Manifestation de salariés de l'automobile

Message par com_71 » 06 Nov 2008, 17:55

(Vérié @ jeudi 6 novembre 2008 à 17:43 a écrit : d'ailleurs LO avait publié un "programme chiffré"

Qu'est-ce que ça a à voir ?
Non, parler de "branche de la Sécu" c'est finalement payer (bien ou mal ?) les licenciements, pas vraiment les interdire, et ça a l'immense avantage de pouvoir peut-être faire baver d'envie les dirigeants syndicaux, qui y verront un fromage à gérer...
Du temps du PSU ils appelaient ça des "réformes de structure". Les révolutionnaires écoutaient ces développements avec une certaine ironie. Sauf ceux qui essayaient de jouer sur les deux tableaux (cf. le journal La Gauche belge) dans un curieux dédoublement de personnalité. La maladie n'a pas encore été éradiquée et certains sont visiblement en fin de période d'incubation.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 06 Nov 2008, 18:11

(com_71 @ jeudi 6 novembre 2008 à 18:55 a écrit :
(Vérié @ jeudi 6 novembre 2008 à 17:43 a écrit : d'ailleurs LO avait publié un "programme chiffré"

Qu'est-ce que ça a à voir ?
Non, parler de "branche de la Sécu" c'est finalement payer (bien ou mal ?) les licenciements, pas vraiment les interdire, et ça a l'immense avantage de pouvoir peut-être faire baver d'envie les dirigeants syndicaux, qui y verront un fromage à gérer...

Ce que ça a à voir, c'est tout de même qu'il s'agit de propositions se voulant "réalistes", dans le cadre du système. Il y a une parenté entre les deux, même si l'attribution de lignes du budget (programme chiffré LO), ce n'est pas tout à fait la même chose que le financement d'emplois par une branche de la Sécu ou leur garantie ( :33: ), ce qui est en effet un peu bizarre. Mais il me semble que c'est faire un procès d'intention à Besancenot de le soupçonner de vouloir appater les bureaucraties syndicales. Tu remarqueras qu'il revendique aussi "l'interdiction" des licenciements, mais a essayé d'apporter des précisions techniques permettant de montrer comment ça pourrait se passer concrètement - ce qui est évidemment discutable.

Cela ne change rien au fond du problème qui est : quelles sont les limites des revendications "réalistes", techniques de ce genre ? Il semble clair que, plus on a d'influence médiatique et électorale, plus la pression est forte pour préciser des programmes "crédibles" et "réalistes"... Ce fut le cas pour Arlette, c'est le cas pour Besancenot. Je n'en tire naturellement pas pour conclusion qu'il ne faut ni se présenter aux élections ni utiliser les médias, mais que ces questions-là doivent être très réfléchies et traitées avec prudence.
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Message par pelon » 06 Nov 2008, 18:18

(Vérié @ jeudi 6 novembre 2008 à 16:43 a écrit :
(Ottokar @ jeudi  6 novembre 2008 à 14:46 a écrit : Pour le moins bizarre et inhabituel. Je ne sais pas si c'est pour "faire réaliste"... ?

Ces précisions semblent en effet inhabituelles et un peu bizarres. Mais la revendication d'"interdiction des licenciements", quoi que juste évidemment, est elle-même un peu équivoque dans la mesure où il s'agit d'une revendication adressée à l'Etat. Soit ont dit : "Qu'ils se débrouillent comme ils veulent pour conserver les emplois, ce n'est pas notre affaire." Soit on entre dans des précisions de ce genre.
Mais la revendication appelle inévitablement la question : comment voulez-vous financer ces emplois ? Si l'entreprise gagne de l'argent, on peut le prendre aux actionnaires oiu exiger que l'entreprise se contente de profits plus modestes. Mais
si l'entreprise perd de l'argent, qui va financer ? ça ne peut être que l'Etat ou l'ensemble des patrons au travers d'un impot sur les patrons...

Donc, à partir du moment où on rentre dans ce genre de considérations, on est plus ou moins obligés d'apporter une réponse "réaliste", d'ailleurs LO avait publié un "programme chiffré" qui se voulait lui aussi réaliste.

Il n'y a évidemment qu'un pas pour tomber dans la "gestion alternative", "sociale" etc du système. Sauf si l'on considère cette interdiction comme un mot d'ordre aboutissant à une mobilisation telle que les travailleurs s'empareraient des entreprises concernées, ce qui déboucherait sur une situation révolutionnaire.


On rejoint la question de l'expropriation des banques et de leur fusion en un seul établissement par un pouvoir ouvrier ou au moins dans le cadre d'une mobilisation et d'un controle débouchant sur ce pouvoir, ou de la nationalisation fusion dans un "pole bancaire public", revendications plus "réaliste" dans le cadre de l'Etat bourgeois.

Le problème n'est pas simple à régler dans une situation qui n'est pas du tout pour le moment "pré-révolutionnaire". Mais il ne me semble pas que LO ait vraiment été toujours plus claire que la LCR sur ce terrain. Sauf sans doute dernièrement à l'occasion de la crise financière et de la propagande pour l'expropriation des banques.

Dans cet édito, par exemple, il est bien clair que c'est l'action des travailleurs qui pourra imposer ces mesures transitoires que sont l'interdiction des licenciements, la répartition du travail sans perte de salaire ou l'échelle mobile des salaires :

a écrit :
....


C'est un système économique qui gaspille les capacités productives de la société, un système aussi fou qu'injuste qui s'étouffe dans sa propre graisse et qui ne peut pas être amélioré. Le seul programme qui offre une perspective de salut pour les classes populaires est la destruction du système capitaliste par la suppression de la propriété privée des entreprises, grandes et moyennes, par la disparition de la concurrence et de la recherche du profit privé.

Le Parti Socialiste comme le Parti Communiste ont, depuis très longtemps, abandonné cette perspective qui était la leur à leurs origines, pour se mettre au service des capitalistes. Mais elle reste cependant la seule valable pour le mouvement ouvrier. L'objectif qui devrait s'imposer dans l'immédiat pour toutes les organisations politiques ou syndicales qui se revendiquent de la classe ouvrière est de refuser que la classe capitaliste fasse payer la crise aux travailleurs. La seule classe productive de cette société, celle qui fait tout, n'a pas à payer pour les soubresauts d'une économie bâtie sur son exploitation.

Il est vital de s'opposer à toute aggravation du chômage en interdisant les licenciements et en imposant la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire. Il est vital de préserver le pouvoir d'achat des salaires en imposant leur indexation automatique et immédiate sur les prix. Et ces deux objectifs vitaux exigent que les travailleurs imposent leur contrôle sur les entreprises, leurs finances, leurs décisions, comme sur l'ensemble de l'économie.


Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 8 septembre


Dans la brochure d'une vingtaine de pages que nous donnons à de nombreuses personnes dans nos caravanes, nous martelons que ces mesures ne pourront être qu'imposées par les travailleurs et les classes populaires. Nous ne disons pas "il faudrait" qui laisserait entendre qu'il suffit d'attendre une bonne loi mais :


a écrit :C'est la rapacité des patrons eux-mêmes, c'est la servilité du gouvernement, avec ses mesures antipopulaires, qui font qu'une explosion sociale est inévitable. 
Les travailleurs n'accepterons pas indéfiniment d'être poussés vers la misère pour qu'augmentent les profits. Et les mensonges ministériels parviennent de moins en moins à dissimuler l'aggravation des inégalités entre une minorité de riches qui ne savent que faire de leur argent et la majorité de la population travailleuse qui a de plus en plus de mal à survivre.
Mais s'il y a une explosion de manifestations remplissant les rues partout et réunissant les salariés de toutes les branches, et des grèves interprofessionnelles se généralisant en une seule grève générale, alors, il sera possible d'imposer au patronat et au gouvernement nos revendications vitales.
Deux maux principaux minent le monde du travail et toute la société. Contre le premier de ces maux, le chômage, il faut imposer l'interdiction des licenciements collectifs et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire. Contre le second, la diminution du pouvoir d'achat, il faut imposer l'indexation automatique et immédiate des salaires et des pensions sur l'inflation.


pelon
 
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Message par Vérié » 06 Nov 2008, 18:44

(pelon @ jeudi 6 novembre 2008 à 19:18 a écrit : Dans la brochure d'une vingtaine de pages que nous donnons à de nombreuses personnes dans nos caravanes, nous martelons que ces mesures ne pourront être qu'imposées par les travailleurs et les classes populaires. Nous ne disons pas "il faudrait" qui laisserait entendre qu'il suffit d'attendre une bonne loi (...)


Oui, je suis OK là-dessus et je l'ai déjà écrit. C'est par le passé que la politique de LO n'a pas toujours été aussi claire.
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Message par pelon » 06 Nov 2008, 20:19

(Vérié @ jeudi 6 novembre 2008 à 18:44 a écrit :
(pelon @ jeudi  6 novembre 2008 à 19:18 a écrit : Dans la brochure d'une vingtaine de pages que nous donnons à de nombreuses personnes dans nos caravanes, nous martelons que ces mesures ne pourront être qu'imposées par les travailleurs et les classes populaires. Nous ne disons pas "il faudrait" qui laisserait entendre qu'il suffit d'attendre une bonne loi (...)


Oui, je suis OK là-dessus et je l'ai déjà écrit. C'est par le passé que la politique de LO n'a pas toujours été aussi claire.

Je ne sais pas à quoi tu fais allusion. Suivant le contexte on dit rapidement ou on explique dans le détail. On n'a peut-être pas toujours précisé que les mesures transitoires ne pouvaient être obtenus que par la lutte mais je ne connais pas de période (électorale ou pas) où nous ne l'ayions jamais dit. En tout cas, quand il a fallu mettre les points sur les i, nous avons toujours été très clairs.
De plus nous parlons d'aujourd'hui. Ottokar fait une remarque sur l'expression de la Ligue et tu nous réponds qu'elle n'a pas plus tort que LO dans le passé. Voudrais-tu dire, en style subliminal que si LO a moins tort qu'il y a quelques années et que la LCR a aussi tort que LO dans le passé et donc plus tort que LO aujourd'hui ? :hinhin:
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Message par Vérié » 06 Nov 2008, 20:32

(pelon @ jeudi 6 novembre 2008 à 21:19 a écrit : [Voudrais-tu dire, en style subliminal que si LO a moins tort qu'il y a quelques années et que la LCR a aussi tort que LO dans le passé et donc plus tort que LO aujourd'hui ? :hinhin:

Il n'y a rien de subliminal : à mon sens, "le programme électoral chiffré" de LO appartient au même régistre "réaliste" et équivoque.

Mais, OK, si on se limite à AUJOURD'HUI, le discours de LO, en particulier sur la crise financière, est beaucoup plus clair et conforme à une conception marxiste révolutionnaire que celui de la LCR. (Bis)

Je croyais m'être exprimé clairement. Et sans aucun sous-entendu, ni arrière-pensée etc.
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Message par pelon » 06 Nov 2008, 20:38

(Vérié @ jeudi 6 novembre 2008 à 20:32 a écrit :
(pelon @ jeudi 6 novembre 2008 à 21:19 a écrit : [Voudrais-tu dire, en style subliminal que si LO a moins tort qu'il y a quelques années et que la LCR a aussi tort que LO dans le passé et donc plus tort que LO aujourd'hui ?  :hinhin:

Il n'y a rien de subliminal : à mon sens, "le programme électoral chiffré" de LO appartient au même régistre "réaliste" et équivoque.

Mais, OK, si on se limite à AUJOURD'HUI, le discours de LO, en particulier sur la crise financière, est beaucoup plus clair et conforme à une conception marxiste révolutionnaire que celui de la LCR. (Bis)

Je croyais m'être exprimé clairement. Et sans aucun sous-entendu, ni arrière-pensée etc.

Si tu l'as dit, en tout cas pas dans le post auquel je réponds, j'en prends acte. Je ne lis pas tout...ce qui est un tort.
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Message par com_71 » 06 Nov 2008, 21:23

(Vérié @ jeudi 6 novembre 2008 à 21:32 a écrit : à mon sens, "le programme électoral chiffré" de LO appartient au même registre "réaliste" et équivoque.

Ci-dessous, la page de présentation du programme chiffré dont Vérié parle (les passages soulignés ne l'étaient pas dans l'original) :

a écrit :Beaucoup de journalistes n’ont pas manqué d’ironiser ou au moins d’insister sur le fait que, à leur avis bien sûr, depuis que je me présente à ces élections, je dis toujours la même chose et que ceux qui m’écoutent entendent aujourd’hui le même discours qu’ils auraient entendu en 2002 ou en 1995, pour ne pas remonter plus loin.

S’ils n’ont pas tout à fait tort, c’est évidemment qu’en dénonçant la situation qui est faite aux plus pauvres, et pas seulement, je ne peux que répéter les mêmes choses, puisque rien n’a changé en trente ans, sauf en pire. Chaque gouvernement, qu’il soit de gauche ou de droite, n’a fait que faire descendre une marche ou tout un étage au niveau de vie et aux conditions de travail des salariés.

Par contre, ce que les journalistes ne disent pas volontiers ou trop peu, c’est que j’ai toujours posé des objectifs pour les travailleurs, des revendications vitales pour au moins enrayer la descente vers la pauvreté de tous ceux qui vivent et travaillent sans exploiter le travail des autres. J’ai même exposé, en 1995, ce que j’ai appelé un « programme d’urgence » pour les travailleurs, qui contenait des revendications qui sont encore plus urgentes aujourd’hui.

Je disais alors qu’on ne pouvait compter ni sur la droite, ouvertement au service du grand patronat, ni sur la gauche, hypocritement servile envers lui.
La première est aux ordres de la grande bourgeoisie, la seconde ne veut pas l’affronter.

Pour appliquer le « plan d’urgence » de 1995, il aurait fallu un puissant mouvement social susceptible de faire peur au patronat et de le faire reculer. Un tel mouvement n’a pas eu lieu. Mais un jour ou l’autre, la colère populaire éclatera et accouchera d’un tel mouvement revendicatif. C’est afin qu’il ne se trompe pas d’objectif, quand il se produira, et ne prenne pas l’accessoire pour l’essentiel, que j’expose ce programme qui n’a rien de révolutionnaire en ce sens qu’il ne prévoit ni l’expropriation du capital, ni la transformation de la propriété privée de l’ensemble des grandes entreprises en propriété collective, en propriété d’Etat.

Cependant, au lieu de privilégier les intérêts de la classe capitaliste, ce programme rétablit, un peu, l’équilibre entre celle-ci et les travailleurs, la classe des producteurs de valeur, en prenant une partie des privilèges économiques des propriétaires de capitaux pour améliorer le sort des classes populaires. Je n’ai pas la prétention d’être élue et c’est pourquoi ce qui suit n’est pas mon programme de gouvernement, mais ce qui devrait être, au-delà des mots creux ou démagogiques chers à  Ségolène Royal comme « la justice vraie » ou « l’ordre juste », le programme d’une présidence représentant réellement la population et capable de s’attaquer  immédiatement et efficacement à la crise du logement, au chômage massif et à la  dégradation passée, présente et à venir du niveau de vie de la plus grande partie de la population.

Le financement de ces mesures reposerait, comme je le montre, sur une augmentation des impôts, mais une augmentation sélective qui ne toucherait que les revenus très élevés et les bénéfices des sociétés, en particulier de celles du CAC 40 et d’ailleurs de façon modérée par rapport à l’ampleur de leurs profits. Il ne s’agit
même pas d’un partage des richesses, il s’agit seulement que tout le monde participe à l’effort nécessaire pour compenser les inégalités les plus criantes.
Je ne discute pas de ce que devraient faire Nicolas Sarkozy, François Bayrou ou Le Pen car ils ne prétendent même pas améliorer le niveau de vie des classes  populaires.
Ce que j’expose donc ici, c’est ce que devraient être les premières mesures d’une présidence et d’un gouvernement vraiment socialistes.

Arlette LAGUILLER
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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