De toute façon, l'objet de ce forum n'est pas de discuter valeur d'usage, mais déterminer si l'oeuvre d'art a une valeur d'échange ou non.
Jacquemart : Je ne suis pas d'accord quand tu dis (dans ton 1C) qu'il y a des marchandises qui "ne sont pas produites dans les conditions capitalistes". Le capitalisme existe depuis des siècles, le petit commerce et la petite production marchande y ont été longtemps prédominants. Le capitalisme, ce n'est pas le salariat, c'est un système économique qui ne date pas de l'ère industrielle.
Dans ton 2, du dis que tu seras "moins affirmatif" pour ensuite déclarer qu'EN AUNCUN CAS, l'oeuvre d'art ne peut être assimilée à une marchandise qui s'échange au temps de travail socialement nécessaire pour la produire

J'ai répondu à Wolf pour dire que selon moi, l'oeuvre d'art, dans une société capitaliste, ne pouvait être produite que dans les conditions de la petite production artisanale. Puisqu'il n'y a pas de machine (de capital) qui permette de produire des oeuvres d'art en série, cela implique que les artistes interviennent directement sur la matière pour produire leurs oeuvres, et qu'elles sont donc uniques. Wolf a dit très justement que le capital était un rapport social, et donc, si l'on suit tout ce raisonnement, on dira qu'il n'y a rien de social dans la production des oeuvres d'art, et qu'au moment ou elles sont mises sur le marché, elle ne peuvent avoir de valeur d'échange. La valeur d'échange étant un rapport social qui est attribuée aux choses, il est cohérent de dire que l'oeuvre d'art n'a rien de social et n'a pas de valeur d'échange.
Est-ce que j'ai bien résumé cette analyse ? Est-ce que tout le monde est bien d'accord ?
De mon point de vue, c'est une analyse de la situation qui n'est pas fausse, mais c'est seulement une façon de voir. Ce que je voudrais montrer, en (bon?) dialecticien, c'est qu'il y a une autre façon de décrire la production et l'échange des oeuvres d'art qui plaide en faveur du fait que les oeuvres d'art ont une valeur d'échange, qu'il y a quelque chose de social qui se joue dans la production et l'échange des oeuvres l'art. Si j'arrive a démontrer ça, j'aurai démontré qu'il est tout aussi faux de dire que l'oeuvre d'art n'a pas de valeur d'échange que de dire qu'elle en a une.
Pour commencer, je voudrais dire que si l'on veut avoir un raisonnement économique sur l'oeuvre d'art, il faut que ce raisonnement englobe toute la production artistique d'un moment donné, toute la production qui est échangée sur le marché entre producteurs (artistes) et consommateurs (public). C'est à dire qu'il faut considérer que la société capitaliste opère en permanence une division du travail qui sépare un (petit) groupe de producteurs d'oeuvres d'art (les artistes professionnels) qui ne vivent que des revenus de leur art, et un public qui consomme cet art en échange d'argent. Cela implique que ce qui est réputé beau mais qui n'est pas produit par des artistes professionnels (cf les tags) n'est pas de l'art. Il y a une transformation de quantité en qualité qui fait que les artistes professionnels qui dédient tout leur temps à la production artistiques produisent des choses d'une autre nature que les amateurs, le public.
Voilà donc ma définition de l'art : ce qui est produit en vue de l'échange par les artistes professionnels. Y a-t-il des objections a cette définition ?