CITATION LO-LCR: prises de tête entre alliés
La concurrence entre Laguiller et Besancenot menace l'accord électoral.
Par Christophe FORCARI
jeudi 09 octobre 2003
Arlette Laguiller revendique la première place pour les régionales en Ile-de-France. «Faire de la politique autrement», mais avec les mêmes soucis que les autres : régler des querelles de personnes et sauver ses élus. En discussion pour parvenir à monter des listes communes pour les régionales et les européennes de 2004, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Lutte ouvrière (LO) sont entrées, hier soir, lors d'une troisième réunion, dans le vif du sujet : la question des têtes de liste. La porte-parole de LO, Arlette Laguiller, a clairement annoncé la couleur lors de son meeting de rentrée à la Mutualité le 3 octobre. En cas d'accord entre les deux organisations trotskistes, elle revendique la première place pour les régionales en Ile-de-France. Une demande que LO justifie par les trois élus sortants dont elle dispose depuis 1998 au sein de l'exécutif régional.
Exigences. Le problème c'est que, jusqu'ici, c'est le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, qui était pressenti pour conduire une liste d'union des deux formations trotskistes aux régionales, Laguiller se réservant, elle, pour les européennes. Face aux nouvelles exigences de la porte-parole de LO, la LCR propose donc un troc pour sauver l'accord : à Laguiller le leadership aux régionales et à Besancenot celui des européennes.
«Il y a 22 régions. La moitié où LO sera tête de liste, et l'autre pour nous. Pareil pour les huit grandes régions européennes», tranche François Sabado, membre du bureau politique de la Ligue. Dans le numéro de Rouge, l'organe de la LCR, qui paraît aujourd'hui, le maître d'oeuvre des négociations avec l'autre branche de la famille trotskiste précise que «la recherche d'une égalité entre les deux organisations doit guider la répartition sur le plan national».
Un rééquilibrage qui doit traduire dans les faits les scores voisins réalisés à la présidentielle par les deux champions de l'extrême gauche (4,25 % des voix pour Besancenot et 5,72 % pour Laguiller). Fortes de leur alliance scellée lors des européennes de 1999, les deux organisations avaient décroché cinq sièges au Parlement de Strasbourg, deux pour la Ligue, trois pour LO. Une représentation que le nouveau mode de scrutin risque de réduire à peau de chagrin. Les deux partis peuvent espérer au mieux retrouver deux sièges, un en Ile-de-France et l'autre dans la circonscription européenne du grand Nord.
Troc. Si Arlette Laguiller veut retourner à Strasbourg, elle devrait donc conduire la liste européenne commune dans cette région du grand Nord. Selon la règle posée par la LCR, la Ligue conduirait alors l'extrême gauche aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais. Mais LO compte depuis 1998 sept élus sortants dans cette région, contre aucun à la LCR. «Il ne peut être automatique que LO se retire devant la LCR. Cela reste l'objet d'un désaccord», ont prévenu les dirigeants de Lutte ouvrière. Alain Krivine, porte-parole de la LCR et partisan de l'accord, voudrait que «la querelle déplorable sur les noms s'arrête vite. Pour mener une bonne campagne dynamique, il faut un accord équilibré». L'accord, LO le veut peut-être, mais sans rien céder de ses places fortes. Plus que jamais l'union est un combat... de personnes.[/quote]