(Harpo a écrit :Non, Jaurès a défendu Dreyfus. Cest Jules Guesde qui considérait que ce n'était pas l'affaire des socialistes.
La condamnation de Dreyfus en décembre 1894 fait l'unanimité dans l'opinion.
Ce n'est qu'une banale affaire d'espionnage. Il y en avait d'ailleurs bien une.
L'espion n'était pas Dreyfus mais un officier débauché Esterhazy.
"L'Affaire" n'éclate en fait que trois ans plus tard après l'acquitement du fameux Esterhazy.
LE 13 janvier 1898 Zola publie "J'accuse".
Guesde salut cet article comme "le plus grand acte révolutionnaire du siècle". Le groupe parlementaire socialiste se borne à exiger toute la lumière et appelle le prolétariat à ne s'enroler "dans aucun des clans de cette guerre civile bourgeoise" mais à pousser "un triple cri de guerre : guerre au capital juif ou chrétien, guerre au cléricalisme, guerre à l'oligarchie militaire".
Pendant la campagne électorale de 1898 Guesde et le Parti ouvrier français sont les seuls dans leur manifeste à condamner explicitement l'antisémitisme mais leur campagne est muette sur l'Affaire.
En juillet 1898 le Conseil national du POF déclare: "les prolétaires n'ont rien à faire dans cette bataille qui n'est pas la leur...".
Lafargue critique cette politique en fait abstentionniste,"inexcusable et inexplicable(...) le Parti ouvrier (...) ne peut se désintéresser des questions politiques qui agitent le pays (...) un Parti socialiste d'action qui n'agit pas se suicide...".
Guesde avait une hantise tout à fait louable de voir au nom de la défense républicaine le prolétariat réduit à une force d'appoint de la gauche gouvernementale bourgeoise. Il le dit à Jaurès, " fallait-il coudre le prolétariat à cette queue de la bourgeoisie emprisonneuse qui avait derrière elle la bourgeoisie fusilleuse de 1871?".
Dans l'éphéméride d'aujourd'hui Rosa Luxemburg discute de tout ça avec pertinence mais de l'extérieur et après coup.
Il est de mode de taper sur Guesde.
Certes il sombra dans l'opportunisme puis la collaboration de classe et devint un pot de fleur dans le gouvernement d'Union nationale en 1914.
Mais Guesde fut avant bien autre chose. Introducteur du marxisme en France. Initiateur du premier parti politique socialiste ouvrier et de la première fédération nationale des syndicats ouviers... C'était ça son "sectarisme" reproché par les socialistes "ministérialistes" et les syndicalistes apolitiques anars et réformards.