Remise en cause des 40 heures

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Message par mael.monnier » 14 Déc 2003, 18:59

Bonjour,

La machine à remonter le temps du gouvernement Raffarin s'accélère. Après les 35 heures, c'est un encore un coup dur pour le monde du travail puisque ce sont maintenant les 40 heures qui sont remises en cause, cela dans le projet de loi de projet de loi sur la formation professionnelle et le dialogue social du ministre du Chômage, François Fillon.

(L'Humanité @ 12 décembre 2003 a écrit :
Projet Fillon " Le MEDEF gagne la guerre contre les 35 heures "

Par Sylvian Chicote, juriste en droit social.

La première loi Fillon et l'affaire du lundi de Pentecôte n'étaient que des mises en jambes. Par un article 38 de contrebande, le gouvernement lance une attaque d'envergure contre les 35 heures à l'occasion de la loi sur la formation et la négociation sociale. En effet, il serait maintenant possible par un simple accord d'entreprise de fixer un contingent annuel de 423 heures supplémentaires, c'est-à-dire 44 heures par semaine en moyenne. Cet accord pourrait être signé par un " syndicat ", un délégué maison ou un mandaté désigné compréhensif. L'accord serait d'autant plus facile à obtenir que les salaires sont bas et que l'employeur ferait miroiter le paiement des heures, vite compensé dans les faits par le blocage des salaires de base. Le paiement régulier des heures supplémentaires ne serait d'ailleurs même pas assuré puisque le chef d'entreprise les ferait exécuter en fonction de ses besoins. Il s'agirait en fait d'une variable d'ajustement à la disposition de l'employeur sans même les quelques garanties de l'annualisation puisque pour les heures supplémentaires il n'existe ni calendrier prévisionnel ni délai de prévenance.

Les contingents légaux ou conventionnels sont actuellement assez peu utilisés. Mais dans l'hypothèse d'un sursaut de la croissance, durable ou temporaire, c'est le recours aux heures supplémentaires qui sera privilégié au détriment de l'embauche, stable ou temporaire. C'est donc un mauvais coup contre les chômeurs et contre les précaires qui n'auront même plus les quelques mois de travail qui leur permettent de survivre.

Avec ce texte le MEDEF gagne la guerre contre les 35 heures. Il avait déjà gagné quelques batailles avec une loi Aubry II comportant l'annualisation, le forfait jours, l'absence d'obligation d'embauche et 18 milliards d'euros d'allégements de cotisations. Il garde tout cela, y compris l'argent, mais obtient la possibilité, partout où il le pourra, de supprimer les 35 heures et même les 40 heures de 1936 et donc la suppression d'emplois.

Le MEDEF se réjouit, il montre ainsi à nouveau que la durée du travail est un enjeu central dans les rapports d'exploitation et de domination.

Il a raison. Motif supplémentaire pour voir que la réduction du temps de travail est incontournable pour la construction d'un système de sécurité d'emploi ou de formation. Avec 7 millions de personnes sans emploi ou en sous-emploi, la durée moyenne du travail est inférieure à 30 heures. La fixation de la durée légale à 32 heures est donc parfaitement légitime et nécessaire, accompagnée, pour la réussite, de mises en formation massives, d'un nouveau système de crédit favorable à l'emploi et de pouvoirs nouveaux pour les salariés dans la gestion.


Préparons donc un nouveau mai 1936 !

Fraternellement,
Maël Monnier
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Message par Quartz » 14 Déc 2003, 19:25

Oui ça tout à fait dans le sens des attaques que les patrons portent actuellement. J' ai même appris ( source C.G.T ) que Michelin a rédigé un nouveau Code du travail, et qu' il a essayé de l' appliqué dans ses boites. Aux dernières nouvelles, ils n' auraient trouvé aucun aucun syndicat pour signer. Fillon est paraît-il très intéressé par ce projet.

Je ne peux m' empêcher de grincer les dents quand je lis ceux-ci :

a écrit :Il avait déjà gagné quelques batailles avec une loi Aubry II comportant l'annualisation, le forfait jours, l'absence d'obligation d'embauche et 18 milliards d'euros d'allégements de cotisations


La C.G.T et le P.C ne sont pas clairs là-desus. Lors des accords sur la Lois Aubry, dans ma ville les responsables UD-C.G.T ont milité pour cette loi. Cela allait donné des RTT en plus aux gens, nous disaient-ils. Je pense même que nous sommes la seule boîte, et le seule syndicat C.G.T à ne pas avoir signer cet accord avec le patron de l' usine. Alors aujourd' hui ils sont quand même assez faux-cul d' écrire cela dans l' Huma.
Quartz
 
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Message par Fan_Bizet » 14 Déc 2003, 19:36

a écrit :mael.monnier Posted on dimanche 14 décembre 2003 à 18:59
Préparons donc un nouveau mai 1936 !


Juste histoire de chipoter, je préfèrerais un juin 1936
Fan_Bizet
 
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Message par Patrickdu49 » 14 Déc 2003, 20:18

Bah ça s'arrange pas les viocs de droite ... !!

Ils sont vraiment gravos ... ça fait déjà belle lurette qu'on devrait etre oui aux 32 heures par semaine .... qu'est ce qu'ils sont vieux jeux ...

Remarque le Fillon il est pas usé par le travail d'usine lui le fils de notaire ...

Et que j'entende pas un toubib me dire que lui il fait 10h/jour ... on peut pas comparer le boulot ... et il gagne pas moins de 7000 balles net mensuel non plus ... de + s'il voulait travailler 2 fois moins et partager son temps de travail et son cabinet avec un collegue et son salaire mensuel personne ne lui en empeche ...

Bref ce gouvernement je pense en n'a plus pour tres longtemps .. du moins j'espere ... sinon que je m'apprete à aller en prison, car moi j'en veut pas de leur conception de la vie aux vieux là lol ... ils vont me faire faire des bétises a force de tirer trop sur l'elastique ..
Patrickdu49
 
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Message par lohen » 14 Déc 2003, 22:17

a écrit :

a écrit :
Il avait déjà gagné quelques batailles avec une loi Aubry II comportant l'annualisation, le forfait jours, l'absence d'obligation d'embauche et 18 milliards d'euros d'allégements de cotisations


La C.G.T et le P.C ne sont pas clairs là-desus. Lors des accords sur la Lois Aubry, dans ma ville les responsables UD-C.G.T ont milité pour cette loi. Cela allait donné des RTT en plus aux gens, nous disaient-ils. Je pense même que nous sommes la seule boîte, et le seule syndicat C.G.T à ne pas avoir signer cet accord avec le patron de l' usine. Alors aujourd' hui ils sont quand même assez faux-cul d' écrire cela dans l' Huma.


Il ne faut pas dire n'importe quoi!
Le PC et la CGT ( entre autres, ils n'étaient pas les euls et plutôt en bonne compagnie) ont soutenus et fait le forcing pour que les lois Aubry soient adoptées et appliquées.
Se souvenir des rodomontades de Maxime GREMETZ lors de la discussion sur le vote de la loi Aubry...
C'est aun nom d'une modrnisation de l'économie, comme celle que préconise Mael.Monnier que cela se fait.
A+
lohen
 
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Message par mael.monnier » 15 Déc 2003, 13:25

Bonjour,

Concernant la loi Aubry II, je pense qu'elle a été mal faite et fut catastrophique pour l'économie, donc pour l'emploi au départ, parce que la loi était autoritaire et difficile à appliquer chez certaines entreprises qui ne trouvaient pas la main-d'oeuvre nécessaire, il aurait sans doute fallu passer à la semaine de 4 jours directement comme le proposait Michel Rocard. La loi Aubry II fut néfaste pour les entreprises comme pour les salariés et le PCF s'était battu à l'Assemblée Nationale avec le MDC et les Verts pour que des amendements soient adoptés car la seconde loi Aubry n'était pas dans l'esprit de la première (voir ces deux articles de l'Huma : L'Assemblée engage l'examen de la nouvelle loi Aubry et 35 heures Aubry passe la seconde). Et concernant 1936, cela a commencé en mai, je suis désolé, d'ailleurs Marceau Pivert avait appelé à la constitution d'un pouvoir ouvrier le 27 mai 1936 et a une offensive anti-capitaliste vigoureuse (voir http://membres.lycos.fr/letouzey/textes/17pivert.htm).

Fraternellement,
Maël Monnier
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Message par alex » 15 Déc 2003, 15:20

Rassure toi Mael, les entreprises ont toutes comprises comment profiter au mieux de la loi Aubry, notamment grâce aux heures supplémentaires quasi gratuites et en supprimant toutes sortes d'acquis comme les pauses!
Autrement je me souviens de la manif pour l'emploi à l'appel du PCF et les fortes déclarations du Parti contre la loi Aubry mais dès le lendemain il votait cette même loi!
Alors la lutte que tu as vu de la part du PCF, d'autant plus au Parlement...
alex
 
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Message par mael.monnier » 15 Déc 2003, 15:45

Bonjour,

C'est vrai que le PCF s'est mis du côté de la (petite) bourgeoisie encore une fois à cette époque (mais je pense que c'est toujours vrai), la logique aurait voulu qu'on ne vote pas cette loi puisqu'elle était si mauvaise, mieux aurait valu ne pas réduire le temps de travail plutôt que de mettre en place une loi aussi mal faite et néfaste pour l'économie. Certaines entreprises en ont profité effectivement mais d'autres en ont souffert car elles ne trouvaient pas la main d'oeuvre qualifiée nécessaire ou bien n'allaient pas embaucher quelqu'un pour 4 heures par semaine. Entre un centre d'appel téléphonique qui emploie 100 personnes faisant le même travail et une PME de 100 personnes qui emploie des personnes ayant des compétences très diverses, ce n'est pas la même chose et les lois Aubry n'en a pas tenue compte.

Fraternellement,
Maël Monnier
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Message par mael.monnier » 15 Déc 2003, 16:14

Bonjour,

Je suis désolé Wolf. Les 35 heures, en plus d'avoir accrus la flexibilité et la pression exercées sur les salarié-e-s et gelées les salaires, ont rationné les capacités de production des entreprises. D'après le MEDEF, "le rationnement et le coût des heures supplémentaires, associés à la pénurie de main d'œuvre, ont limités la croissance potentielle du pays. Les entreprises ne pouvaient plus développer leur activité. Et pour certaines la maintenir. La perte de croissance liée aux 35 heures a été estimée à 3%, soit l’équivalent de près de 50 milliards d’euros (source : CDC)" Toujours, selon le MEDEF, "en s'attaquant à la liberté d'entreprendre, en bloquant l'expansion économique et en organisant le déclin des entreprises françaises, il a conduit les jeunes créateurs d'entreprise à s'expatrier et les capitaux à s'investir à l'étranger et à y créer de l'emploi."

Selon Dominique Strauss Kahn, en 2001, au départ les 35 heures auraient détruit autant d'emplois qu'elles en auraient créées.

Fraternellement,
Maël Monnier
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