a écrit : samedi 7 Février 2004
En Haïti, une ville-symbole aux mains des insurgés
LEMONDE.FR | 07.02.04 | 15h55 • MIS A JOUR LE 07.02.04 | 20h31
Des opposants au président Arisitide ont notamment brûlé le commissariat des Gonaïves, la quatrième ville de l'île. L'attaque a fait 11 morts. La police est intervenue samedi.
Des insurgés haïtiens ont annoncé, vendredi 7 février, s'être emparés des Gonaïves, la quatrième ville de l'île, où avait été proclamée l'indépendance en 1804. Ils ont incendié le domicile du maire et libéré des détenus de la prison.
Jeudi, ils avaient mis à sac les bureaux du délégué du gouvernement (équivalent d'un préfet) et brûlé le commissariat de la ville
L'attaque a fait 11 morts et une vingtaine de blessés, selon le responsable de la Croix-Rouge locale, Raoul Elysée : cinq policiers anti-émeutes ont été tués, ainsi que deux membres du Front et quatre habitants de la ville, a-t-il précisé. Il s'agit de l'un des affrontements les plus sanglants depuis le début de la confrontation entre partisans et adversaires du président Aristide. Cette ville de 200 000 habitants, située à 170 km au nord de Port-au-Prince, est secouée depuis le 23 septembre par des violences sporadiques, qui ont fait au total 53 morts et 119 blessés.
"ACTIONS TERRORISTES"
Les insurgés appartiennent à l'Armée cannibale, une milice qui a soutenu le président Arisitide avant de se retourner contre lui à la suite de l'assassinat de son chef, Amiot Métayer, le 22 septembre. Selon le frère de celui-ci, Buter Métayer, le président Aristide aurait lui-même commandité cet assassinat. M. Métayer, chef de file des insurgés, a déclaré à Reuters Television que son mouvement ne déposerait les armes qu'après la démission d'Aristide.
Un porte-parole des rebelles a indiqué sur la station indépendante Radio Métropole qu'ils entendaient marcher sur d'autres villes du nord de l'île, dont Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays. Selon des médias, ils ont incendié les commissariats des bourgades voisines d'Ennery et de Gros Morne. Celui d'Estère a été abandonné jeudi par les policiers.
ROUTES COUPEES
La police s'est heurtée vendredi à un tir de barrage et ses hélicoptères ont été contraints de rebrousser chemin, rapportent des journalistes sur place. "Ces types ont des armes lourdes, des armes que même la police ne possède pas", a assuré Guy Delva, secrétaire général de l'Association des journalistes haïtiens. Les rebelles ont d'ailleurs affirmé avoir été armés par la présidence haïtienne du temps où ils la soutenaient, ce que le gouvernement a formellement démenti.
Les accès d'un pont de la route reliant Port-au-Prince, Les Gonaïves et Cap-Haïtien, ont été scellés avec des barres de fer. Les communications routières sont coupées avec la partie nord du pays où le carburant n'arrive plus et où l'électricité est sévèrement rationnée.
"NOUVELLE ESCALADE"
Samedi, plusieurs unités de la police en véhicules tout-terrain sont intervenues au commissariat. Sept d'entre eux auraient été tués, selon Radio-Indépendance. Plus tôt, un chef rebelle avait annoncé la mort de deux officiers.
Des journalistes haïtiens ont indiqué que des hommes armés avaient pris le contrôle du commissariat de police de la ville de Trou du Nord, à la pointe nord du pays. Ils ont aussi fait état de maisons saccagées et de victimes parmi les partisans du président.
A Port-au-Prince, le président Jean Bertrand Aristide a déclaré, devant plusieurs milliers de partisans célébrant le troisième anniversaire de son investiture, que "les responsables seraient arrêtés et jugés selon la loi".
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a appelé les Haïtiens "à régler leurs divergences pacifiquement et par des voies constitutionnelles", en notant que la prise de contrôle des Gonaïves par des rebelles marquait une "nouvelle escalade dans la violence qui affecte le pays".
Avec AFP et Reuters
les haitiens apprecieront l'appel de koffi annan : ici les voies constitutionnelles cela veut sans doute dire "en s'en remettant a aristide". pousser a ce point l'hypocrisie, quand meme...