(piter @ mercredi 25 janvier 2006 à 12:47 a écrit : patlotch, pourrais.tu répondre à mes dernières questions?
Oui, je pourrais, dans une mesure limitée et simplificatrice, parce qu'un forum ne permet pas de le faire, il faut aller aux textes.
a écrit :ce serait quoi ces mesures qui supprimerait le capital sans transition et sans dictature du prolétariat ? qu'est ce que c'est plus concrètement que cette communisation ?
Ce sont des mesures, directement communistes, d'expropriation sans réappropriation, de destruction de l'Etat qui ne peut être que capitaliste (et non instance neutre au dessus des classes), d'abolition du salariat base de l'exploitation capitaliste (il n'est que ça), de la valeur, donc de la monnaie etc.
a écrit :pour ce qui est de la rupture qualitative avec le capital, avec l'ordre bourgeois, l'idée est déjà contenu dans la conception marxiste de la révolution, ne serait-ce que par le fait que c'est une conception dialectique.
C'est vrai, c'est ce qui définit la révolution, mais dans certaines conceptions de la révolution aujourd'hui, elle est produite par la démocratie jusqu'au bout, et non par une insurrection généralisée. Voir par exemple sur le FMR le syncrétisme du texte
Les tâches historiques du mouvement ouvrier, auquel j'ai répondu (Alegora).
Dans une autre approche, on a la phase de "dictature du prolétariat", je crois que c'est une référence pour LO. Cela relève de ce que
Théorie communiste appelle le "programmatisme", et dont il considère que les bases n'existent plus et ne seront pas recréées du fait de la restructuration du capital et des nouvelles caractéristiques de la lutte de classes qui vont avec. Par conséquent il ont travaillé à élaborer une autre approche de la révolution, qui correspond pour eux à l'évolution de la lutte de classes dans cette phase de restructuration du capital. C'est la communisation.
En résumé, la communisation, c'est une conception de la révolution communiste qui produit directement, dans la lutte de classes jusqu'au bout, le communisme, sur la base dès le départ d'une rupture (une "immédiateté"), et d'une transition qui ne consiste pas à instaurer la dictature du prolétariat. Sur le plan théorique, c'est l'aboutissement de la critique de l'idée que le prolétariat cherche son autonomie contre le capital alors qu'il se définit comme classe du capital.
Les questions que tout cela pose, évidemment ne sont pas minces, et personne ne peut y répondre à l'avance, mais ce qui est incontournable, c'est que la conception de la révolution et du communisme est historique, produite par les caractéristiques de la lutte de classes à une période donnée. Le mouvement ouvrier, avec le "programmatisme" et la conception de la révolution qui va avec (la dictature du prolétariat), n'a pas fait une "erreur", il a conçu ce qui était seulement concevable, comme Marx à un stade de développement du capital qui ne lui autorisait que cette projection-là dans l'avenir. Mais puisque tu parles de "dialectique", tu sais bien que tout est en mouvement... On ne mettra pas deux fois le pied dans la même révolution !