(Sud Ouest.com a écrit :BORDEAUX.
Les salariés de l'usine blanquefortaise en tête, hier, d'une manif pour l'emploi
Les « Ford » prudents face au scénario Johann Hay
Dix heures, hier, quelques centaines de personnes sont massées place de la République; elles occupent un tiers de l'esplanade, pas plus. Sans doute l'effet du samedi matin, l'ami de la grasse matinée : il va falloir attendre avant d'entamer le défilé et finalement, quand il prend son départ pour remonter le cours d'Albret, peu avant 11 heures, le cortège compte près d'un millier d'individus.
Ils sont venus sonner la « Mobilisation générale pour la défense de l'emploi », sur l'impulsion de la CGT-Ford rejointe, dans son appel, par de nombreux mouvements dont les banderoles se succèdent au rythme tranquille de la marche : CGT, SUD, Attac, AC !, FSU, PCF, PS, Verts, Nouveau Parti Anticapitaliste, Lutte ouvrière...
Rassemblés en tête de manif, les salariés de Ford commentent largement, entre deux slogans, l'information révélée hier matin dans nos colonnes : le groupe allemand Johann Hay, spécialisé dans l'usinage de pièces automobiles, s'apprête à racheter l'usine blanquefortaise ; cette reprise pourrait sauver les 1 500 emplois en jeu.
« Gare aux conditions »
Une bonne nouvelle que les salariés de Ford, échaudés, accueillent avec scepticisme, d'autant que l'info n'est pas encore officielle. « Pour l'instant, la direction ne nous a rien dit. Il y avait un comité d'entreprise hier vendredi et le nom de Johann Hay n'a pas été prononcé »? note Thierry Jeans, de la CGT.
Son camarade Philippe Poutou, secrétaire adjoint du syndicat chez Ford, ajoute : « L'hypothèse Johann Hay était, jusqu'ici, une rumeur... De toute façon, connaître le nom du repreneur c'est bien, mais il nous faut des clarifications sur trois points : le maintien du nombre d'emplois, la préservation du site et la sauvegarde de nos conditions de travail. On ne veut pas trinquer dans l'histoire ! »
Présent parmi les manifestants, Vincent Feltesse, président (PS) de la CUB et maire de Blanquefort, aborde lui aussi cette possible sotie de crise avec des pincettes : « Plusieurs clignotants sont au vert, mais des événements récents et la conjoncture m' incitent à la prudence. »
La tension ne devrait pas faiblir jusqu'à l'officialisation de ce rachat, prévue le mois prochain. D'ici là, il y a Noël et le retour à l'usine, début janvier, après dix semaines de chômage partiel. « On ne sait pas dans quel état physique et moral nous allons tous nous retrouver. Nous sommes un noyau dur de 200 personnes à rester en lien, notamment via le Net ou les actions syndicales, mais les autres, nous ne savons pas comment ils vont » confie Philippe Poutou.