(titi @ samedi 29 mars 2008 à 16:18 a écrit : la phrase clé des différents articles me parait celle-là :
a écrit :Plus l'Etat chinois laissera pénétrer le capital étranger, plus il creusera les inégalités et plus la Chine s'enfoncera à nouveau dans le sous-développement.
la Chine a évidemment développé son économie, mais c'est l'ouverture aux capitaux étrangers qui la fera replonger dans la crise la plus brutale qui soit.
Ceci dit, pour s'enrichir vite, les autorités chinoises sont pretes à prendre ce risque.
Prêtes à toucher les pots de vin (oops pardon, les commissions sur les profits des capitaux étrangers), à etre les gardes chiourmes du prolétariat chinois.
C'est justement un aspect du débat, Titi !
Que les capitalistes chinois soient prets à prendre des risques - et surtout à en faire prendre aux exploités - pour s'enrichir, ce n'est pas une caractéristique spécifique de la Chine. Quant aux risques de crise, tu conviendras aussi qu'ils ne concernent pas que la Chine. Pour le moment, les Etats-unis sont d'ailleurs davantage frappés que la Chine.
Dans les deux lignes que tu cites, il y a une affirmation juste :
- "plus il creusera les inégalités". Les inégalités se sont en effet creusées de façon considérable.
Et une affirmation fausse :
-"plus la Chine s'enfoncera à nouveau dans le sous-développement". Toute la théorie sous-jacente de LO selon laquelle la Chine ne peut pas "vraiment" se développer est contenue dans cette phrase. Pourtant, on ne voit pas pourquoi l'afflux de capitaux étrangers engendrerait le sous-développement. :33: Pour le moment, aucun des pays où se sont massivement investis des capitaux étrangers n'est retombé dans le sous-développement. La Corée en fournit un bon exemple.
Mais, ton commentaire - et cette citation de LO - laissent entendre que la classe capitaliste chinoise serait seulement une bourgeoisie "compradore", c'est à dire une bourgeoisie de second rang vivant des miettes que veulent bien lui laisser les multinationales impérialistes. (C'est ce qu'on peut comprendre par "garde-chiourme du prolétariat chinois. Tu corrigeras si ce n'est pas ce que tu veux dire.)
Alors, c'est vrai en partie. Car une bonne part de la plus value produite par les prolétaires chinois est finalement récupérée par les entreprises étrangères qui produisent sur place ou sous-traitent, et aussi par les distributeurs (de jouets, de textile, d'informatique etc).
Mais ce n'est vrai qu'en partie. Car, ce qui distingue justement l'Etat chinois, c'est qu'il utilise une partie importante de ces (grosses) miettes pour investir dans la recherche, former des ingénieurs, techniciens, cadres, et aussi investir dans des entreprises modernes qu'il contrôle etc. C'est à dire pour prévoir l'avenir, assurer l'indépendance technologique de la Chine, renforcer sa compétitivité pour être de moins un simple atelier de main d'oeuvre à bas prix. C'est ce qui distingue l'Etat chinois, disons de Bongo au Gabon, qui n'est que l'homme de paille des pétroliers français, ou du roi du Maroc. Les dimensions de la Chine et ses immenses richesses, sa population etc rendent cette politique possible. Alors que toute tentative de Bongo de développer son pays serait vouée à l'échec. (Et ce n'est certes pas son problème...)
La bourgeoisie chinoise et son Etat ne sont donc pas à la botte de l'impérialisme et ils ont les moyens de faire de la Chine une grande puissance, et de la bourgeoisie chinoise une fraction à part entière de la bourgeoisie mondiale.
On peut remarquer un phénomène du même ordre en Russie. Après l'effondrement de l'URSS, sous Eltsine, une bourgeoisie compradore est apparue. Sa principale préoccupation était de vendre tout ce qu'elle pouvait vendre, à n'importe quel prix, et de placer le fric en Suisse ou sur la Côte d'Azur. L'Etat russe, sous la houlette de Poutine, a fini par intervenir et limiter les dégats dans l'intéret général de la bourgeoisie russe. Les simples pillards sans foi ni loi ont du céder du terrain.
Donc, en Chine comme en Russie, si les classe privilégiés et l'Etat à leur service sont loin de planifier l'économie, elles la controlent tout de meme suffisamment pour éviter de tomber sous la coupe des grandes puissances.
Et, pour le moment, cette politique réussit bien à la Chine qui est en bonne voie pour devenir une grande puissance mondiale sur le plan économique, militaire et par conséquent politique.