Autrement dit cela donne quelque chose comme ça:
Notre santé vaut mieux que leurs profits
Après avoir cassé le système des retraites pour le livrer aux financiers des fonds de pensions, le gouvernement s’apprête à dépecer la Sécurité sociale pour l’offrir aux assurances privées (projet de “réforme” de la Sécu) et à disloquer l’Hôpital public pour en donner les parties les plus rentables au secteur privé (“Plan Hôpital 2007”). Ces deux projets sont un véritable hold-up qui menace tout notre système de santé et ouvre la porte à un véritable désastre sanitaire constituant un recul de civilisation sans précédent. Il s’inscrit dans un vaste mouvement qui vise à livrer tous les Services Publics à la rapacité des entreprises privées et de leurs actionnaires avides de profits juteux, et à supprimer tous les acquis sociaux, considérés comme des charges insupportables aux entreprises.
Prenant prétexte d’un déficit cumulé pronostiqué de 15 milliards d’euros pour 2004 (le fameux “trou abyssal”), le gouvernement Chirac Raffarin Sarkozy et son maître, le MEDEF, projette une réduction drastique du remboursement des soins, une diminution importante des cotisations sociales des employeurs et l’expulsion définitive des représentants des salariés de la gestion des caisses de la Sécu. Le but est d’accroître le rôle des assurances privées dans le domaine de la santé. Des soins ne seraient plus remboursés et ainsi resteraient accessibles aux seuls malades assez aisés pour s’offrir des assurances performantes. Les plus pauvres devront se contenter de soins au rabais.
Cependant, il ne faut pas chercher longtemps pour comprendre que ce “trou” n’est pas une fatalité due à l’augmentation des dépenses de santé. En effet, c’est en baissant continuellement les cotisations sociales patronales depuis 20 ans, en en exonérant de nombreuses entreprises, en bloquant la hausse des salaires et en menant une politique économique qui crée la chômage mais augmente les revenu financiers que se sont vidées les caisses de la Sécu. Ce trou est une escroquerie qui, au-delà de servir les profits des entreprises, justifie aujourd’hui la politique néo-libérale de marchandisation de la santé.
Plus largement, c’est tout notre système de santé qui part à la dérive, victime des restrictions budgétaires imposées par les gouvernements successifs.
Le 20 avril dernier, 286 médecins hospitaliers ont lancé un appel. « Nos hôpitaux [...] sont en train d’être disloqués. Notre système de soins [...] est en train d’être détruit » s’insurgent-ils. En effet, en 20 ans, 150 000 lits d’hôpital ont été supprimés. Des maternités, des hôpitaux ont été fermés, le personnel hospitalier a été réduit, des économies sur tout (médicaments, soins, matériels, durée d’hospitalisation...) ont été imposés. Le résultat d’une telle politique s’est traduit par les 15 000 morts de l’été dernier. Ce désastre humain présage de l’avenir de notre système de santé. Malheur aux pauvres qui n’auront droit pour se soigner qu’à la charité publique !
Pour nous, il n’y a pas de fatalité. Il est possible de financer un système de santé qui fasse du respect de la vie et de l’être humain un principe intangible. Pour cela il faut :
Augmenter le taux des cotisations patronales (qui sont en réalité un salaire socialisé) au minimum au taux d’il y a 20 ans et supprimer les exonérations (des dizaines de milliards d’euros à la clé).
Augmenter massivement les bas salaires (ce qui permettra d’augmenter le volume des cotisations sociales).
Éradiquer le chômage par la diminution du temps de travail (ce qui engendrera plusieurs millions de cotisants supplémentaires). La mise en place de telles revendications permettra, en ponctionnant les profits des actionnaires, de mettre en place un système de santé gratuit pour tous. Et au-delà nous devons exiger que se soient les salariés qui gèrent eux-mêmes la Sécurité sociale, car c’est par leur travail qu’ils la financent. Seule la mobilisation de tous et une politique 100% à gauche, en France comme en Europe, nous permettra de remettre en place un système solidaire et public de santé.
Les chiffres qui démasquent la supercherie du “trou abyssal”.
1) La part des salaires et des cotisations sociales a baissé de 10% dans le revenu national (PIB, richesse nationale produite chaque année) en 20 ans au profit du capital. Cela signifie que si les taux d’il y a 20 ans étaient appliqués 150 milliards d’euros en plus seraient allés aux salaires et aux cotisations en 2003 (le PIB 2003 était d’environ 1 500 milliards d’euros).
2) La Sécu est lésée par l’État. Selon la Cour des Comptes, 16 milliards d’euros collectés pour la Sécurité sociale ne lui sont pas versés : 2,7 milliards au titre des taxes sur l’alcool ; 8 milliards au titre des taxes sur le tabac ; 3 milliards de taxes sur l’automobile ; 2,4 milliards d’exonérations de cotisations sociales des entreprises non compensées. Ce sont donc 16 milliards qui sont volés à la Sécu.
3) Le chômage coûte cher à la Sécu : 100 000 chômeurs de plus représentent 1 milliard d’euros en moins pour la Sécu. Ceci explique que la timide amélioration de la situation de l’emploi en 1999 et 2000 ait alors entraîné la disparition du déficit de la Sécu.
Et à côté de ces chiffres et de l’accélération des projets de loi et des décrets que le gouvernement nous assène, le PS et les Verts ne cessent de nous expliquer que la crise de la santé est liée à une mauvaise gestion et à une consommation de soins débridée, encouragée par les soignants et que tout irait mieux si les patients étaient responsabilisés. Le PC n’enfourche pas ces discours, bien qu’il ne les critique pas, ne voulant pas désavouer ses alliés ! La moralisation sert au PS de cache misère et lui permet de ne pas affronter les projets de la droite.
La LCR participe à toutes les initiatives unitaires qui peuvent permettre la mobilisation de toutes et tous ceux qui veulent défendre la Sécu et en particulier au collectif vitriot