a écrit :Retraites: Les syndicats restent sur leur faim
PARIS (AP) - Les organisations syndicales sont restées sur leur faim, voire témoignaient une certaine méfiance et un certain scepticisme lundi soir, après le discours du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur les retraites devant le Conseil économique et social (CES). Seule la CFDT a affiché une certaine satisfaction.
Le secrétaire général de ce syndicat, François Chérèque, a ainsi estimé que M. Raffarin "a entendu ce qu'ont dit les salariés dans la rue samedi" dernier, à l'occasion de la journée de manifestations intersyndicales pour la défense des retraites.
Pour lui, le chef du gouvernement "parle de réforme construite ensemble et il veut en faire un test du dialogue social, donc c'est une première chose qui est positive". Selon lui, il y a dans le discours de M. Raffarin "tous les ingrédients de la déclaration commune des sept syndicats (...) Maintenant, il lui reste à réussir cette réforme et c'est sur cette réforme que les Français vont le juger".
Du côté des autres organisations, le son de cloche était bien différent. "Il n'y a absolument rien de nouveau" a lancé le secrétaire général de Force ouvrière, Marc Blondel, devant les journalistes.
Le Premier ministre "a énoncé un timing. Je fais remarquer que ça se terminera au mois de juillet (...) Donc, pour ma part, je suis quelque peu sceptique parce que c'est le moment des vacances et la mobilisation n'est pas la plus facile" a-t-il estimé.
"Quant au reste", a poursuivi M. Blondel, "il nous a fait le coup classique des trois piliers" sur lesquels il faut jouer: la durée de cotisation, l'allongement de la durée de travail, le niveau des pensions. "Je veux simplement confirmer que pour FO (...) nous discuterons sérieusement sur la base de 37 ans et demi, pour garder cette base, parce que c'est la durée moyenne actuelle de travail".
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, n'a pas été plus convaincu. M. Raffarin "a ajouté beaucoup de termes montrant que les organisations syndicales (...) allaient avoir une place importante dans les discussions. L'essentiel, c'est que ce soit bien le cas. Ensuite, nous apprécierons en fonction du degré d'écoute (...) si oui ou non les pouvoirs publics auront considéré les représentants syndicaux à la hauteur où ils doivent l'être".
Quant au fond du discours, Bernard Thibault s'est dit "obligé de (le) qualifier comme ne participant pas à éclairer l'approche des pouvoirs publics au stade actuel, en tenant des propos que je considère comme contradictoires sur un certain nombre d'aspects".
Par exemple, selon lui, "dire dans le même discours que l'emploi n'est pas déterminant, tout en en faisant un des leviers sur lequel il faut agir, c'est de mon point de vue contradictoire"
"Le problème, c'est que maintenant, il faut quand même se décider à rentrer dans les détails. Parce que le calendrier que nous fixe le Premier ministre, ça impose quand même qu'on discute demain sur des problèmes sérieux et concrets", a pour sa part remarqué le président de la CGC Jean-Luc Cazettes. "On va pas se contenter jusqu'au mois de mars d'échanger des grandes idées et puis arriver avec un projet ficelé devant l'Assemblée nationale au mois de juin".
Même la CFTC, traditionnellement peu critique, n'a pas franchement apprécié: "On n'a pas entendu parler du niveau de l'emploi et l'équilibre du régime des retraites est lié à cette question-là. On n'a pas entendu parler des jeunes dans le cadre de la solidarité inter-générationnelle. On nous a dit: 'Il y a trois leviers', mais c'est toujours les mêmes", a souligné son président Jacques Voisin.
"Il nous en manque toujours un qu'on ne veut pas mettre sur la table: c'est le partage équitable des richesses dans l'entreprise. On reste sur notre faim. Il y aura matière à négociations, mais j'ai peur que les délais soient un peu courts".
Bref, le Premier ministre semble avoir raté son examen de passage devant des syndicats qui attendent désormais les premières consultations avec le ministre du Travail François Fillon avec un catalogue de questions extrêmement précises. AP
Il n'aura pas fallu longtemps pour que Chérèque applaudisse Raffarin... Il a peut-être trouver que les quelques militants CFDT présents à la manif n'étaient pas assez disciplinés...
Pour le reste pas de commentaire, quand le president de la CFTC tient des discours plus radicaux que celui de la CGT, on peut s'inquiéter un peu... :headonwall: :headonwall: