Femmes des quartiers populaires

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par magdalene » 06 Oct 2003, 20:37

CITATION Une plaque pour Sohane sur la tombe de Simone de Beauvoir
LE MONDE | 04.10.03  •  MIS A JOUR LE 04.10.03 | 13h13

C'est l'une des sépultures les plus simples et les plus lisses du cimetière parisien du Montparnasse. Pas de marbre, ni fleurs ni couronnes. Une simple épitaphe : " Jean-Paul Sartre, 1905-1980. Simone de Beauvoir, 1908-1986." Samedi 4 octobre, la tombe blanche hébergera une autre inscription. Une plaque, juste posée sur la pierre de taille, avec cette phrase :"A la mémoire de Sohane, morte brûlée vive, pour que garçons et filles vivent mieux dans l'égalité et le respect. Sohane Benziane, 1984-2002."

Voilà l'épilogue d'une polémique qui tourne autour de trois mots : "morte brûlée vive". Les termes figurent sur cette lourde plaque en inox indestructible que la fille de Simone de Beauvoir, Sylvie Le Bon de Beauvoir, a bien volontiers accepté d'héberger provisoirement sur la tombe de la grande penseuse du féminisme. La phrase, en revanche, n'est plus gravée dans la plaque fixée sur la pelouse, au pied de la tour où vivait la jeune fille, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Offerte par l'office HLM, elle a été changée, début mars, après avoir été fracassée par une pierre lancée du 14e étage d'une tour de la cité Balzac.

"MORTE BRÛLÉE VIVE"

Après cet incident, la Ligue du droit international des femmes (LDIF), fondée par Beauvoir, décide de faire fabriquer une stèle indestructible pour qu'elle ne soit plus profanée. Elle rajoute : "morte brûlée vive". Le maire communiste de Vitry est ennuyé : l'inscription, pour lui, ne peut qu'aviver les tensions. Lors de la reconstitution des faits, le 25 mars, des applaudissements ont en effet accueilli la sortie de la fourgonnette de police de Jamal Derrar, dit "Nono", le petit "caïd" de 19 ans qui avait aspergé Sohane d'essence, aujourd'hui mis en examen avec le copain qui avait tenu la porte du local.

"Ces trois mots ne sont pas ceux choisis par les amis de Sohane", plaide la mairie. En signe d'apaisement, elle a toutefois délégué un de ses représentants, samedi matin, à la cérémonie parallèle du cimetière Montparnasse. "On m'a expliqué que l'intitulé devait être arrêté au terme d'un processus démocratique. Je crains qu'on ait surtout peur de faire de la mauvaise publicité à la cité", soupire Kahina Benziane, la sœur de Sohane, qui espère bien que la plaque pourra un jour être transportée à Vitry. Car, plaide-t-elle, "Sohane n'est pas morte d'un accident de voiture. Sohane est une martyre, et je voudrais qu'on dise la vérité. Je pourrais alors essayer d'oublier. C'est très dur d'oublier quelqu'un qui brûle. Quelqu'un qui brûle, ça n'en finit pas. Ça brûle tout le temps pour vous."

Ariane Chemin
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magdalene
 
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Message par magdalene » 06 Oct 2003, 20:41

CITATION Fort de ses premiers succès, le mouvement Ni putes ni soumises interpelle le chef de l'Etat
LE MONDE | 04.10.03  •  MIS A JOUR LE 04.10.03 | 13h12

Les mines sont encore graves et le ton ému au souvenir des premières agressions. En ouvrant la première université du mouvement Ni putes ni soumises, qui se tenait à Dourdan les 3, 4 et 5 octobre, Fadela Amara, sa présidente, a tenu à placer l'événement sous l'égide du souvenir de Sohane. La mort de la jeune femme, brûlée vive le 4 octobre 2002 à Vitry-sur-Seine, fut en effet le déclencheur d'une prise de conscience de bon nombre de filles des quartiers. "C'est le symbole d'une femme qui a refusé la soumission et les règles de la cité et qui l'a payé de sa vie. Aujourd'hui, nous avons réussi à dénoncer cette violence et l'omerta qui la recouvre, mais tout reste à faire", a assuré Mme Amara devant plus de 300 participants, en rappelant les différentes étapes de la création de son mouvement. Etats généraux des femmes des quartiers en janvier 2002, manifeste contre le machisme et les violences masculines en mars de la même année, marche des femmes contre les ghettos et pour l'égalité en février 2003, manifestation nationale le 8 mars à Paris réunissant 30 000 personnes... Le succès est arrivé vite. La construction et l'enracinement sont, eux, plus difficiles.

Six mois après la marche, le mouvement revendique 23 comités locaux et 5 associations affiliées. "On ne change pas les mentalités en six mois", remarque Franck Chaumont, un des animateurs de l'association. Pour de nombreux jeunes, surtout les filles, il est encore difficile de s'afficher sous la bannière de Ni putes ni soumises. Dans certaines cités, le climat entre les garçons et les filles demeure lourd. "A Vitry, l'ambiance est terrible et les mecs sont des fous. C'est normal que les filles aient peur", explique M. Chaumont en rappelant que, lors de la reconstitution des faits, le meurtrier de Sohane s'est fait applaudir. Alors, pour éviter de se faire agresser, certains collectifs de filles ont préféré choisir une autre dénomination ; d'autres groupes se sont affiliés directement au siège national et militent en dehors de leur cité.

Tous témoignent de la méfiance mais aussi de l'écoute qu'ils rencontrent. Comme Lassad Khazen, jeune Bordelais qui raconte s'être fait prendre à partie dans un bus par un jeune homme qui lui disait ne pas comprendre son militantisme : "Il m'a dit que c'était la loi de la cité et qu'on n'y pouvait rien changer. Mais les filles, elles, nous écoutent", relate-t-il. Ou Reine-Claude Lasry, mère célibataire de 26 ans habitant la Grande Borne à Grigny (Essonne), qui a vu sa boîte aux lettres saccagée et sa voiture abîmée depuis qu'elle s'est engagée. "Qu'on ait un comité Ni putes ni soumises dans la cité ou pas, les mecs vous mettent la pression. Alors je préfère ne pas baisser la tête", souligne-t-elle.

Qu'il dérange ou qu'il libère la parole, le mouvement connaît un vrai succès. Tous les jours, la permanence parisienne reçoit plus de 30 coups de fil, dont les deux tiers "sont des appels au secours", assure Mme Amara. Le site Internet voit les connexions se succéder pour des demandes de renseignements ou pour participer au forum de discussion. Le gouvernement semble suivre de près les premiers pas de l'association. Pas moins de deux ministres se sont déplacés lors de l'université - Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la ville, et Nicole Ameline, secrétaire d'Etat déléguée à la parité et à l'égalité professionnelle -, et le premier ministre a tenu à téléphoner en direct, vendredi après-midi, pour apporter un message de "soutien attentif et admiratif" à sa présidente. Le député (PS) Laurent Fabius a également assisté aux travaux.

Les cinq propositions du mouvement lancées au lendemain de la manifestation du 8 mars ont commencé à trouver un début de réalisation. 50 hébergements d'urgence ont été débloqués au début de l'été pour des jeunes filles en rupture familiale et autant sont désormais disponibles : "Confidentiels, immédiats et protégés, nous mettons en permanence à disposition de l'association 50 appartements d'avance", explique M. Borloo. Un "guide du respect", rédigé par le mouvement et financé par Matignon, doit être bientôt distribué dans toutes les classes de 4e, 3e et 2de. Un premier "point d'écoute" pour les femmes des cités doit être installé à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). "Nous en avions proposé dix, mais nous manquons de forces et de moyens", s'excuse Mme Amara. Les cellules d'accueil dans les commissariats pour les jeunes femmes agressées, promises par Nicolas Sarkozy, sont en place dans 24 circonscriptions. "L'idée est de les généraliser à tous les commissariats et postes de gendarmerie", assure-t-on au ministère de l'intérieur. Enfin, des fonds ont été débloqués pour financer l'université des femmes de quartier.

Pour les militants, ces gestes ne suffisent pas. La rencontre devait être l'occasion de réclamer un effort plus important, en particulier des ministères de l'éducation nationale et de la ville. D'abord en demandant une refonte des cours d'éducation sexuelle au collège : "Ils doivent devenir des vrais cours où on parle du désir, du plaisir, du respect de l'autre et pas seulement de prévention", explique la présidente. A M. Borloo, l'association veut demander de "favoriser toutes les initiatives prises par les femmes dans les quartiers".

Pour marquer les esprits, Fadela Amara a décidé d'interpeller directement le chef de l'Etat, en lui demandant de faire de la condition des femmes, un "grand chantier national", au même titre que les handicapés, le cancer et les accidents de la route. "Dans notre pays, une chose est devenue insupportable : c'est la régression de la condition des femmes. Nous ne devons plus l'accepter", a clamé Mme Amara, vendredi. Cet appel devait être lancé officiellement dimanche à l'adresse de Jacques Chirac.

Sylvia Zappi
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magdalene
 
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Message par Louis » 06 Oct 2003, 20:45

fort bien ! Mais je sens comme une ambiguité dans ton intitulé ! Femme des quartiers populaires ou femme des ghetto ? Parce qu'heureusement que les premiers ne sont pas tous devenus les seconds Et j'aimerais que tu m'explique ta position a toi face a ce mouvement Faut il selon toi militer avec, ou s'en méfier comme d'un pseudopode de sos racisme Ou penser, comme des militants de la lcr a la création de sos, que "le mouvement était tout" et que l'afflux constaté emporterait toutes les limites objectives de ce type de démarche ???
Louis
 
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Message par magdalene » 06 Oct 2003, 21:03

CITATION (LouisChristianRené @ lundi 6 octobre 2003, 21:45)fort bien ! Mais je sens comme une ambiguité dans ton intitulé ! Femme des quartiers populaires ou femme des ghetto ? Parce qu'heureusement que les premiers ne sont pas tous devenus les seconds Et j'aimerais que tu m'explique ta position a toi face a ce mouvement Faut il selon toi militer avec, ou s'en méfier comme d'un pseudopode de sos racisme Ou penser, comme des militants de la lcr a la création de sos, que "le mouvement était tout" et que l'afflux constaté emporterait toutes les limites objectives de ce type de démarche ???[/quote]
non, pas "fort bien" du tout !

la cité balzac de vitry, est un quartier populaire, avec les conditions de vie qui sont celles que des années de politiques anti ouvrières ont infligées à la population, en particulier d'origine immigrée. parle de ghetto si tu veux, mais ce qui importe ici c'est la population que l'on condamne à vivre là.

je pense que l'important est d'assurer ces femmes (ey quelques rares hommes) de notre soutien dans leur refus de voir leur vies menacées, et certainement pas d'entretenir des illusions dans la droite ou la gauche comme le font les dirigeantes de 'ni putes ni soumises'.
magdalene
 
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Message par Louis » 06 Oct 2003, 21:17

Non ! tu connais le quartier balzac a vitry, ou pas ? Moi si, et c'est bien un ghetto, de la pire espece ! Pour moi, je fais une vraie différence entre un "quartier ghetto" et un quartier populaire (quelq que soit par ailleurs les problemes qu'il peut y avoir dans le quartier populaire) , y compris, et peut etre surtout, du coté de la situation des femmes (et filles) qui y vivent !

La aussi, je pense que le probleme de "d'entretenir des illusions dans la droite ou la gauche " se mesure aussi a cette aulne ! Evidemment, y'a pas a forcer la nature des dirigeants de sos (y compris ceux qui sont a la tête de l'initiative) mais y'a aussi le fait que la politique dans les ghetto, je l'ai vécu, c'est mettre un "coup de pression" sur tel ou tel décideur politique (plutot le maire, mais en général un "décideur" au niveau local) et donc qu'elles surfent sur un terreau déja bien alimenté
Louis
 
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Message par magdalene » 06 Oct 2003, 21:28

CITATION (LouisChristianRené @ lundi 6 octobre 2003, 22:17)Non ! tu connais le quartier balzac a vitry, ou pas ? Moi si, et c'est bien un ghetto, de la pire espece ! Pour moi, je fais une vraie différence entre un "quartier ghetto" et un quartier populaire (quelq que soit par ailleurs les problemes qu'il peut y avoir dans le quartier populaire) , y compris, et peut etre surtout, du coté de la situation des femmes (et filles) qui y vivent !

La aussi, je pense que le probleme de "d'entretenir des illusions dans la droite ou la gauche " se mesure aussi a cette aulne ! Evidemment, y'a pas a forcer la nature des dirigeants de sos (y compris ceux qui sont a la tête de l'initiative) mais y'a aussi le fait que la politique dans les ghetto, je l'ai vécu, c'est mettre un "coup de pression" sur tel ou tel décideur politique (plutot le maire, mais en général un "décideur" au niveau local) et donc qu'elles surfent sur un terreau déja bien alimenté[/quote]
eh ben LCR, on va jouer à ton jeu préféré, cékiki connait mieux que l'autre...
la cité balzac, j'y travaille.

je te répète, que ce qui importe ce sont les gens qui y vivent et dans quelle condition, c'est quartier populaire au titre de ce que cette société produit de plus ignoble. ce qu'est balzac, c'est ce qui attend nombre de quartier dans lesquels le taux de chômage n'est pas encore de 30%. et c'est bien de ça que nous parlons : ce qui s'y vit, et la médiatisation qui en est faite est une vue grossissante de l'état de la société. ghetto si tu veux, mais nous n'avons un discours pour ces gens là et un autre pour les autres : ce que les habitants subissent là, concerne l'ensemble des travailleurs et des chômeurs qui ne sont pas encore condamnés à y vivre.
ghetto, parce qu'on essaie d'y cloîtrer les plus pauvres, les immigrés, mais ce ne doit pas être traité comme un îlot, parce que le sort des pauvres et des immigrés c'est l'affaire de tous les travailleurs.

les révolutionnaires ont leur place aux côtés de ces femmes indignées, parce que dans les ZUS (zones urbaines sensibles), le chômage est de 25 % en moyenne. or le taux de chômage des femmes est de 28 % et celui des hommes de 24 %. "alors que la proportion de femmes qui travaillent a progressé sur la France entière de 6.3 % entre 90 et 99, elle a quasiment stagné pour les habitantes des quartiers." (le monde du 6/10).

alors, vue la discrimination qui s'impose aux femmes, nous avons à la dénoncer, à soutenir les initiatives qui mettent en lumière leur oppression économique et sociale. ne pas le faire, rester dans son coin sans se salir les mains sous prétexte que c'est un mouvement guidé par le PS, c'est se refuser à accomplir ce si difficile travail qui consiste à gagner à nos idées des habitants des quartiers populaires, en particulier celles que cette société condamne à rester à la maison.
magdalene
 
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Message par Louis » 06 Oct 2003, 21:54

CITATION eh ben LCR, on va jouer à ton jeu préféré, cékiki connait mieux que l'autre...
la cité balzac, j'y travaille.[/quote]

C'est pas trop un jeu : je t'indique dans un mp (parce que je sens que ça va gonfler les lecteurs) ce que je connais de vitry, ses quartiers, sa cellule lcr etc etc etc

revenons aux quartiers

ghetto si tu veux, mais nous n'avons un discours pour ces gens là et un autre pour les autres

Vraiment ? Alors, c'est peut etre aussi pour ça que nous sommes inaudibles dans ces quartiers là, parce que nous ne reconnaissons pas ce qui en fait quelque chose de spécifique, et qui attend une réponse spécifique aussi

Prenons la violence faite aux femmes. Il n'y a qu'a entendre "ni putes ni soumises" : la violence ne se produit pas que dans les quartiers populaires, les femmes de la bourgeoisie se font cogner aussi ! Et quelques faits divers hyper médiatisé nous le rapellent parfaitement ! Mais n'y as t il pas quelque chose de spécifique dans les quartiers, qui fait que la parole a mis tant de temps a sortir ?

Mais mis a part cette divergence, je suis totalement d'accord avec cette conclusion

CITATION nous avons à la dénoncer, à soutenir les initiatives qui mettent en lumière leur oppression économique et sociale. ne pas le faire, rester dans son coin sans se salir les mains sous prétexte que c'est un mouvement guidé par le PS, c'est se refuser à accomplir ce si difficile travail qui consiste à gagner à nos idées des habitants des quartiers populaires, en particulier celles que cette société condamne à rester à la maison. [/quote]

Ce qui implique aussi d'aller physiquement dans ce genre de quartier, pour ceux qui n'ont pas la chance d'etre a vitry ou ailleurs
Louis
 
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Message par emma-louise » 07 Oct 2003, 11:50

CITATION (wolf @ lundi 6 octobre 2003, 22:46) CITATION Pour marquer les esprits, Fadela Amara a décidé d'interpeller directement le chef de l'Etat, en lui demandant de faire de la condition des femmes, un "grand chantier national", au même titre que les handicapés, le cancer et les accidents de la route.[/quote]

:headonwall: [/quote]
ne pouvons faire une campagne de masse antiraciste ?
emma-louise
 
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Message par Screw » 07 Oct 2003, 21:54

CITATION (LouisChristianRené @ )Ce qui implique aussi d'aller physiquement dans ce genre de quartier[/quote]
Tout à fait d'accord.
Il faut y vivre: la "bonne parole" venant de "l'extérieur" ça ne marche pas !
Sans compter que les bonnes volontés véhiculent souvent des stéréotypes contre-productifs.
Screw
 
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