(quijote @ samedi 27 décembre 2003 à 01:48 a écrit :^etre " moderne" , "de son temps ", pour remettre en question tout un tas d' acquis sociaux , j'ai déjà entendu ça quelque part .. " le communisme vieille idée ringarde ", " la " lutte de classe " entérrée , il n ' y a plus des prolétaires et des bourgeois , mais des "citoyens ", voire " des gens" (dixit Robert Hue) plus de "grèves " mais des "mouvements sociaux " , plus de pauvres mais des "exclus " .. " Il faut "dépousiérér" , sortir des " dogmes" figés " " Soyons "modernes" suivons les idées à la mode ! ... et dire qu 'il y des gens qui se prétendent communistes et qui reprennent ou presque ce genre de billevisées !...
Bah, pour la lutte de classes, peut-être que Sophie est à la F.A, allez savoir… Comme je suis Auvergnat ou Normand (au choix, ou même les deux si on veut), j’aurai tendance à dire qu’il y a du vrai et du faux dans le post de Quijote. Enfin, à mon avis.
Ce qui
me paraît faux c’est dire :
" il n’y a plus de grèves mais des mouvements sociaux ". Je crois pour ma part que la grève est un " MOMENT " du mouvement social, et que le mouvement social est lui-même une des formes que prend aujourd’hui la lutte de classes (pour traduire cela de façon dialectique, il faut considérer que la lutte de classes est le mouvement des mouvements). Faire l’impasse sur le mouvement social c’est nier la valeur des luttes quotidiennes de AC!, DAL, APEIS, Droits Devant, CSP, VAAAG et autres groupes qui s’érigent dans un champ radical contre l’esclavage moderne sous toutes ses formes (précarité, régression et répression sociale, etc.. etc..). Le fait que ces groupes n’aient pas l’étiquette " communiste " collée sur le front ne rend pas moins leur combat utile face au capitalisme, même s’il est vrai que la portée de leur action est
limitée à un champ précis. Qui plus est, la plupart des militants de ces organisations ou associations ont - par ailleurs - un engagement communiste.
Pour le reste, le vocabulaire mentionné est en effet très vicieux, en ce sens qu’il a été " inventé " par l’idéologie dominante. Une telle " invention " ne peut que
cacher une fonction précise d‘aveuglement des masses. Pour la bourgeoisie, le terme " exclus " se veut représentatif de tout ce qu’il ne faut pas être ou devenir. Il se réfère de façon implicite à la déchéance comme stade ultime de l’incapacité
individualiste à s‘intégrer dans le système et l’ordre social. Il est brandi aux travailleurs sans conscience de classe comme l’épouvantail de " l’enfer sur terre ". En outre, pour la bourgeoisie " exclusion " et " intégration " sont les deux facettes d’une même idéologie perverse. L’intégration n’est conçue que sous forme de communautarisme, d’identitaire aliéné à la culture occidentale. C’est le pétainisme larvaire de la France de Chirac, ou celui plus manifeste (mais pas différent) de Le Pen. C’est aussi celui des tricolores Chevènementistes. Pour un révolutionnaire, l’intégration se " limite " au droit de vote pour tous, à la non-discrimination sous toutes ses formes (travail, logement,..) et au partage en harmonie des cultures multiples. Mais, bon on s’écarte un peu du sujet là…
Mais le pompon du détournement pour l’aliénation revient au " citoyen " qu’on sert à toutes les sauces. Quoi de mieux en effet pour la bourgeoisie et ses
fausses contre-instances (ATTAC étant un très bon exemple en cela) que de gommer les différences de classes par un retour vicieux aux principes de leur propre révolution (1789-1792, puisque qu‘après paraît-il ce fut la " terreur "…). Quoi de plus efficace pour la bourgeoisie que de tenir bien haut la bannière " Liberté, Egalité, Fraternité " du citoyen, pour mieux appliquer aujourd’hui la devise de Vichy : " Travail, Famille, Patrie/Europe ".
Le citoyennisme vaudrait un fil de discussion à lui seul, tant il est une arme redoutable pour la bourgeoisie et le pseudo " alter-mondialisme " version socio-libérale où se cotoient sans vergogne BHL, DSK, et toute la Réaction " douce ".