par Jacquemart » 17 Août 2004, 13:54
Eh bien moi, je ne suis d'accord... avec personne ! :hinhin:
Le terme d'"agent" de la bourgeoisie est bien mal venu, car - contrairement à ce que veut dire Dongfang, me semble-t-il - il sous-entend une adhésion consciente de Guevara, voire une adhésion contre rétribution, à cette bourgeoisie cubaine. Or, comme Caupo le souligne dans son langage... fleuri, Guevara n'a vraiment rien d'un politicien se vendant au plus offrant (et même à d'autres).
Toutefois, ceux qui justifient leur vision d'un Guevara révolutionnaire prolétarien en disant soit qu'il n'existe pas de bourgeoisie à Cuba, soit que cette bourgeoisie était hostile au guévarisme, se trompent de discussion.
La bourgeoisie, dans de petits pays du Tiers-Monde, est au sens étroit du terme, une mince couche sociale qui collabore avec l'impérialisme et qui souhaite en général moins que toute autre a victoire d'un mouvement nationaliste un tant soit peu radical. Et Guevara pouvait tout à fait être un nationaliste conséquent et affirmer que son combat passait par l'affrontement à cette bourgeoisie-là.
Mais la bourgeoisie ne s'arrête pas à cette mince couche sociale ; et surtout, elle ne s'arrête pas aux frontières de Cuba. Et dire que Guevara est resté dans le cadre bourgeois, qu'il n'a pas dépassé les objectifs d'un nationaliste démocratique, c'est aussi dire que sa politique ne remettait pas fondamentalement en cause l'existence de la bourgeoisie au niveau mondial, la division de la planète en Etats, etc. quand bien même il drapait cette politique dans un vocabulaire marxisant.
A ce sujet, un autre critère simple mais efficace : les révolutionnaires prolétariens, la seule fois où ils s'emparèrent d'un pays, lui ont donné un nom qui était une bannière sociale, et non nationale (U.R.S.S.). Les nationalistes bourgeois, eux, ont infailliblement (à une vieille exception près, c'est le jeu de la semaine), donné aux Etats qu'ils dirigent des noms nationaux, même s'ils l'affublent de l'adjectif "socialiste" ou "populaire". Et Cuba ne fait pas exception.
On en revient donc à ma question initiale : qui pourra trouver une seule déclaration de Guevara en faveur d'une internationale prolétarienne révolutionnaire (sachant qu'à l'impossible, nul n'est tenu) ?