, place forte ukrainienne du « complexe militaro-industriel » soviétique. C’est lui qui, dans les années soixante, avait propulsé à la tête de l’URSS un certain Brejnev, lointain précurseur des Koutchma, Lazarenko ou Ioulia Timochenko. L’affairiste Pintchouk, fils adoptif de Koutchma, appartient à ce clan.
Entre ces deux clans, qui contrôlent les trois quarts de la richesse produite en Ukraine et dont les fiefs régionaux fournissent plus de la moitié des ressources budgétaires de l’État, les rivalités ne manquent pas. Toutefois, jusqu’à la présidentielle, le tandem Koutchma-Ianoukovitch incarnait leur alliance d’autant plus forcée que deux autres clans sont sur les rangs.
À la tête de celui de Kiev se trouve Medvedtchouk, le chef de l’administration présidentielle, organisme ne dépendant que de Koutchma et doublant le gouvernement en titre. Il contrôle une partie des flux financiers transitant par la capitale. Mais, pour préserver leur position, certains de ses membres se sont rapprochés de l’opposition en lui fournissant les moyens de défier un Koutchma en fin de règne dans sa propre capitale. Lors de la crise de novembre-décembre, ils ont ainsi aidé les partisans de Iouchtchenko à s’installer sur les « Champs-Élysées » kiéviens et retourné la Chambre des députés contre Ianoukovitch.
Un dernier grand clan domine l’Ukraine de l’Ouest. On y trouve, entre autres, Porochenko, le magnat de la confiserie industrielle. Écarté jusqu’à présent du pouvoir central, donc des meilleures affaires, ce clan n’aspire qu’à prendre sa revanche, et sa part des privatisations à venir. Celles-ci se situant surtout dans les régions industrielles, ce clan ne pouvait que soutenir le challenger de Koutchma et Ianoukovitch, qui représentait le pouvoir central et les clans industriels de l’Est.


Le lien : http://www.lutte-ouvriere.org/documents ... gements-de

En fait, les oligarques qui tirent leur fortune des grands complexes industriels hérités de l’économie soviétique, d’une économie édifiée à l’échelle de l’Union soviétique, ont intérêt à maintenir les liens avec la Russie, son industrie, et ses ressources énergétiques, dont ils dépendent. Ceux des oligarques qui tirent leur fortune du secteur financier et des banques, par exemple, auront plus d’intérêts à des liens avec les puissances occidentales.
Ceci explique l’attitude d’un Akhmetov, par exemple, oligarque qui contrôle une bonne partie de l’économie du Donbass, tant les mines de charbons du bassin, que de grands complexes métallurgiques, tel celui de Marioupol. Lié jusqu’en février au clan Ianoukovitch, il cherche depuis la chute de l’ancien président à sauvegarder ces intérêts, et du coup, il louvoie entre le clan au pouvoir à Kiev, et un soutien plus ou moins ouvert aux séparatistes. Attitude qui justifie pleinement ce passage dans l’article de LO déjà cité par Com71 :

Ainsi Akhmetov, l'homme le plus riche du pays, dont les entreprises sur lesquelles il a fait main basse emploient des centaines de milliers de travailleurs. Favori du régime précédent, il lui avait tourné le dos pour soutenir, comme d'autres oligarques, le pouvoir sorti du Maïdan. Puis, il avait financé les instigateurs d'une République de Donetsk n'ayant de populaire que le nom, avant de tourner casaque à nouveau devant la progression des troupes de Kiev


Il a d’ailleurs, à plusieurs reprises, en Ukraine, au gré des revirements d’Akhmetov, été question de le mettre en procès. Dans ce sens poussait notamment le Procureur général d’Ukraine, un membre du parti Svoboda. On pourrait aussi parler d’une figure moins connue ici, Kernes, maire de Kharkov ayant réchappé de peu à une tentative d’assassinat, et se retrouvant aujourd’hui en fauteuil roulant. Il est régulièrement question ces derniers temps de le mettre procès pour son soutien (réel ou supposé) aux séparatistes.

Sur l’article de Borotba que tu cites, et où celui-ci dénonce les drapeaux impériaux (noir, jaune et blanc) :

Ces drapeaux étaient présents dès les premières manifs dans l’Est et Sud ukrainien, en avril-mai, et il était déjà clair que les nationalistes grand-russiens et nostalgiques du tsarisme avançaient déjà leurs pions. Ce même Borotba fait ensuite référence à la Novorossiya, qui, encore une fois, était une province créée par Catherine II, donc sous le régime tsariste. Il fait ensuite référence aux drapeaux « officiels » des Républiques de Donetsk et de Lougansk, qui encore une fois sont frappés de l’aigle à deux têtes impérial. Emblème qui avait d’ailleurs été repris officiellement par la Fédération de Russie de Poutine, et qui trône superbement à la Douma.
Son papier est pour moi insincère, depuis un moment il semble grenouiller aux côtés des nationalistes grand-russien. Et puis, dénoncer le tricolore noir-jaune-blanc, mais se taire sur les aigles impériaux et ressortir la Novorossiya des poubelles du tsarisme…
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Re: Ukraine

Message par Doctor No » 21 Août 2014, 18:47

Pour Com 71 qui charcute comme il peut, dans le plus grand style "stalinien" (comme quoi... l'identité des contraires se vérifie encore) Non, ce n'est pas un dogme. C'est la pure vérité.

Les principaux oligarques, sont de côte de Kiev et Akhmetov qui avait flirté avec la république populaire de Donestk a fini pour passer du côté de Kiev. Et cela depuis trois mois au minimum.

Pour Vania.

La question ne peut pas se comprendre ni se traiter sans prendre le fil conducteur de tout ce qui se passe en Ukraine. C'est à dire, les plans US d'encerclement de la Russie.

Depuis des longues années, les impérialistes Us travaillent à séparer l'Ukraine de la Russie. Comme à liquider toute opposition, soit§elle minime, par des hyperréactionnaires interposés quand ce ne sont pas eux-mêmes qui le font. Cela est connu et il n'est pas nécessaire de trop l'argumenter.

Maidan a été promu par eux, soutenu et financé par eux (avec la collaboration de l'UE) et ils ont mis en place un gouvernement à leur botte. Nuland, Kerry, se sont déplaces place Maidan et ont collaboré et collaborent ouvertement avec ce "gouvernement" qui suit, à la lettre, ses ordres.
Ils ont fait jouer le nationalisme ukrainien, les intérêts des oligarques et provoqué de telle manière que les gens de l'Est qui n'avaient pas manifesté d'envie particulaire de devenir russes, qu'il ont choisi l'auto-détermination.

Alors bien, l'autodétermination, pour n'impute quel léniniste, est un droit sacré de tout peuple et de même qu'en Yougoslavie, les Croates en avaient le droit, les habitants à majorité russes d'Ukraine de l'Est l'ont aussi.

La réponse des impérialistes, et de ces suppôts fascistes ouverts et oligarques intéressés aux plans du FMI et à "l'aide" possible venant de l'UE et ailleurs, a été d'envoyer l'armée et initier le massacre de la population civile, devant l'insurrection des ukrainiens de l'Est.

Cela ne pouvait donner qu'un sentiment à la fois national et de volonté de retourner à la situation où de tels agressions ne se produisaient pas; c'est à dire à l'URSS. Ce sont ces deux niveau de conscience qui sont très présents à l'Est.
Mais aussi un fort sentiment de gauche, pro-soviétique, pro URSS que vous n'avez jamais reconnu, et pour cause, toute votre construction s'effondrerait.

Le document de Borotba, comme l'appel des mineurs de Donbass, que vous avez ignoré aussi pour le remplacer par l'expression "les bandits", "les oligarques" "les nationalistes" essayant de tromper les gens et montrant qu'un seul côté de la médaille, sont là pour montrer la véritable nature de ce qui se passe à l'Est.

C'est à dire, un peuple qui se défend d'une agression impérialiste, menée par des fascistes et une armée de l'oligarchie, sans presque d'aide (voir les rapports de l'OSCE ) et qui s'est donné une direction réactionnaire parce qu'ils attendaient beaucoup de la Russie.

Il ne fallait pas être sorti de Sciences Politiques pour comprendre que les Russes allaient chercher leur bénéfice au détriment des gens d'Ukraine de l'Est et que, un sentiment de plus en plus à gauche se ferait sentir. Car les Russes l'on dit et vont le faire: ils laisseront tomber les ukrainiens de l'est. Ils ne tomberont pas dans le panneau des US qui voudraient les voir en une guerre Ukraine-Russie, en plein milieu de l'Europe.
Un merdier que les européens, tard réveillés, essaient aussi d'éviter. Voila le sens des "accords" récents entre Poutine et Porochenko et Fabius et Merkel.

Car la lutte est non seulement contre un gouvernement d'oligarques par un peuple nourri par le sentiment soviétique (ils chantent l'Internationale pendant que les fascistes piétinent les drapeau rouges, mais cela vous laisse indifférentes, pour vous il n'y a que des "bandits" des deux côtés, ceux qui utilisent l'aviation, les missiles et les canons et les autres qui comptent les morts civils) mais contre les plans du FMI, et l'impérialisme US appuyé par l'UE.

Que l'on persécute le PCU, cela vous laisse de marbre (des "bandits" aussi), qu'on liquide les Borotba, "ce n'est pas la question" car vous ne semblez pas les croire, qu'il y ait sept ministres nazis au gouvernement de Kiev cela le fait "équivalent" de celui de Donestk et cela vous laisse encore indifférents (premier gouvernement avec des fascistes déclarés depuis 1933) mais les nationalistes russes (qui sont agressés et n'agressent pas) sont des "bandits tout comme les autres"...

Akhmetov, et cela vous devriez le savoir, a essayé d'utiliser les travailleurs de l'Est. Il a convoqué une "manie" et a eu...300 larbins sur 300 000 employés. Cela dit tout sur son "pouvoir" à l'Est. Il est donc parti à l'Ouest. Vania devrait le savoir et Com 71 aussi. Si c'est vrai que des oligarques vont des affaires avec la Russie, il est vrai aussi que toute cette industrie a été déclaré, par les alliés locaux du FMI comme "non concurrentielles" et à être "liquidées".
Les plans du FMI d'ailleurs ne se cachent pas et parlent de faire de l'Ukraine un pays exportateurs des produits agricoles, du fer et du charbon. Alors l'industrie qui travaille d'ailleurs pour l'industrie russe...
La lutte des tendances à l'intérieur des républiques populaires devrait compter avec l'appui de la gauche, non seulement parce que c'est un petit pays (sauf à jeter par la borde tout principe d'autodétermination des peuples) mais aussi parce que des partis de gauche et tout un peuple encore nourri du "socialisme soviétique" se trouve là, et se rappelé de cela, et lutte pour cela.
De cela vous n'avez rien à cirer, totalement indifférents aux sentiments des anti-impérialistes, des masses populaires de la région, des travailleurs de la région, du principe d'autodétermination des peuples, de qui est l'agresseur, des plans de l'impérialisme Us et du FMI (qui est en fait la finance Us) pour ne voir que des "bandits qui se valent"...

Et vous croyez qu'une personne avec deux doigts de jugeote peut avaler de tels choses?

La pente glissante que vous avez choisis vous a déjà mené loin, changez le cap, autrement, vous finirez carrément de l'autre côté de la barricade.
Doctor No
 
Message(s) : 467
Inscription : 24 Mai 2011, 14:40

Re: Ukraine

Message par com_71 » 21 Août 2014, 19:49

Doctor No a écrit : les oligarques se trouvent d'un seul côté, celui de Kiev...


Doctor No, un peu plus tard a écrit : Les principaux oligarques, sont de côté de Kiev...


Quel Doctor No faut-il croire ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6403
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: Ukraine

Message par Doctor No » 21 Août 2014, 20:19

Com 71 absolument sans arguments, cherche la petite bête.
Ma redaction n'est pas terrible, je le sais, et les capitalistes ukrainiens sont nombreux. Les oligarques ce sont des capitalistes.
Quand je parle des oligarques, je parle des principaux oligarques, les Porotchenko, les Akhmatov, d'autres qui contrôlent des grandes groupes o des pans entiers de l'économie ukrainienne. Ceux qui déterminent, à leur niveau, c'est à dire, après l'impérialisme US, la politique ukrainienne.

Comme il y a des "oligarques plus petits ou moyens", qui eux, sont aussi des capitalistes mais qui peuvent avoir des intérêts divers, voir opposés, (une concurrence entre eux, des marchés et des objectifs différents comme par exemple l'industrie qui produit pour le marché interne ukrainien et l'industrie qui produit pour l'exportation).

Ah! Il ne faut "croire" personne, moins encore le Doctor No, un vieux immigré ignare. Il faut chercher la vérité, faire des investigations, avoir un point de vue de classe, anti-impérialiste, un coeur rouge. Avec cela, on trouve toujours.

Voilà.
Doctor No
 
Message(s) : 467
Inscription : 24 Mai 2011, 14:40

Re: Ukraine

Message par Vania » 21 Août 2014, 20:40

Doctor No, tu as écrit ceci :

« La question ne peut pas se comprendre ni se traiter sans prendre le fil conducteur de tout ce qui se passe en Ukraine. C'est à dire, les plans US d'encerclement de la Russie


« La question »… Quelle question ? Et formulée comment ? Lorsque que toi ou d’autres, et même Lutte Ouvrière l’a fait, écrit que les grandes puissances impérialistes essayent de réduire l’influence de la Russie sur les républiques issues de la décomposition de l’URSS, on ne peut que tomber d’accord. Ainsi, dans la LDC de février 2005 :

Le président russe Poutine, on le sait, s’était engagé au côté de Ianoukovitch de façon démonstrative. Par deux fois, il était venu sur place soutenir celui qui faisait figure de candidat de Moscou, s’empressant, trop vite comme la suite allait le montrer, de le féliciter pour son « élection » au second tour.
Iouchtchenko, lui, avait prôné une orientation pro-occidentale du pays et vanté la perspective d’une intégration de l’Ukraine à diverses institutions du monde impérialiste (OTAN et Union européenne). Outre lui attirer la sympathie agissante de divers secteurs de la petite bourgeoisie, cela a valu à Iouchtchenko de bénéficier du soutien des États-Unis et, dans une moindre mesure, de l’Union européenne. Cela s’est manifesté de mutiples manières avant et pendant la campagne : aide matérielle, politique et financière de fondations américaines et d’ONG européennes disant promouvoir « la démocratie » ou« l’éducation civique » ; mise à disposition de fonds lui permettant de sillonner le pays, d’éditer du matériel de propagande, de rétribuer une foule d’agents électoraux, d’affréter des cars pour amener des manifestants à Kiev, certains étant « dédommagés » des semaines passées dans la capitale.
À Moscou, pour s’en indigner, dans les capitales occidentales, pour s’en féliciter, dirigeants politiques et commentateurs ont rapproché ces événements de la « révolution des roses », survenue il y a un an en Géorgie, une des quinze ex-républiques de l’Union soviétique. Elle a abouti à ce qu’un politicien soutenu par l’Occident accède à la tête de l’État, après que des manifestations eurent chassé un président présenté comme proche de Moscou.
La chute de Chevarnadze en Géorgie, la défaite de Koutchma et Ianoukovitch en Ukraine sont autant de reculs de l’influence de Moscou dans cet « étranger proche » qu’il considère comme son pré carré. Car le « partenariat stratégique » avec la Russie vanté par Bush n’a jamais signifié que l’impérialisme américain renonçait à occuper toutes les positions politiques, économiques et stratégiques qu’il peut, en profitant de la dislocation de l’URSS et de l’affaiblissement de la Russie.


Ou dans la LDC de mars 2014 :

Depuis un quart de siècle, les puissances impérialistes qui dominent la planète n’ont eu de cesse de chercher à faire passer dans leur orbite des États issus de la décomposition de l’URSS. Les trois républiques baltes ont été les premières de la liste à être intégrées à l’OTAN ainsi qu’à l’Union européenne, et maintenant à la zone euro pour deux d’entre elles. La Géorgie a suivi, qui est candidate à l’entrée dans l’OTAN et dans l’Union européenne : elle vient d’ailleurs de parapher, le 28 novembre 2013, ce même accord d’association avec l’Union européenne qu’a refusé l’Ukraine.
Les États-Unis ont été à la pointe de l’offensive visant à réduire l’influence russe en ex-URSS, que ce soit en Europe orientale, dans le Caucase ou en Asie centrale. L’Union européenne, tiraillée qu’elle se trouve entre les intérêts et ambitions de l’Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne, peine à adopter une position commune en Ukraine. La Pologne, par exemple, voudrait étroitement lier l’UE à son voisin ukrainien, en qui elle voit une réserve de main-d’œuvre qualifiée très bon marché, et plus encore un possible allié, en tout cas un futur glacis face à Moscou. La France et l’Allemagne, elles, ne veulent pas de solutions qui exacerberaient les tensions avec Moscou, et d’abord parce que leurs gouvernements comptent sur l’influence de la Russie en Ukraine pour dégager une solution à cette crise, et pour partager le discrédit des mesures d’austérité que prendra contre la population le prochain gouvernement ukrainien, quel qu’il soit.


Mais une chose est d’expliquer et de dénoncer le rôle des grandes puissances à l’échelle internationale, une autre (même si les deux ont des liens, car les grandes puissances, dans leurs rivalités au sein d’un même pays pris pour cible dans leur soif de profit, jouent sur les lignes de failles, les faiblesses historiques de ce même pays) est de comprendre la situation intérieure, les rapports de force politique intérieurs et l’héritage historique qui peut rendre un pays comme l’Ukraine plus ou moins fragile. C’est la raison pour laquelle, lors de mes interventions sur ce fil te répondant, Doctor No, je t’ai répondu systématiquement sur des points de politique intérieurs à l’Ukraine, tel que l’opposition, par exemple, entre le Sud-est russophone, et Centre et l’Ouest, plutôt ukrainophone. C’est aussi la raison pour laquelle je t’avais rappelé que se rallier aux séparatistes du Donbass, dont les dirigeants versent dans le nationalisme grand-russien et les références au tsarisme, était le meilleur moyen de se couper du mouvement des femmes et mères de soldats, né dans l’Ouest ukrainophone du pays. Ce mouvement se poursuit, d’ailleurs, et a gagné le Sud et l’Est russophones. Il est d’ailleurs peut-être symptomatique que bien des pancartes en région russophone soient rédigées en ukrainien, ce que je comprends comme une manière d’affirmer sa solidarité avec les manifestantes de l’Ouest.
Une chose est de reconnaître le jeu des grandes puissances en Ukraine comme contraire aux intérêts des classes populaires d’Ukraine, de reconnaître et de dénoncer les grandes puissances impérialistes et leurs trusts comme ennemies des classes populaires d’Ukraine (et pas du seul Donbass), une autre est de savoir se reconnaître des amis, des alliés, même de manière provisoire et circonstanciée, à l’intérieur de l’Ukraine.
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Re: Ukraine

Message par Doctor No » 22 Août 2014, 07:21

C’est aussi la raison pour laquelle je t’avais rappelé que se rallier aux séparatistes du Donbass, dont les dirigeants versent dans le nationalisme grand-russien et les références au tsarisme, était le meilleur moyen de se couper du mouvement des femmes et mères de soldats, né dans l’Ouest ukrainophone du pays.


Nous sommes parfaitement d'accord là-dessus.

Il ne s'agit pas, il ne peut pas être question de soutenir politiquement les "nationalistes pro-russes", mais de pratiquer une politique de Front Uni anti Impérialiste car il faut être aveugle ou vouloir en faire semblant, pour ne pas voir que le facteur principal de la "question" (ukrainienne bien sur) est le bloc impérialiste occidental dirigé par l'impérialisme US. Porotchenko et les nazis ne sont que les djihadistes ukrainiens, ses troupes de choc contre la Russie d'abord en passant par l'Ukraine du Sud-Est.

C'est d'ailleurs pourquoi nous insistons en l'appui aux partis de gauche ukrainiens et nous faisons ressortir les traditions soviétiques profondément ancrées au coeur du peuple ukrainien, russe, et autres travailleurs qui ont fait l'expérience de la "démocratie" bourgeoise. (Le règne des oligarques).

C'est proprement incroyable que des dits "trotskistes" ne comprenant pas l'ABC de la tactique léniniste, et oublient ouvertement les textes pourtant lumineux de Trotsky sur l'appui des petits pays agressés par l'impérialisme.

Personne "se rallie", on propose de combattre ensemble l'impérialisme US sans faire aucune concession politique aux réactionnaires pro-russes mais en soutenant aussi le combat des partis de gauche, des travailleurs ukrainiens, en proposant un programme socialiste, seul possibilité de gagner non seulement les masses ukrainiennes mais russes et partout ailleurs.
Nous soutenons les "pro-russes" tant qu'ils combattent l'impérialisme, et dénonçons chaque fois que c'est pertinent et ne nuit pas la lutte commune, leurs idées et actions réactionnaires (voir le texte de Borotba que nous appuyons de tout notre coeur), mais nous les laisserons tomber à l'instant même que les masses ukrainiennes de l'Est passeront à gauche. Le texte de Borotba montre qu'une agitation de gauche est possible parmi ces travailleurs et que nous devons les soutenir de toute notre force).

C'est sur que c'est une politique aux antipodes de celle qui traite tout le monde des "bandits" et qui s'isole, comme toujours, sur un problème d'une importance capitale; qui passe, in fine, de l'autre côté de la barricade car c'est l'impérialisme US qui mène sa politique et qui est infiniment le plus fort. Ainsi, à chaque conflit, comme toujours, il s'agira "d'analyser", rester dans son quant-à-soi et voir passer le mouvement réel de la lutte de classes telle qu'elle est, de la fenêtre.
Doctor No
 
Message(s) : 467
Inscription : 24 Mai 2011, 14:40

Re: Ukraine

Message par Vania » 22 Août 2014, 15:32

Doctor No, tu as écrit ceci :

Cela ne pouvait donner qu'un sentiment à la fois national et de volonté de retourner à la situation où de tels agressions ne se produisaient pas; c'est à dire à l'URSS. Ce sont ces deux niveau de conscience qui sont très présents à l'Est.
Mais aussi un fort sentiment de gauche, pro-soviétique, pro URSS que vous n'avez jamais reconnu, et pour cause, toute votre construction s'effondrerait.


Et cela :

C'est d'ailleurs pourquoi nous insistons en l'appui aux partis de gauche ukrainiens et nous faisons ressortir les traditions soviétiques profondément ancrées au coeur du peuple ukrainien, russe, et autres travailleurs qui ont fait l'expérience de la "démocratie" bourgeoise. (Le règne des oligarques).


J’ignore où tu as pu lire que nous ignorions que dans les classes populaires d’ex URSS il pouvait exister une certaine nostalgie, un certain attachement à une période où chaque soviétique, quelque soit sa langue ou sa culture, avait droit à un travail, à un salaire, avait accès au logement, à la santé, à la culture et à l’éducation. Oui, dans les classes populaires ex-soviétiques, cela existe. De même qu’existe un sentiment qui est inconnu ici, en Occident, celui que l’oligarchie et son enrichissement ne sont pas légitimes. Ils ne sont pas vus comme des gens ayant réussi, mais comme des voleurs. En Occident, pour bien des travailleurs, un patron, aussi salaud soit-il, reste légitime. Il est le patron et l’usine est à lui, c’est comme ça.
L’extrême-droite ukrainophone, Svoboda comme Pravyï Sektor, a surfé sur ce sentiment, revendiquant notamment ce qu’elle appelait une « lustration », c'est-à-dire l’éviction des oligarques du pouvoir. On sait ce qu’il en fut, en fait d’éviction des oligarques dans leur ensemble, il fut surtout question d’éviction des bureaucrates issus du Parti des régions de Yanoukovitch et de l’interdiction du PCU.
Lorsque les images du palais que s’était fait construire Yanoukovitch ont été diffusées en Ukraine, et l’on pouvait voir de l’or jusque dans la robinetterie, cela a choqué bien des gens, à l’Ouest, comme à l’Est du pays.
Mais quand les leaders séparatistes font référence à l’URSS, ils ne font pas référence à la Révolution russe et à l’expropriation des bourgeois et des nobles. Non, ils font référence à la période stalinienne, et au chauvinisme grand-russien que Staline avait réintroduit. Il n’est pas question pour eux d’exproprier les oligarques. Lorsque des chants de la période soviétique retentissent, ce sont bien souvent ceux de la seconde guerre mondiale, nommée par Staline Grande Guerre patriotique. Il est d’ailleurs symptomatique que les chants de cette période conviennent fort bien aux nationalistes grand-russiens d’aujourd’hui et aux nostalgiques du tsarisme… Dans les paroles de ces chants, il n’y a rien d’Octobre…
J’en reviens à cet attachement populaire à l’URSS. Bien souvent, ces sentiments sont très confus, et s’y mêlent des revendications sociales, qui correspondent aux acquis d’Octobre ayant perduré durant la période stalinienne, mêlés à un chauvinisme plus ou moins affirmé, héritier, lui, de ce que Staline était déjà parvenu à détruire ou déformer d’Octobre et du marxisme-léninisme.
Or, les gens des classes populaires qui peuvent encore se revendiquer de ce fut l’URSS ont besoin de clarté, et pas de confusion. Ils n’ont pas besoin qu’on leur ressorte de temps à autre quelques références vagues à l’URSS pour mieux les emprisonner dans le piège du nationalisme. Le rôle des révolutionnaires est justement de dénoncer et de démasquer les nationalistes, même et surtout lorsqu’ils savent se draper à l’occasion d’une bannière rouge. Les dirigeants des Républiques de Donetsk et de Lougansk sont de ceux-là, ils doivent être démasqués et nommés pour ce qu’ils sont : des démagogues nationalistes.
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Re: Ukraine

Message par Doctor No » 22 Août 2014, 18:02

Or, les gens des classes populaires qui peuvent encore se revendiquer de ce fut l’URSS ont besoin de clarté, et pas de confusion. Ils n’ont pas besoin qu’on leur ressorte de temps à autre quelques références vagues à l’URSS pour mieux les emprisonner dans le piège du nationalisme. Le rôle des révolutionnaires est justement de dénoncer et de démasquer les nationalistes, même et surtout lorsqu’ils savent se draper à l’occasion d’une bannière rouge. Les dirigeants des Républiques de Donetsk et de Lougansk sont de ceux-là, ils doivent être démasqués et nommés pour ce qu’ils sont : des démagogues nationalistes.


Encore d'accord... mais comment cela se fait?

Le dénonciation de Borotba ne va pas dans ce sens là précisément?

La politique de Front Uni Anti impérialiste ne dit expressément que l'on ne soutient pas politiquement ces dirigeants? Que nous faisons un Front Uni Anti impérialiste avec eux, à la seule condition, qu'ils se battent contre l'impérialisme US, tout en dénonçant (avec à propos, correctement, pour gagner les masses à un programme socialiste) les délires réactionnaires?

Que est-ce qu'il y a de semblable dans ces idées léninistes avec la "politique" (elle n'en est pas une mais une fuite devant la réalité) de qualifier tout le monde des "bandits" et faire comme si là bas, où se joue des choses fondamentales pour la lutte de classes du prolétariat mondial, (comme vous avez fait encore pour la Libye, pour la Syrie) il n'y a rien qui se passe.

"Démasquer" peut se faire de différentes manières, et elle peut se faire aussi au sein d'un Front Uni qui est un assemblage des partis et organisations qui n'ont qu'un but commun.

Toute la question est de voir où se trouve l'ennemi principal et de la combattre. C'est exactement comme quand on fait une grève: on s'allie avec des cadres sympathisants, avec des employés tenus par leur travail et qui collaborent un peu, avec des sympathisants de partout qui ne partagent pas nos idées à 100% (et de loin même parmi les travailleurs qui font la grève). Que est ce que l'on fait? On tire tous dans le même sens, contre le patron, avec les forces disponibles de chacun et si on n'est pas majoritaire, on pousse tout de même le schmilblick et on essai de gagner, habilement, par la critique juste, opportune, la direction du mouvement.
Mais il y a des gauchistes qui ne participent pas au grèves car "les dirigeants sont pourris et vont vendre le mouvement"...et cela arrive fréquemment c'est vrai...avec le concours des gauchistes qui leur laissent la place libre.

La question n'est pas les dirigeants du moment, mais l'ennemi principal et la dynamique qu'enclenche une lutte juste.
Trostki le disait pour la Chine, devant l'effarement des Eiffelites, la condition absolue, nécessaire, du futur triomphe réside dans la participation aujourd'hui à la lutte contre l'impérialisme japonais (et la pratique des communistes chinois a confirmé sa prévision qui, tout de même, n'était pas sorcière.)

D'un côté un sentiment banderiste, de l'autre un sentiment pro-soviétique peu clair...Que faut il faire?: appuyer ceux qui sont le plus clairs, qui veulent mettre en avant un programme socialiste, qui combattent d'abord les banderistes et l'impérialisme mais aussi les monarchistes, qui sont pour le socialisme des soviets: Borotba malgré nos divergences?.

Ou, traiter tout le monde des "bandits" et ainsi "régler l'affaire". La balle au centre, nous on continue notre ronron quotidien et si demain l'impérialisme US par les fascistes interposés triomphent, on sortira un article équilibré ou l'on jettera la faute "au deux parties"?

Comme l'encerclement de la Russie qui vise à l'éliminer comme rival potentiel ne risque pas de s'arrêter là (aujourd'hui la question du convoi humanitaire prend une couleur sombre) vous avez la recette toute prête de vos prochains articles. Si cela continue par la Biélorussie ou le Kazakhstan, vous ferez de même, après tout il faut garder la "ligne" tenue depuis la Libye, non? On trouvera toujours des nationalistes ou de staliniens, non?. C'est la facile.
Doctor No
 
Message(s) : 467
Inscription : 24 Mai 2011, 14:40

Re: Ukraine

Message par Vania » 22 Août 2014, 18:55

Tu donnes l'impression de faire semblant de ne pas comprendre, Doctor No...
Un court reportage télé en français, tourné à Donetsk. Images et mots d'une population à la fois prisonnière et empoisonnée par deux nationalismes rivaux. Dans leurs bouches, il n'y a malheureusement pas la moindre revendication sociale, rien qui pourrait être un point d'appui vers un autre avenir. La situation actuelle est une impasse.

https://fr.news.yahoo.com/video/ukraine ... 38163.html
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Re: Ukraine

Message par Doctor No » 22 Août 2014, 21:38

Vania prends une discussion dans la rue pour étaler sa conviction...

Après 25 ans de massive propagande capitaliste, après l'agression du gouvernement de Kiev à relents xénophobes, il voudrait un discours marxiste-léniniste de la part...de deux personnes prises au hasard! Et je ne parle pas de possible manipulation par les agences de propagande et de désinformation, qui postent ce qu'ils veulent sur Internet.

Les opinions de gauche, Vania, il faut les rechercher chez les partis de gauche.
Toi même nous as confirmé que le peuple de la région déteste les oligarques et a un sentiment pro-soviétique (dévoyé certes mais anticapitaliste, pro socialisme tels qu'ils l'entendent).

C'est une base de départ bien meilleure que ce que nous avons ici.

Si un reportage n'en trouve pas ce qu'il ne cherche manifestement pas car cela existe même sous la forme du chant de l'Internationale.... on en fait une "ligne politique", Vania?

Non, évidement. On va voir dans les déclarations des ukrainiens de l'est voir s'il y a des partis politiques organisées socialistes (Borotba par exemple) et si on les trouve, on les soutiens (et on ne les traite pas des "bandits" et on ne les fait pas équivalentes avec les nazis)

Cela est élémentaire et avoir à le rappeler montre jusqu'à quel abimes vous êtes tombés.

L'impasse est votre "politique" (votre manque de politique, votre contemplation apolitique), les gens à l'est bougent. La preuve? Justement la déclaration de Borotba qui montre qu'une opposition de gauche aux nationalistes pro-russes est possible et qu'il faut la soutenir.

Tiens, tiens, l'opposition de gauche, cela ne vous rappelle rien? Etaient-ils majoritaires? Dirigeaient-ils? Fallait-il donc les laisser tomber?

Lors de la Guerre d'Espagne, les deux camps étaient dirigés par: des fascistes dans un cas et par des réactionnaires dans l'autre, mais il y avaient quelques marxistes... fallait-il regarder cela d'en haut et proclamer que les "uns et les autres ce valent" et qu'il n'y a que des "bandits" qui commettent des exactions des deux côtés? (comme c'était surement le cas pour des rares cas du côté républicain). Un reporter aurait trouvé surement deux personnes pour "confirmer" une position "si intelligente" mais surtout " si politique"...

Du bout que l'on regarde votre "positionnement", il est indéfendable.
Doctor No
 
Message(s) : 467
Inscription : 24 Mai 2011, 14:40

PrécédentSuivant

Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 17 invité(s)